Comment Marine Le Pen compte remettre le Front national en ordre de marche
La présidente du FN a entamé, samedi, sa tournée de "refondation" du parti, en Haute-Garonne. Du nom de sa formation politique aux relations avec la presse, elle va tout "mettre à plat".
Elle veut bouleverser le Front national, avec une "refondation tout à fait historique". "L'organisation n'a jamais véritablement changé depuis quarante-cinq ans", a reconnu Marine Le Pen, à Bruguières (Haute-Garonne), samedi 23 septembre, dans le cadre d'une tournée nationale. "On va pouvoir discuter de tout", a-t-elle insisté, applaudie, avant de demander aux militants de produire du "contenu" intellectuel, de passer d'un FN à la culture protestataire à une "alternative" prête à "gouverner". Franceinfo résume la stratégie de Marine Le Pen pour relancer la machine FN, après une année électorale décevante.
Changer de nom et déménager
La marque Front national existe depuis 1972, mais depuis quelques années déjà, elle n'est plus mentionnée, ou très discrètement, sur les tracts et documents de campagne de Marine Le Pen. Et depuis sa défaite à la présidentielle, elle martèle sa volonté d'en changer. "J'ai quelques idées de noms qui me plaisent", a confié Marine Le Pen au Parisien, le 15 septembre, se refusant toutefois à les dévoiler pour le moment. La patronne du FN affirme avoir fait déposer des noms à l'Institut national de la propriété intellectuelle (Inpi) "par des gens tellement anonymes que vous ne les trouverez jamais".
Une chose est sûre, le parti ne s'appellera pas Les Patriotes, un nom que Marine Le Pen trouve "ringard", selon France Inter, et qui porte la griffe de Florian Philippot, déjà relégué "au passé" par la patronne du FN. Ce sont les adhérents du parti qui choisiront le nom, lors du congrès de mars 2018. "La nouvelle organisation portera un nouveau nom (…), que vous aurez choisi", s'était engagée Marine Le Pen lors de son discours de rentrée à Brachay (Haute-Marne), début septembre. A cette occasion, derrière elle, une banderole annonçait "En avant pour un nouveau Front", poussant L'Opinion à imaginer que Nouveau Front pourrait être le futur nom du parti. "NF plutôt que FN ?", s'interroge le journal, sans pouvoir répondre affirmativement. Le slogan était en tout cas à nouveau présent derrière elle, samedi, à Bruguières.
Marine Le Pen n'exclut pas, au passage, de déménager le siège du parti, situé dans les Hauts-de-Seine et dont le bail "s'achèvera en 2018". "Comme on a dit qu'on allait changer le parti du sol au plafond, je ne vois pas pourquoi nous ne changerions pas de locaux", a-t-elle expliqué au Parisien. Six ans après le départ du parti de son "Paquebot" de Saint-Cloud pour le "Carré" de Nanterre, Marine Le Pen a même visité "plusieurs sites en vue d'une nouvelle installation", selon Le Figaro du samedi 23 septembre. Ses critères, selon Le Lab d'Europe 1 : "Grand, beau, pas cher et proche de Paris."
Trouver de nouveaux alliés
Marine Le Pen a également déclaré samedi vouloir "discuter d’alliances éventuelles". Des rapprochements qui "ne doivent pas avoir pour conséquence des compromissions de quelque sorte que ce soit, mais cette culture-là, nous devons l’intégrer", a-t-elle précisé.
Mais avec qui s'allier ? La présidente du FN n'exclut pas de s'entendre à l'avenir avec Les Patriotes de Florian Philippot, malgré sa récente démission du parti, tout comme avec le parti de Nicolas Dupont-Aignan, Debout la France. Marine Le Pen s'est dite, samedi, prête à envisager une "discussion, un travail en commun et peut-être même un jour une plateforme électorale en fonction des élections".
La patronne du Front national s'est même déclarée, "bien sûr", prête à discuter avec Laurent Wauquiez, favori pour la présidence des Républicains. "Mais il ne veut pas", a-t-elle tempéré, vendredi, sur BFMTV. "Je suis prête à parler avec tous ceux qui ne veulent pas faire une croix sur la nation", a-t-elle ajouté.
Repenser la communication du parti
A Bruguières, samedi, la patronne du FN a par ailleurs confié son "espoir d'acquérir de nouvelles relations avec la presse", tout en indiquant qu’elle continuerait de refuser la présence de journalistes de Mediapart et de l’émission "Quotidien" (TMC) aux événements frontistes. Ces derniers n'étaient d'ailleurs pas conviés au point presse de Marine Le Pen, samedi.
Marine Le Pen entend aussi proposer "un journal des élus", "un quotidien participatif en ligne", "une revue intellectuelle", qui selon elle a "manqué ces dernières années", ainsi qu'"une revue de presse en ligne". Une façon pour le futur FN de disposer de ses propres médias, à l'instar de l'alt-right américaine qui s'appuie sur la plateforme de propagande Breitbart, ou de La France insoumise, qui lancera Le Média, en janvier prochain.
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