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Jean-Christophe Picard, président d'Anticor : "24 heures, cela permet de détecter des Thévenoud mais pas des Cahuzac"

L'annonce du gouvernement a officiellement été reportée de 24 heures afin de laisser le temps à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique de vérifier la situation fiscale des futurs ministres. Un délai insuffisant pour l'association de lutte contre la corruption Anticor. 

Article rédigé par franceinfo
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Le Palais de l'Elysée à Paris, le 14 mai 2017. (ERIC FEFERBERG / AFP)

L'annonce de la composition du gouvernement, initialement prévue hier mardi, a été reportée à ce mercredi 17 mai à 15h. Officiellement, il s'agit d'étudier la situation fiscale des ministres pressentis et de vérifier l'absence de conflit d'intérêts qui pourrait entacher leur future mission gouvernementale.

Pour Jean-Christophe Picard, président d’Anticor, invité mercredi de franceinfo, "on peut faire crédit d'une certaine forme de sincérité" de la part du Premier ministre et du chef de l'État mais "24 heures ça permet de détecter des Thévenoud mais pas de détecter des Cahuzac", a-t-il assuré.

"Clairement, si quelqu'un a des comptes cachés quelque part, on ne va pas envoyer des enquêteurs aux Bahamas pour enquêter, mais on peut au moins vérifier les éléments essentiels, comme la situation fiscale", a-t-il expliqué.

Edouard Philippe n'est "pas le bon élève"

Médiapart a révélé que le nouveau Premier ministre Edouard Philippe avait reçu un blâme de la part de Haute Autorité pour la transparence de la vie publique au sujet de sa déclaration de patrimoine de 2014.

"Cela nous inquiète", a réagi Jean-Christophe Picard. Le Premier ministre "a voté non seulement contre les lois sur la transparence, mais il a aussi voté contre la loi sur le non cumul. Il a rempli avec une certaine mauvaise volonté sa propre déclaration (...) Ce n'est pas le bon élève. On ne sait jamais, il sera peut être frappé d'un certain zèle, le zèle des convertis. Il fait peut-être un peu de zèle pour compenser le fait qu'il n'a pas été un obsédé de la transparence jusqu'à maintenant", a-t-il analysé.

Le président d'Anticor juge le projet de loi sur la moralisation d'Emmanuel Macron "intéressant", mais "encore assez flou dans sa volonté de lutter contre la fraude fiscale". "Il y aurait beaucoup à faire sur la suppression des privilèges : la Cour de justice de la République, le fait que les politiques sont jugés par d'autres politiques, le financement de la vie politique, la réserve parlementaire qui permet aux parlementaires de faire du clientélisme. Il reste énormément de choses à faire."

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