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Le Nouveau Centre peut-il exploser pendant la campagne ?

Mercredi 4 janvier, Hervé Morin a présenté son équipe de campagne. L'occasion de tirer à boulets rouges sur la candidature de François Bayrou. Une façon peut-être de dissuader ceux qui dans son camp seraient prêts à se rallier au MoDem.
Article rédigé par Daïc Audouit
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Hervé Morin et son équipe de campagne (DR)

Mercredi 4 janvier, Hervé Morin a présenté son équipe de campagne. L'occasion de tirer à boulets rouges sur la candidature de François Bayrou. Une façon peut-être de dissuader ceux qui dans son camp seraient prêts à se rallier au MoDem.

Un à un, les membres de l'équipe de campagne d'Hervé Morin montent à la tribune se faire prendre en photo. Notamment les six directeurs politiques parmi lesquels on retrouve le député européen Jean-Marie Cavada, le député Charles de Courson ou la sénatrice Catherine Morin-Desailly (aucun lien de parenté avec le candidat).

"Un peu plus au centre" demande le photographe. Sourire du député Jean Dionis du Séjour qui plaisante : "nous sommes le centre clair".

Néanmoins une assistante s'inquiète : "la lumière elle n'est pas un peu trop orangée?".

Au cas où on confondrait avec une réunion du MoDem à cause du code couleur. La méprise est possible. Car autour de M. Morin, quasiment tous les visages étaient déjà aux côtés de François Bayrou en 2007.

Bayrou ? "Il n' a pas changé un iota depuis 2007"

En cette rentrée, il s'agit donc pour M. Morin de se différencier du Béarnais sur un mode vachard comme il est de coutume entre anciens amis.

Sur les déficits, M. Bayrou ne proposerait rien de neuf. "Je peux vous faire son discours de A à Z. Il n' a pas changé un iota depuis 2007", déclare M. Morin. Le produire français? Une "escroquerie intellectuelle". Sur la TVA sociale, le candidat du MoDem serait frappé "d'amnésie".

Bref, même si le président du Nouveau Centre pointe ses diférrences avec l'UMP sur la politique fiscale ou sur l'accueil des étrangers, c'est bien une attaque en règle contre M. Bayrou.

Comme le résume M. Dionys du Séjour : "il faut que la primaire centriste commence".

Les risques d'éclatement

Sauf que dans les sondages, elle semble déjà terminée. M. Morin fait-il courir alors le risque d'une explosion du Nouveau Centre ?

C'est l'argument que développent les opposants internes à sa candidature. Le 11 janvier, la sénatrice Valérie Létard, André Santini ou François Sauvadet, parmi d'autres, ont invité a l'Assemblée nationale des délégués départementaux du Nouveau Centre pour leur expliquer leur choix. en espérant les convaincre.

Car le parti peut très bien se diviser en trois pendant la campagne : ceux qui soutiennent M. Morin, ceux qui soutiennent M. Sarkozy et élément récent ceux qui pourraient soutenir M. Bayrou.

M. Morin affirme détenir 250 promesses de parrainage

Dans l'entourage de l'ancien ministre de la défense, on ne croit guère à ce scénario. "Il y aura une minorité qui soutiendra Sarkozy et ça on peut le gérer", confie un proche de M. Morin. Quant au ralliement au MoDem, ils l'écartent rapidement.

"Ce serait par pur opportunisme politique et après la parenthèse Borloo, cela commencerait à se voir", explique Aziz Senni qui étrenne ses galons de porte-parole de la campagne de M. Morin en visant sans le nommer Jean-Christophe Lagarde.

Celui-ci a fait part avant Noël d'une certaine bienveillance à l'égard de son candidat de 2007. Pourrait-il le rejoindre et impulser ainsi un mouvement ? Il est encore trop tôt pour se prononcer. Mais il regrette les attaques de M. Morin. "Ca ne me semble pas très malin de préparer le rassemblement des centristes après la présidentielle en insultant Bayrou. Je ne vois pas l'intérêt", déclare M. Lagarde à FTV 2012.

Mais si au niveau des élus et des parlementaires, très peu devraient rallier M. Bayrou, cela pourrait être "différent au niveau des fédérations locales", selon certains élus du parti.

M. Morin, qui affirme détenir 250 promesses de parrainage, peut espérer une certaine neutralité de la part de l'UMP en tâclant ainsi M. Bayrou. Si la progression de celui-ci se confirmait dans les sondages, il pourrait devenir un allié objectif du président de la République en occupant un peu l'espace politique au centre.

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