Les députés restreignent l'aide médicale aux sans-papiers
C'est une aide médicale dont on parle peu - beaucoup moins en tout cas que la CMU : l'AME, l'aide médicale d'Etat, est une couverture médicale gratuite, pour les étrangers en situation irrégulière aux faibles ressources (moins de 634 euros par mois pour une personne seule).
L'AME est dans le collimateur des députés de la majorité, qui dénoncent des fraudes massives. La gauche, elle, critique des mesures très droitières. "Avec ces amendements vous chassez sur les terres du Front national", a dit le socialiste Jean Mallot.
De fait, l'AME coûte de plus en plus cher : 476 millions d'euros en 2008, 540 millions l'an dernier. 535 millions prévus cette année, et 588 millions prévus dans le budget 2011.
Du coup, les députés UMP ont proposé - et l'Assemblée nationale a adopté - un amendement qui prévoit d'instaurer un droit d'entrée de 30 euros pour l'AME. Cela devrait permettre d'économiser 6 millions - une paille. Mais c'est tout un symbole, politiquement...
Car le débat a déjà eu lieu, lors du projet de loi sur l'immigration, le mois dernier. Les députés avaient adopté une limitation de l'accès à un titre de séjour pour les étrangers gravement malades, mais les amendements visant l'AME avaient été renvoyés à l'examen du budget 2011.
Un autre amendement prévoit d'exclure du panier de soins pris en charge à 100% des bénéficiaires de l'AME certains actes, produits ou prestations dont le service médical rendu est "faible" ou qui ne sont pas destinés directement au traitement d'une maladie comme les cures thermales ou le traitement de la stérilité.
_ Enfin, les députés UMP ont limité les ayants droit "aux conjoints et
enfants, en excluant les ascendants, les descendants (sauf enfants) et les
collatéraux jusqu'au troisième degré.
Les associations de santé publique et de soutien aux étrangers dénoncent, elles, un "non-sens en terme de santé publique".
_ Dans une tribune parue sur Le Monde.fr, des responsables associatifs estiment que "les restrictions prévues pour l'Aide médicale d'Etat sont dangereuses pour la santé publique, financièrement contre-productives et contraires aux valeurs éthiques et déontologiques qui fondent nos actions de solidarité et de soins."
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