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Minute par minute : l'intervention de Jean-Luc Mélenchon à l'émission "Des paroles et des actes"

Le candidat du Front de gauche à la présidentielle de 2012, Jean-Luc Mélenchon, était l'invité de l'émission "Des paroles et des actes", jeudi 12 janvier, sur France 2. Il a présenté les grandes lignes du programme de son parti.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Jean-luc Mélenchon sur le plateau de France 2, le 12 janvier 2012. (FTV)

Le candidat du Front de gauche à la présidentielle de 2012, Jean-Luc Mélenchon, était l'invité de l'émission "Des paroles et des actes", jeudi 12 janvier, sur France 2. Il a présenté les grandes lignes du programme de son parti.

Crédité de 6 à 8% d'intentions de vote dans les sondages, Jean-Luc Mélenchon est le cinquième homme de l'élection présidentielle en ce début 2012. Franchira-t-il la barre des 10% ? C'est la question du moment.

En entendant, celui qui se définit comme le candidat de la "vraie gauche", continue de se démarquer des ses anciens "camarades socialistes", notamment sur la question européenne.

N'êtes-vous pas déçu par votre stagnation dans les sondages ?, lui a demandé Davis Pujadas en préambule.

20h40. Non. Mon travail est d'appeler à la résistance, à la dignité. La gauche de la gauche, ce n'est pas moi. Moi, je suis de gauche. Je dis cela simplement pour la clarté.

20h50. L'histoire est en mouvement. Aujourd'hui, il y a une grande perplexité. La vérité est qu'on est libre quand on est dans un collectif heureux.

Est-il pour ou contre la suppression du quotient familial ?

20h52. Je n'ai pas l'intention de courir derrière chaque invention des communicants socialistes. Je suis pour une vraie réforme fiscale.

Marine Le Pen a apparemment moins de 300 signatures. Cela serait-il un problème si elle ne pouvait pas se présenter ?

20h53. Moi je les combats (le Front national, ndlr) frontalement mais je trouve qu'il ne serait pas normal qu'elle (Marine Le Pen, ndlr) ne puisse pas être candidate.

Séquence : son style, sa personnalité, son parcours

21h05. Il y a des choses que je n'accepterai jamais, c'est les numéros de repentance publique. J'aime l'art oratoire. Je le prends très au sérieux. Dans le mouvement socialiste, il y eu de prestigieux orateurs, Pierre Mauroy, Marie-Noëlle Lienemann, etc. Il faut que la belle parole de gauche soit portée. Il y a tant de raisons qui poussent les gens à désespérer.

21h12. Ma vie a été plutôt sympathique. J'ai eu beaucoup de chance, j'ai aimé, j'ai été aimé. Mais est-ce l'existence, c'est profite et tais-toi ?

21h14. J'ai eu l'honneur d'être choisi. J'ai tenu la tribune du Sénat avec un plaisir que je ne vais pas chercher à dissimuler.

21h16. Dans la vie politique, il ne faut jamais céder sur son identité.

21h18. Je suis un homme qui vient du système. Je suis un cacique du PS comme les autres. J'ai voté pour Maastricht mais dès que j'ai compris que c'était une erreur, j'ai lutté contre.

21h23. Cette année pour la première fois, le nombre de cartes de presse va diminuer. La condition sociale des journalistes, vous n'en parlez jamais. Moi je le fais.

Son programme économique

21h30. Nous sommes dans une crise. Comment va-t-on en sortir ? D'un côté il y a l'austérité. Ils sont tous pour l'austérité. Elle mène à la catastrophe. De l'autre, il y a le Front de gauche qui propose la relance par l'activité. Premièrement, s'il doit y avoir de la croissance, elle doit être écologique. Deuxièmement, il faut augmenter les salaires.

21h36. D'abord on passe l'impôt de 5 à 14 tranches et ce qu'il y a au-dessus de 300.000 euros, on le taxe à 100%. Puis nous allons prendre 10 milliards d'euros de plus sur les droits de succession, sur les grandes successions. Ensuite taxer les revenus du capital comme ceux du travail.

21h40. Il y a 20% de la population active qui est en dessous du seuil de pauvreté en Allemagne. En Allemagne, il n'y a pas 6% de chômage. On a maquillé toutes les statistiques en supprimant les seniors.

21h44. Ce qui compte, c'est que par l'activité, on développe l'activité. La question qui compte, c'est de quels types de produits avons-nous besoin.

21h47. La proposition du Front de gauche, c'est le SMIC à 1700 euros.

21h49. Ce système, nous rend pervers et mauvais et après, on fait comme on peut.

Pour ou contre

La régularisation des sans-papier ? Les travailleurs sans papier doivent avoir des papiers car c'est le seul moyen d'arrêter le dumping. Je suis pour la radicalité concrète.

La dépénalisation du cannabis ? C'est complètement de stupide de punir les consommateurs mais je suis pour qu'on continue à traquer les producteurs.

Abandonner le siège de la France à l'ONU ? Jamais. Pas question. C'est une insondable sottise, cela n'a pas de sens.

Recevoir le Dalaï Lama s'il vient en France ? Non. Je n'ai aucun mépris pour sa religion, mais le Président de la République française ne reçoit pas les chefs religieux.

La suppression de l'élection du Président de la République ? Si je suis élu, j'espère être le dernier Président de la République. Nous, nous voulons passer à la VIe République. Le programme du Front de gauche est que, une fois élu, nous convoquons une constituante pour mettre un habit propre, neuf. On se met au 21e siècle. Moi j'aime les régimes parlementaires et je crois à la proportionnelle.

22h10. Le Front de gauche est le front par lequel des milliers de gens qui n'allaient pas voter, vont aller voter. Moi quand je parle, j'assume la difficulté. J'estime que le Front de gauche est la condition de la victoire de la gauche. François Hollande n'est pas mon adversaire, c'est mon concurrent.

Lors du débat avec Jean-Louis Beffa (ancien PDG de Saint-Gobain)

22h22. Le Front de gauche est pour que le patronat du CAC 40 et de la banque ait des payes pareilles. A partir de 360.000 euros de revenus, le Front de gauche prend 100%. Nous voulons mettre en place dans les entreprises des cercles vertueux avec notamment des salaires d'écart maximum allant de 1 à 20.

22h26. Le pays est saccagé. Notre appareil industriel est saccagé. Comment s'y prend on pour le reconstruire ? Toujours à partir de pôles publics qui structurent. Nous avons évolué. Nous croyons aujourd'hui beaucoup plus à la propriété sociale.

22h30. Nous devons arracher les entreprises des griffes de la finance et aller vers la planification économique. Je suis partisan d'une loi qui donne un droit de préemption aux salariés sur leur outil de travail. Je suis partisan que ceux qui détiennent des actions aient des droits selon le temps de détention de ces actions. Je suis partisan de la planification écologique.

22h39. A la place de la concurrence, il faut de la coopération. Notre intérêt est de discuter avec les Chinois. Cela ne veut pas dire approuver le régime chinois, cela veut dire coopérer.

22h42. Saluant le départ de M. Beffa : "n'oubliez pas que si c'est moi vous aller en perdre un morceau".

Conclusion

22h45. Notre priorité, c'est de convaincre les gens qu'on peut changer ce pays. La cocote minute est en train de bouillir. Si je suis en tête, est-ce que les socialistes appeleront à voter pour moi ?

22h51. Si nous ne gagnons pas, il va y avoir un immense tumulte mais nous ne savons pas comment il va tourner. C'est pour cela que vous me voyez si passionné. L'Europe est le berceau des pires folies de la droite et de l'extrême droite.

22h55. Le repentir, c'est pas trop mon truc. J'ai pratiqué quand j'étais enfant de cœur mais là, j'ai passé l'âge.

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