Législatives : Nadine Morano, François Fillon et les valeurs du FN
François Fillon s'est déplacé, mercredi 13 juin, à Toul pour venir en soutien à Nadine Morano, menacée dans sa circonscription et qui en a appelé aux électeurs du FN. "Je partage les mêmes valeurs que Mme Morano", a dit l'ancien Premier ministre.
- Quand Morano en appelle aux électeurs FN
"J'en appelle aux électeurs du Front national, qui partagent nos valeurs." Sans ambages, dès le lendemain du premier tour des élections législatives, Nadine Morano faisait un appel du pied aux électeurs frontistes.
Mise en ballottage dans la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle avec 34,33% face au candidat socialiste Dominique Potier, arrivé en tête avec 39,29% des voix, l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy devra compter sur un bon report des 16,45% du candidat FN.
Un choix stratégique qui s'explique par le fort déclin de son score par rapport à 2007 où elle avait recueilli 47,66% des suffrages dès le premier tour (contre 5,36% pour le FN).
- Après Longuet, Morano s'exprime dans Minute
Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire d'extrême droite Minute, Nadine Morano a renouvelé, dès mardi, cet appel aux électeurs du FN.
"J'appelle tous les électeurs - dont ceux du FN - à se reporter sur ma candidature et sans état d'âme, car il en va de l'avenir de la France", dit-elle. Et d'ajouter : "Pour moi, les électeurs du Front national n'ont pas à être rejetés de la République. À ce que je sache, le Front national n'est pas interdit par la République."
Fait peu courant, Nadine Morano est le deuxième ministre ou ex-ministre de Nicolas Sarkozy à s'exprimer dans les colonnes de l'hebdomadaire d'extrême-droite en moins de deux mois. Le 1er mai déjà, Gérard Longuet voyait en Marine Le Pen un "interlocuteur" possible de l'UMP. Une sortie qui n'avait pas manqué de créer la polémique, le ministre étant alors désavoué par Jean-François Copé et critiqué par Rachida Dati.
Réunie en bureau politique lundi, l'UMP s'est prononcée à l'unanimité en faveur de la formule du "ni Front national, ni front républicain", excluant tout accord avec le parti d'extrême droite mais aussi tout désistement en faveur de la gauche dans les situations de triangulaires avec des candidats FN.
- Levée de bouclier à gauche
"L'UMP est un parti qui se cherche idéologiquement, il a fini par se faire prendre au jeu de la transgression", confiait en réaction Olivier Faure, candidat PS dans la 11e circonscription de Seine-et-Marne et conseiller spécial de Jean-Marc Ayrault, à FranceTv2012.
Outre les réactions du PS face à la stratégie du "ni-ni" de l'UMP face au FN, SOS racisme s'en est également pris à Nadine Morano. L'association antiracisste lui reproche ses "compromissions idéologiques pour sauver son siège de députée" et ses "appels du pied grossiers à l'endroit du FN", la traitant de "candidat de la honte".
- Le soutien de Fillon
En mauvaise posture, Nadine Morano a ainsi reçu mercredi la visite et le soutien de François Fillon. L'ancien Premier ministre a affirmé mercredi qu'il partageait "les mêmes valeurs" que Nadine Morano, en difficulté aux législatives en Meurthe-et-Moselle, sur le droit de vote des étrangers, l'immigration et Schengen, et dénoncé une "instrumentalisation" par la gauche.
Mme Morano "a déclaré que les électeurs du FN partageaient les mêmes valeurs qu'elle et moi je partage les mêmes valeurs que Mme Morano", a déclaré François Fillon, interrogé lors d'une visite à Toul sur ces thèmes, évoqués par l'ex-ministre dans un entretien à l'hebdomadaire d'extrême droite Minute.
"Les valeurs de Mme Morano, ce n'est pas les valeurs du Front national", a ensuite souligné l'ancien Premier ministre, selon qui "tous les candidats appellent les électeurs à voter pour eux".
Mme Morano a dit que bcp d'électeurs du FN partageaient les valeurs de Mme Morano. Les valeurs de Mme Morano ne sont pas les valeurs du FN !
— Fillon Paris 2012 (@FillonParis2012) Juin 13, 2012
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