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Les mesures contre le terrorisme annoncées par Manuel Valls

Le Premier ministre Manuel Valls a annoncé mercredi la création de 2.680 emplois et le déblocage de plus de 425 millions d'euros pour lutter contre le terrorisme, dans la foulée des attentats djihadistes qui ont fait 17 morts du 7 au 9 janvier.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
  (Manuel Valls devant la presse mercredi matin © REUTERS/Philippe Wojazer)

Deux semaines après l'attentat de Charlie Hebdo, et la mort de 17 personnes dans une suite d'attaques à Paris, le gouvernement annonce des mesures en terme de sécurité contre le risque terroriste. Manuel Valls a présenté ces mesures à la presse mercredi matin, après le conseil des ministres, entouré de plusieurs ministres dont Bernard Cazeneuve (Intérieur), Christiane Taubira (Justice), Jean-Yves Le Drian (Défense) et Laurent Fabius (Affaires étrangères).

Manuel Valls a d'abord indiqué que le nombre d'actes terrroristes ne cessait d'augmenter, ainsi que le nombre de personnes à surveiller. "En tout ce sont près de 3.000 personnes à surveiller. Ce changement d'échelle est un défi redoutable pour notre pays et pour nos partenaires, notamment européens ", a indiqué Manuel Valls. Mais "la République est debout, et  nous prenons des mesures exceptionnelles " a dit Manuel Valls. Voici un résumé des grandes mesures annoncées.

Moyens humains : création de 2.680 emplois

Le Premier ministre a annoncé la création de 2.680 emplois pour lutter contre le terrorisme : 1.400 au ministère de l'Intérieur (dont 540 en 2015), 950 au ministère de la Justice, 250 au ministère de la Défense et 80 au ministère des Finances. Manuel Valls a détaillé : les postes au ministère de l'Intérieur : "1.100 seront directement affectés au sein des unités de renseignement chargées de lutter contre le terroriste, 500 à la direction générale de la sécurité intérieure. 500 au sein des services du renseignement territorial. 100 à la direction du renseignement de la préfecture de police. Le service de protection des personnels exposés et la police de l'air et des frontières seront également renforcés. 530 de ces 1.400 personnels seront recrutés dès cette année ". 

Moyens matériels : 425 millions d'euros

Le plan de renforcement de "la lutte contre le terrorisme" annoncé prévoit au total 425 millions d'euros de crédits supplémentaires au cours des trois prochaines années, a indiqué Manuel Valls. Ces dépenses "seront compensées par des économies (...) sur l'ensemble du champ de la dépense publique, année après année ", a-t-il dit. Dans le détail : "233 millions d'euros seront dégagés sur 3 ans au profit du ministère de l'Intérieur, et 181 millions pour le ministère de la Justice. La protection des agents sur la voie publique est une priorité : il s'agit de les doter de gilets pare-balles plus performants, de casques balistiques pour certaines opérations ou d'armements plus performants pour faire face à la présence d'armes de guerre ".

"La protection des agents sur la voie publique est une priorité" - Manuel Valls

Loi sur le renseignement devant le Parlement "début mars"

Manuel Valls a indiqué que les travaux sur le projet de loi sur le renseignement étaient accélérés. Le projet sera présenté "le plus vite possible " et présenté au Parlement "début mars ". "Au-delà du renforcement sans précédent des moyens, il est indispensable de conforter les capacités d'agir des services de renseignement ", a-t-il fait valoir.

Il a également rappelé l'importance que cette loi soit mise à jour : "La loi de 1991 sur les interceptions a été conçue avant l'Internet. L'encadrement légal des opérations réellement conduites est lacunaire. Ce n'est satisfaisant ni en termes de sécurité juridique des opérations, ni sur le plan des libertés publiques. Désormais, l'intégralité des opérations assurées sur le territoire national bénéficieront de la légitimité de la loi et feront l'objet d'une autorisation expresse ".

Prisons : l'expérience de Fresnes étendue

Le Premier ministre a annoncé l'extention de l'expérience de la prison de Fresnes à cinq quartiers. A Fresnes, les détenus radicaux sont regroupés dans un même quartier.

Reportage  ►►► Comment vivent les islamistes radicaux regroupés à Fresnes

Manuel Valls a dit : "Depuis novembre 2014, le ministère de la Justice expérimente à la prison de Fresnes le regroupement de personnes détenues radicalisées pour deux objectifs : éviter les pressions et la propagation du prosélytisme religieux radical et favoriser la prise en charge des personnes radicalisées. Cette démarche va être étendue par la création de 5 quartiers dédiés ".

Prisons : 60 aumôniers musulmans supplémentaires

Manuel Valls a également annoncé le doublement du budget de l'aumônerie musulmane : "60 aumôniers musulmans supplémentaires " seront recrutés pour les prisons, s'ajoutant aux 182 existants. 

Lutte contre radicalisation : un fichier informatique

Manuel Valls a annoncé la création d'un fichier informatique placé sous l'autorité d'un juge, afin d'inscrire "toutes les personnes condamnées ou mise en cause dans des faits de terrorisme ". "Celles-ci devront justifier de leur adresse à intervalles réguliers, informer de leurs changements de domicile et déclarer tout séjour à l'étranger ", a-t-il précisé. Le Premier ministre a assuré que dans les trois prochaines années, 60 millions d'euros seront consacrés à la prévention de la radicalisation.

Le gouvernement lancera également dans les prochains jours un site Internet sur la radicalisation des jeunes. Le Premier ministre a indiqué que depuis le 7 janvier, 30.000 signalements ont eu lieu sur la plateforme de signalements Pharos, trois fois plus que dans un temps normal. Des renforts humains lui seront affectés.

Lutte contre racisme et antisémitisme

En ligne de mire du gouvernement également la lutte contre le racisme et l'antisémtisme, grande cause nationale du président a dit le Premier ministre. Le nouveau délégué interministériel sur la question présentera un plan de lutte. Najat Vallaud Belkacem annoncera dès jeudi les mesures concernant l'Education nationale.

Peine d'indignité nationale ?

Enfin, en ce qui concerne une éventuelle peine d'indignité nationale, le gouvernement entend ne pas "agir dans la précipitation sur les questions de principes ". Manuel Valls propose donc aux présidents de l'Assemblée et du Sénat une réflexion "transpartisane " sur la question, pour trouver des solutions sous six semaines.

"Faut-il réactiver la peine d'indignité nationale ?" - Manuel Valls

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