Primaire de la droite : Sarkozy et les autres candidats s'écharpent sur le vote des Français de l'étranger
Les concurrents de Nicolas Sarkozy accusent le président des Républicains d'avoir fait voter par surprise le bureau politique pour refuser le vote électronique aux Français de l'étranger lors de la primaire.
Mais que se passe-t-il chez Les Républicains ? Depuis mardi 3 mai, la colère monte après une décision prise au bureau politique du parti. L'instance dirigeante de LR, à la demande de Nicolas Sarkozy, a décidé de refuser le vote électronique et de confirmer un vote papier classique pour les quelque 1,2 million de Français de l'étranger lors de la primaire de la droite.
Un vote papier pourrait priver de vote de nombreux expatriés, pour cause d'éloignement géographique ou en raison des règles en vigueur dans certains pays, assure Frédéric Lefebvre. Même la Haute Autorité chargée du bon déroulement de la primaire s'en est mêlée en contestant la décision. L'affaire pourrait ressembler à de la cuisine interne, mais elle est révélatrice de l'ambiance au sein du parti de droite.
"Promesse non tenue"
"Si Nicolas Sarkozy veut enterrer la primaire, qu'il le dise !" s'est agacé le candidat à la primaire Frédéric Lefebvre, jeudi sur Europe 1. "Je ne vois pas l'intérêt de ce revirement, de cette promesse non tenue de Sarkozy", ajoute le député des Français d'Amérique du Nord, interrogé par francetv info. "On ne comprend vraiment pas le sens de ce vote", confirme un conseiller du candidat Bruno Le Maire. "Tout le monde convient pourtant qu'il vaut mieux faire un vote électronique", enfonce le filloniste Thierry Mariani.
Tout le monde parmi les candidats avait acté le fait qu'il fallait faire un vote par internet pour les Français de l'étranger.
Dans le camp sarkozyste, on évoque une polémique artificiellement gonflée. "C'est juste une stratégie pour mettre de l'huile sur le feu", note le député Eric Woerth. Selon ce soutien de Nicolas Sarkozy, le bureau politique LR a juste confirmé l'article 6 de la charte de la primaire votée par les militants il y a un an. Le vote papier avait été alors choisi afin de se caler sur l'élection présidentielle, pour laquelle le vote électronique ne semble pas possible, selon une décision du Conseil d'Etat.
Le souvenir de la guerre Copé-Fillon
"Il serait étrange de faire un tripatouillage de notre charte adoptée à l'unanimité au congrès fondateur des Républicains", souffle Valérie Debord. Présente au bureau politique de mardi, cette fidèle sarkozyste décrit un débat qui s'est tenu dans une ambiance "sereine, tranquille", et avec un résultat sans appel : 43 votes pour le maintien du vote papier, face à quatre votes contre. "On nous reproche d'appliquer les statuts du parti, s'étonne Valérie Debord. La commission d'organisation de la primaire a voulu obtenir une dérogation, on a eu un débat et on a tranché."
Quand on accepte de jouer, on ne change pas les règles au milieu d'un match.
Au-delà de la forme, les sarkozystes évoquent des raisons de fond. Valérie Debord met en avant la notion d'égalité vis-à-vis des Français de l'Outre-mer et des habitants des territoires ruraux. Eric Woerth ajoute que le vote électronique est synonyme de mauvais souvenir pour la droite : "La guerre Copé-Fillon a laissé des traces, on ne veut pas revivre ça."
Une stratégie pour "plomber la primaire" ?
Mais Frédéric Lefebvre ne décolère pas. Il assure que Nicolas Sarkozy trahit ses promesses après s'être engagé en faveur du vote électronique pour les Français de l'étranger. "C'est faux, réagit l'entourage de l'ancien président, il a déjà défendu le vote électronique qu'il a lui-même introduit pour les Français de l'étranger aux législatives, mais il n'a jamais dit qu'il y était favorable dans le cadre de la primaire".
Dans le camp de Bruno Le Maire, on se demande si le chef de l'Etat ne met pas en place une stratégie pour "plomber la primaire" au regard des mauvais sondages qui placent l'ancien chef de l'Etat loin d'Alain Juppé. "L'autre hypothèse, c'est qu'il cherche à montrer qui est le chef", s'interroge un conseiller de Bruno Le Maire. "Soit il teste la réaction des autres candidats en prévision des points de désaccord à venir, soit il s'inquiète vraiment de cet électorat", ajoute Thierry Mariani. "J'aurais plutôt tendance à penser qu'il n'a pas de souci à se faire au niveau de cet électorat", invalide une conseillère de Nicolas Sarkozy.
Rapport de force
"Il n'y a aucun coup de force de Nicolas Sarkozy, affirme le camp de l'ancien président, le coup de force vient plutôt des organes parallèles, tels que la Haute Autorité, dont la mise en garde n'a pas de sens juridique". Le véritable enjeu de cette affaire se situe bien dans le rapport de force entre les différentes instances. Les partisans de Bruno Le Maire veulent profiter de la polémique pour demander un changement du fonctionnement : "Ce n'est pas au bureau politique des Républicains de trancher sur les règles d'organisation vu que d'autres partis participent à cette primaire."
Il y a une Haute Autorité, elle doit décider des règles.
Hors de question de changer les règles pour les sarkozystes. "C'est le bureau politique des Républicains qui décide des règles, si d'autres partis participent à la primaire, ils s'alignent sur nos règles, tranche fermement Valérie Debord. La Haute Autorité peut bien dire ce qu'elle veut, elle n'est pas l'instance décisionnaire." Pour les Républicains, la campagne s'annonce longue et houleuse.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.