Dans les banlieues, le soutien à la gauche "s'est totalement effondré"
Alors qu'Alain Juppé est en visite à Argenteuil (Val-d'Oise) mercredi, l'ingénieur en recherche au CNRS Antoine Jardin a estimé sur franceinfo qu'"on n'a encore jamais vu de quartiers populaires véritablement ancrés à droite".
Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite et du centre en vue de l’élection présidentielle, se rend mercredi 2 novembre à Argenteuil (Val-d'Oise) pour évoquer la banlieue. C’est dans cette municipalité qu'il y a onze ans, Nicolas Sarkozy avait qualifié de "bandes de racailles" certains jeunes de la ville jugés responsables de l’insécurité. À moins de trois semaines du premier tour de la primaire, Alain Juppé cherche à marquer sa différence avec l'ancien chef de l'État.
Mais existe-t-il un vote des banlieues ? franceinfo a posé la question à Antoine Jardin, ingénieur en recherche au CNRS et professeur à Sciences Po.
franceinfo : La gauche a-t-elle perdue du terrain en banlieue ?
Antoine Jardin : Depuis 2007, la banlieue apporte un soutien de plus en plus marqué aux candidats de gauche : Ségolène Royal en 2007 et François Hollande en 2012. Mais ce soutien s’est complètement effondré depuis 2012. La gauche a beaucoup déçu. La droite y voit une opportunité. Elle se dit que si ces électeurs ne se tournent pas naturellement vers la gauche, elle a un nouvel électorat à conquérir.
En 2014, la ville d’Argenteuil est passée des mains du PS à celles du parti Les Républicains. Il y avait moins de 200 voix d’écart au second tour de l’élection municipale. Cela montre bien qu’il y a des signes de fracture politique et sociale dans ces quartiers. On les imagine toujours monolithiques et pauvres. Mais en fait, il y a des inégalités très fortes à l’intérieur des banlieues, ainsi que des différences d’opinions.
Quelles sont les caractéristiques du vote dans les banlieues ?
Beaucoup d’électeurs de banlieues ne votent qu'aux élections présidentielles, et parfois même seulement à l'un des deux tours. Le vote des banlieues est moins régulier que l’ensemble du vote des autres électeurs, parce que la population est plus jeune, un peu moins diplômée, et bénéficie moins souvent d'un emploi stable.
La droite peut-elle espérer conquérir les banlieues ?
Nicolas Sarkozy a créé une polarisation. L'ancien président a eu un discours perçu comme un discours d’hostilité par les habitants des banlieues, ce qui les a amenés à se mobiliser contre lui au cours de ces quinze derniers années. On n'a encore jamais vu de quartiers populaires véritablement ancrés à droite sur le long terme.
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