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Mélenchon : "Reprendre le pouvoir à l'argent et à la finance et le rendre au peuple"

Invité de Parole Directe sur TF1, le candidat du Front de gauche a dénoncé "la politique d'austérité" qui "ne marche pas" et exposé une partie de ses propositions: partager les richesses, taxer les revenus du capital et augmenter les petits salaires
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Jean-Luc Mélenchon prononce un discours lors de l'inauguration de son QG de campagne, aux Lilas (Seine-Saint-Denis), le 18 octobre 2011. (AFP - Patrick Kovarik)

Invité de Parole Directe sur TF1, le candidat du Front de gauche a dénoncé "la politique d'austérité" qui "ne marche pas" et exposé une partie de ses propositions: partager les richesses, taxer les revenus du capital et augmenter les petits salaires

Les principaux extraits de l'intervention de Jean-Luc Mélenchon

Sur le projet du Front de Gauche et l'hypothèse de gouvernement

"Le projet du Front de gauche est ambitieux, audacieux", a commencé M. Mélenchon avant d'en exposer l'idée principale : "Reprendre le pouvoir à l'argent et à la finance et le rendre au peuple, aux citoyens. Vous, moi, dans nos contradictions, nos idées différentes, nous sommes plus intelligents que les traders et les cours de bourse", a t-il expliqué.

Interrogé sur la compatibilité entre "Faire la révolution" et "gouverner", l'eurodéputé a rétorqué : "Il faut absolument que cela soit, car si gouverner c'est faire une petite alternance à la papa", avant d'enchaîner : "En période tranquille pourquoi pas, mais là, il ne s'agit pas de cela. Voici la saison des tempêtes qui arrivent. II faut donc des mesures qui soient des mesures pas des demi-mesures. Il faut donc aller au coeur des problèmes et y aller une bonne fois."

Sur la fiscalité

Questionné sur les hauts revenus, M. Mélenchon a d'abord élargi la question : "Commençons d'abord par ceux qui travaillent. Dans une entreprise, il n'est pas normal que le PDG ait plusieurs milliers de Smig à la fin de l'année et que celui qui est en bas de l'échelle se voit reproché sa maigre paye. Il faut que tous les salaires progressent. L'une des clés de la crise, c'est qu'il faut qu'il y ait du pouvoir d'achat. Donc, pas d'écart dans une entreprise plus grand que de 1 à 20", a-t-il détaillé. Et d'ajouter : "moi je dirais bien de 1 à 10" mais comme la confédération européenne des syndicats dit de 1 à 20, je reprends ce chiffre".

"De la même manière" a-t-il poursuivi, il faut augmenter les petits salaires, à commencer par le Smig".

Qui est riche ? Jean Luc Mélenchon fixe le seuil à 360.000 euros en se basant sur un calcul : le revenu média X 20. "Au dessus de 360.000 euros, c'est à dire 30.000 euros par mois, on prend tout", a-t-il lancé, citant au passage les 90% sur la dernière tranche d'impôt du Président Roosevelt.

"Tout le monde doit pouvoir contribuer à l'effort collectif de la nation à proportion de ce qu'il a. Et tout le monde doit payer", a-t-il souligné.

Sur la Grèce

Concernant la situation en Grèce, M. Mélenchon s'est montré très sévère sur les mesures imposées par l'Europe.

"Mme Ferrari, mettez vous à leur place (les grecs, ndlr). Ils n'ont plus rien. On leur a dit, mettez vous dans l'Europe pour être protégés, on les pille. Ils seraient occupés par une armée que ça ne serait pas pire. Le plan européen a complètement échoué. Pourquoi ? Parce que c'est un plan de cupidité".

Et de démonter la logique en vigueur. "Si vous faites une politique d'austérité, vous diminuez l'activité. Comme il y a moins d'activités, il y a moins de recettes fiscales, comme il y a moins de recettes fiscales, il y a plus de déficit, donc vous empruntez davantage. Et voici la spirale dépressive".

La solution pour l'ancien sénateur : "Il faut que la Banque centrale européenne (BCE) rachète des tires de dette des pays qui sont aujourd'hui dans la difficulté. Il le faut absolument. Il est absurde que la Banque centrale européenne prête à des banques à 1% et prête à 18% à l'Etat concerné. Tout cela est aberrant", a-t-il insisté.

Sur la relance de la croissance

Partisan de la réindustrialisation du pays afin de faire la planification écologique, le candidat du Front de gauche propose de changer les modes de production et de relocaliser.

Développant un discours volontariste, l'eurodéputé évoque la réquisition, la mise sous tutelle ou sous séquestre pour obtenir des résultats concrets. Mais pas seulement. "On peut punir ceux qui ont participé au démantèlement car il y a dans le code pénal un article qui condamne ceux qui portent atteinte aux intérêts et au potentiel économique et financier de la France. Figurez vous que la loi d'application n'a jamais été votée... moi, le Front de gauche, nous la ferons voter".

"Pour résumer, ce qu'il faut, c'est de la volonté. Deuxièmement, de la fierté de soi. La France est un grand pays productif, une grande nation industrielle".

Sur un accord avec François Hollande

Saluant les qualités personnelles de François Hollande, Jean-Luc Mélenchon s'est en revanche montré sévère sur sa ligne politique.

François Hollande, "c'est la gauche des années 90, il est complètement dépassé par les évènements et il ne saura pas y faire face, moi je saurais!", a-t-il lancé réitérant sa proposition de "débat public" au candidat PS, et l'étendant à Eva Joly (EELV) ainsi qu'aux "gens de droite".

Irait-il dans un gouvernement dirigé par le député de Corrèze ?

"Personnellement non" a répondu M. Mélenchon qui ne veut pas "recommencer à couvrir des pratiques avec lesquelles" il n'est "pas d'accord". "Aujourd'hui, on est dans le dur, il faut du courage, je ne veux pas être ministre de Papandreou", du nom du Premier ministre grec", a-t-il conclu.

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