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Mort de Charles Pasqua : de droite à gauche, des réactions contrastées

L'ancien ministre de l'Intérieur, gaulliste historique, est mort lundi, à l'âge de 88 ans. Les hommages de sa famille politique se sont multipliés. Certains à gauche soulignent en revanche le personnage controversé.

Article rédigé par franceinfo
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L'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, le 15 avril 2015, à Paris. (PATRICK KOVARIK / AFP)

Les hommages sont à l'image de l'homme, contrastés. Pilier de la famille gaulliste, personnage fort en gueule, parrain politique de Jacques Chirac, avec lequel il avait fini par rompre, et ancien premier flic de France à la réputation sulfureuse et aux démêlés judiciaires nombreux, Charles Pasqua est mort, lundi 29 juin, à l'âge de 88 ans des suites d'un accident cardiaque.

Après l'annonce de sa disparition, la droite, sa famille politique, fait part de son émotion et rend hommage à un homme qui a marqué son histoire. A gauche, les réactions sont moins unanimes. Manuel Valls évoque ainsi "une voix originale et parfois controversée". Ecologistes et communistes rappellent des souvenirs plus sombres de la carrière politique de Charles Pasqua.

La droite rend hommage à "un homme d'Etat" 

"La France perd l'un de ses plus grands serviteurs", a réagi Nicolas Sarkozy, qui fut ministre du Budget du gouvernement Balladur de 1993 à 1995, quand Charles Pasqua était ministre de l'Intérieur. L'ancien président de la République, qui lui a soufflé en 1983 la mairie de Neuilly, fait part de sa " très grande tristesse et [sa] très vive émotion ", saluant un "gaulliste, homme d’engagement et de conviction, qui aura marqué de son empreinte la vie politique et publique de la Ve République"

Le mot gaullisme lui allait comme une évidence, car Charles Pasqua n’était pas homme à transiger sur ses convictions notamment sur la construction européenne. Homme de combat, il s’était engagé lors du référendum du traité de Maastricht aux côtés de Philippe Séguin contre son adoption.

Nicolas Sarkozy

 

"Nous avons, aux côtés de Jacques Chirac, mené bien des combats ensemble. Puis nos routes ont divergé. Mais sa personnalité m'impressionnait", a réagi sur Twitter le maire de Bordeaux, Alain Juppé. François Fillon rend hommage à "une figure du gaullisme, un compagnon de la France toujours libre, la France populaire et fière de son drapeau et de ses valeurs. Charles Pasqua incarnait l'autorité de la République à une époque où il était de bon ton de moquer la loi". "Il incarnait la souveraineté nationale en un temps où il était à la mode de célébrer la mondialisation 'heureuse'", ajoute l'ancien Premier ministre.

"Son passage au ministère de l'Intérieur a marqué les esprits. Sa fermeté envers les terroristes, sa proximité et son respect pour les forces de l'ordre, son langage de vérité, lui ont valu la réputation d'un homme d'Etat déterminé et courageux", estime Eric Ciotti, député des Républicains et président du conseil départemental des Alpes-Maritimes. L'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux salue un représentant de la "droite patriotique, qui avait une forte idée de la Nation et était attaché à la souveraineté nationale". 

A gauche, entre sobriété et controverse

L'actuel ministre de l'Intérieur, Benard Cazeneuve, rend un hommage sobre à Charles Pasqua. Il salue sa "mémoire", dans un bref communiqué rappelant que sa carrière politique "fut notamment marquée par deux passages" place Beauvau. Lui aussi passé par la place Beauvau, Manuel Valls lui rend hommage sur son compte Twitter.

François Hollande "salue la mémoire d'un gaulliste""Dans des conditions difficiles et éprouvantes", Charles Pasqua "a animé de toute sa personnalité la vie politique française", souligne le chef de l'Etat, qui "adresse à sa famille et ses proches ses sincères condoléances". Ancien député socialiste frondeur et ancien président du conseil général de l'Essonne, Jerôme Guedj, se souvient de ses combats contre l'ex-ministre. 

Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts, rappelle que le nom de Charles Pasqua est aussi associé à la mort, en 1986, d'un jeune homme d'origine marocaine, Malik Oussekine, décédé sous les coups de la police pendant une manifestation étudiante à Paris alors qu'il était ministre de l'Intérieur. Même souvenir pour Ian Brossat, adjoint PCF de la maire de Paris. 

Jean-Luc Mélenchon a lui aussi salué la mémoire de l'ancien ministre RPR. Non sans rappeler l'affaire Malik Oussekine. "Dans ma génération, son souvenir est surchargé par la mort de Malik Oussekine. Et par l'enfer qu'il a créé pour les gens qui sont comme moi nés en Afrique du Nord puisque nous sommes des suspects chaque fois qu'on change de papiers d'identité", explique l'eurodéputé du Parti de gauche sur France Info

C'était un républicain qui n'avait pas peur. Je le croise une fois dans un couloir et je lui dis : 'Mais dis donc Charles, c'est toi qui as expulsé 43 diplomates américains ?' Il me répond : 'Non, c'est pas moi'. Alors on passe et je me retourne et je dis : 'Mais si c'est toi, je m'en souviens très bien'. Il me dit : 'Non, moi j'ai expulsé 43 espions américains !'

Jean-Luc Mélenchon 

Un "grand patriote" salué au FN

Une fois n'est pas coutume, Charles Pasqua permet à Florian Philippot d'être à l'unisson avec Jean-Marie Le Pen. Le numéro 2 du FN fait part de sa "tristesse", rendant hommage à "un grand partiote". De son côté, Jean-Marie Le Pen a commenté sur BFMTV : "Nous n’étions pas du même camp mais nous avions de l’estime l’un pour l’autre. C’était un patriote, un combattant national eurosceptique." L'ancien président d'honneur du FN indique avoir entretenu avec Charles Pasqua des "rapports courtois".

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