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Les interrogations sur le triple A de la France relancées après la dégradation annoncée par erreur

L'agence Standard & Poor's a annoncé par erreur jeudi soir que la France avait perdu son précieux triple A, la note la plus haute qui lui permet d'emprunter aux meilleures conditions pour financer sa dette. Bruxelles dénonce un "incident grave".
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'agence de notation Moody's a place la France sous surveillance (Andrew Burton / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

L'agence Standard & Poor's a annoncé par erreur jeudi soir que la France avait perdu son précieux triple A, la note la plus haute qui lui permet d'emprunter aux meilleures conditions pour financer sa dette. Bruxelles dénonce un "incident grave".

Au l'endemain de la diffusion par l'agence américaine de notation Standard & Poor's d'un message annonçant qu'elle avait retiré son triple A à la France, la Commission européenne a qualifié vendredi l'erreur d'"incident grave".

Jeudi soir, l'Autorité des marchés financiers (AMF) s'était empressée d'annoncer l'ouverture une enquête précisant dans un communiqué avoir "contacté l'autorité de supervision financière européenne (ESMA), au titre de ses compétences de contrôle des agences de notation.

M. Baroin demande une enquête

Mécontent, le ministre des Finances, François Baroin, avait auparavant demandé l'ouverture de cette enquête sur les causes et les éventuelles conséquences de l'erreur, qu'il a qualifiée de "rumeur assez choquante d'informations qui ne correspondent à aucun fondement".

"On ne laissera aucun message négatif passer. On a une stratégie, on a un rendez-vous en matière de déficits qui est fixé. On ne variera pas d'un iota", a déclaré M. Baroin à Lyon en marge d'une conférence sur l'économie.

Une "erreur technique", selon S&P

L'agence S&P, dont chaque communication est scrutée à la loupe dans le contexte d'extrême nervosité des marchés, a fait savoir que "suite à une erreur technique, un message a été automatiquement diffusé à certains abonnés sur le portail de l'agence indiquant que la note de crédit de la France avait été changée". "Ce n'est pas le cas : la note de la République française est inchangée à "AAA", assortie d'une perspective stable, et cet incident n'est pas lié à une quelconque activité de surveillance de la note", ajoute-t-elle.

"Si les destinataires avaient cliqué sur le lien dans l'alerte, ils auraient vu que la note de la France était inchangée", a précisé un porte-parole de S&P par courrier électronique.

Jacques Attali : "La France a de facto perdu son AAA"

Avant même l'erreur de S&P, dans un entretien à la Tribune, jeudi, Jacques Attali, ex-président de la banque européenne de développement (Berd) avait estimé que "la France a déjà perdu de facto son triple A, jugeant "inutile de s'acharner sur cette note". Des propos que la ministre du Budget, Valérie Pécresse, a qualifié d'"irresponsables" car, s'est-elle indignée, "ils sont faux : aujourd'hui nous faisons tout pour garder ce triple A".

"La France a toujours démontré sa capacité à respecter strictement ses objectifs et je ne vois aucune raison pour qu'elle ne fasse pas de même cette fois-ci", a insisté Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, dans une interview au Figaro vendredi.

A la mi-octobre, Moody's, l'agence rivale de S&P a annoncé qu'elle se donnait trois mois pour déterminer si la perspective "stable" de la note française était toujours justifiée, au vu de la dégradation de la situation économique du pays. Cet avertissement a pesé lourd dans la décision du gouvernement français de mettre au point un nouveau plan d'économies, annoncé lundi et qui prévoit des économies de 7 milliards d'euros en 2012. Il vient s'ajouter à un précédent train de mesures annoncé fin août par le premier ministre François Fillon.

La réaction de Jean-François Copé sur ITélé

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Bruxelles demande à la France de nouvelles mesures

Alors que Paris a bouclé son budget sur une prévision de croissance de 1%, Bruxelles mise désormais sur une croissance de 0,6% en 2012. La Commission européenne veut d'ailleurs que Paris prenne de nouvelles mesures pour réduire le déficit public en 2013 et le ramener à 3% du PIB puis à l'équilibre en 2016.

Signe de l'inquiétude des marchés sur la capacité de la France à réduire son endettement, l'écart entre le taux des obligations à 10 ans de l'Allemagne et de la France sur le marché de la dette a atteint un nouveau plus haut historique jeudi, à 170 points.

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