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Nicolas Sarkozy et l'écologie : un pas en avant, deux pas en arrière

Mercredi, Nicolas Sarkozy a affirmé que l'homme n'était pas le seul responsable du changement climatique, suscitant une vague de critiques. Mais l'ancien président n'en est pas à son premier revirement en la matière.

Article rédigé par Sophie Brunn
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
Nicolas Sarkozy visite une usine de panneaux solaires à Saint-Pierre, sur l'île de La Réunion, le 19 janvier 2010. (PHILIPPE WOJAZER / REUTERS)

Une nouvelle fois, Nicolas Sarkozy a "changé". Sur la question écologique, l'ancien chef de l'Etat, aujourd'hui candidat à la primaire à droite, a remis en cause, mercredi 14 septembre, un point qui fait pourtant consensus chez les spécialistes du climat : la responsabilité de l'homme dans le réchauffement climatique.

Ce n'est pas la première fois que l'ex-président de la République change radicalement de position sur un sujet touchant à l'environnement : franceinfo a listé trois de ses revirements marquants.

De champion du "défi climatique" à climatosceptique

Mercredi, invité devant l'Institut de l'entreprise, un think tank patronal, Nicolas Sarkozy ose une sortie polémique : "On a fait une conférence sur le climat. On parle beaucoup de dérèglement climatique, c'est très intéressant mais ça fait 4,5 milliards d'années que le climat change. L'homme n'est pas le seul responsable de ce changement." Une affirmation qui le place soudainement dans le camp des climatosceptiques. Choqué, l'ancien vice-président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), Jean Jouzel, juge ces déclarations "vraiment pitoyables pour quelqu'un qui a lancé le Grenelle de l'environnement" sous son quinquennat.

Ce virage de Nicolas Sarkozy est pour le moins étrange de la part de celui qui avait affirmé, en septembre 2007, devant la conférence de l'ONU sur les changements climatiques : "Je veux pour ma part dire que ce défi climatique sera une priorité absolue de l'action de la France. (...) Les constats économiques, les constats scientifiques sur le réchauffement climatique sont sans appel. On pouvait hésiter sur les chemins de l'action quand on ne savait pas, aujourd'hui, on sait. Ne rien faire ne serait rien d'autre que criminel au regard de l'avenir de la planète, quel que soit le continent."

Du Grenelle au "ça commence à bien faire"

Axe de sa campagne en 2007 – Nicolas Sarkozy avait alors signé le Pacte écologique de Nicolas Hulot –, l'environnement est en effet une priorité du début de son quinquennat. Il nomme Jean-Louis Borloo ministre de l'Ecologie et ministre d'Etat et lance le Grenelle de l'environnement : après quatre mois de travail associant toutes les parties prenantes, des décisions ambitieuses sont prises dans les domaines de l'agriculture, des transports ou de la santé. Le président n'hésite pas alors à parler de "révolution".

"Une révolution dans nos façons de penser et de décider. Une révolution dans nos comportements, dans nos politiques, dans nos objectifs, dans nos critères. (...) Je veux que le Grenelle soit l’acte fondateur d’une nouvelle politique, d’un New Deal écologique en France, en Europe, dans le monde."

Mais avant même la fin de son quinquennat, Nicolas Sarkozy fait marche arrière avec une déclaration à l'emporte-pièce. En déplacement au Salon de l'agriculture le 6 mars 2010, il lance : "Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d'environnement. Parce que là aussi, ça commence à bien faire." 

Il faut dire qu'alors, la campagne pour les régionales bat son plein. Et que les agriculteurs reprochent au président d'avoir instauré, via le Grenelle de l'environnement, des normes trop contraignantes, par exemple sur l'utilisation de pesticides.

Gaz de schiste : de l'interdiction aux lamentations

C'est sous le mandat de Nicolas Sarkozy que le Parlement interdit la fracturation hydraulique pour l'exploration du gaz de schiste, jugée très polluante. L'Hexagone est alors à l'avant-garde de cette préoccupation écologique puisque c'est le premier pays au monde à se doter d'une telle législation, le 30 juin 2011. A l'origine du texte : des élus locaux, dont Christian Jacob (actuel président du groupe LR à l'Assemblée), qui se battent contre des permis d'exploration d'hydrocarbures non conventionnels délivrés en catimini dans leurs circonscriptions.

En octobre 2011, en déplacement dans le Gard, Nicolas Sarkozy assure ainsi : "Grâce à la loi Jacob, les exploitants ne pourront pas procéder à l'exploration et à l'exploitation des gaz ou des huiles de schiste. Et j'ai demandé à Nathalie Kosciusko-Morizet [alors ministre de l'Ecologie] de veiller à ce que leur permis soit strictement limité aux activités conventionnelles. C'est clair et c'est définitif."

Dans la foulée, il s'oppose à la délivrance de trois permis exclusifs de recherche de gaz de schiste dans le sud de la France.

Volte-face trois ans plus tard, en septembre 2014. Alors que Nicolas Sarkozy vient de faire son retour en politique – il est alors candidat à la présidence de l'UMP –, il affirme, lors d'un meeting à Lambersart (Nord) : "Je ne peux pas accepter, j'aime trop mon pays pour cela, que les États-Unis d'Amérique soient devenus du point de vue de l'énergie indépendants grâce au gaz de schiste et que la France ne puisse pas profiter de cette nouvelle énergie alors que le chômage ravage tant de nos territoires et tant de nos familles. C'est inacceptable."

Une position à l'unisson de celle de la déléguée des Républicains à l'environnement, Maud Fontenoy, nommée à ce poste par Nicolas Sarkozy en juin 2015. La navigatrice, qui assure militer pour une écologie "pragmatique et modérée", affiche d'ailleurs un positionnement assez peu orthodoxe sur plusieurs sujets : favorable au gaz de schiste, au nucléaire… et contre la volonté d'Anne Hidalgo d'interdire les véhicules diesel à Paris à l'horizon 2020.

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