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Les sociétés d’écoutes judiciaires menacent de couper la ligne

Les quatre principales sociétés chargées des écoutes judiciaires en France protestent contre la création d’un nouveau système qui leur fait perdre leurs contrats. La sénatrice UDI Nathalie Goulet se saisit d’un dossier très coûteux.
Article rédigé par Stéphane Pair
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Les sociétés chargées des écoutes judiciaires menacent de stopper leurs activités©)

Quatre des sociétés privées chargées des écoutes pour la police, la justice et les douanes pourraient répondre aux abonnés absents à partir du 15 novembre. Ces entreprises n’apprécient pas d’être mises sur la touche au profit du projet Thalès, voulu par le gouvernement pour gérer l’ensemble des écoutes. Le problème, c’est que la nouvelle plateforme à Elancourt dans les Yvelines a pris du retard. Non seulement les futurs ex-prestataires sont remerciés mais en prime, ils sont ballotés au hasard d’un calendrier imprécis

Des sociétés écartés, mais quand ?

Ces quatre sociétés Foretec, Elektron, Midi System et SGME contestent depuis deux ans la façon dont le ministère de la Justice les a mises sur la touche. Elles savent qu’elles perdront les marchés mais elles ignorent à quel moment la porte sera fermée, puisque la Plateforme nationale des interceptions judiciaires (Pnij) a pris du retard. Michel Besnier, le dirigeant d’Elektron, n’apprécie pas le procédé, qui l’a empêché d’investir dans sa société depuis deux ans.

"Nous ne pouvons pas prendre le risque de nous trouver face à une rupture de nos systèmes, donc nous préférons stopper nous-mêmes, le 15 novembre. Nous sommes incapables de répondre aux demandes de changements de PC par exemple à la préfecture de police de Paris et c’est grave dans une période où l’insécurité est marquante."

Les sociétés demandent au ministère de la Justice un contrat supplémentaire de 30 mois pour assurer la transition jusqu’au fonctionnement parfait de la plateforme.   

La plateforme Thalès n’est pas opérationnelle

La plateforme nationale censée remplacer les sociétés privées chargées des écoutes n’est pas prête. Thalès, qui a désormais le contrat unique, rencontre des problèmes. Cette mise en place chaotique inquiète les policiers. Francis Nebot, du syndicat policier Synergie se demande "quelle est aujourd’hui l’efficience du produit ". 

 

"Moi, j’ai peur que la machine à certains moments soit défaillante et que mes collègues officiers de police judiciaire deviennent sourds et muets. Imaginez une machine qui tombe en panne, quand vous avez une affaire de terrorisme à Marseille, un kidnapping en cours à Lille et un trafic international de stupéfiants écouté depuis Nanterre."

L’oreille du Sénat sur les écoutes

Nathalie Goulet, sénatrice UDI,  a pris le dossier en main avec tous ses chapitres, le retard de calendrier, l’augmentation de la facture, et la question sensible de la sécurité des données. L’élue va saisir ce vendredi la commission des finances du Sénat pour mettre les écoutes sur la table et demander une enquête sur "des dépenses extravagantes pour les finances publiques ".  

"On a un problème lourd au niveau des garanties pour le justiciable, lourd pour les finances publiques et lourd au plan de la sécurité des écoutes."

Les écoutes représentent un dossier essentiel pour les enquêtes. En 2013, 20.000 écoutes ont été menées par les forces de l’ordre. Les sociétés qui pourraient refuser de les pratiquer encourent-elles des amendes ? Il est question en théorie d’une amende de 150 euros à chaque refus, c’est ce qu’affirment les services de la Garde des Sceaux. Mais les entreprises concernées ne croient pas à ce couperet financier. 

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