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La presse commente l'intervention de Nicolas Sarkozy sur France 2

Au lendemain de son passage sur France 2, la presse commente la prestation de Nicolas Sarkozy. Si une partie souligne la pugnacité du président candidat, une autre dénonce la droitisation de son discours et regrette la polémique sur le halal.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Les Unes du Figaro et de Libération, mercredi 7 mars 2012. (CR)

Au lendemain de son passage sur France 2, la presse commente la prestation de Nicolas Sarkozy. Si une partie souligne la pugnacité du président candidat, une autre dénonce la droitisation de son discours et regrette la polémique sur le halal.

L'intervention de Nicolas Sarkozy était attendue, mardi soir, par ses supporters et scruté avec soin par les éditorialistes.

Si, sans grande surprise, le Figaro titre "Sarkozy : L'opération vérité", Libération écrit à sa Une : "Droite : la grande boucherie". Plus surprenant, le premier ne consacre aucun édito à la prestation du chef de l'Etat et s'en tient à la retranscription des principales déclarations du président candidat.

Le Figaro

"Une longue partie de l'émission s'est arrêtée sur les aspects personnels - plus de 45 minutes, renvoyant après 21h30 le début du débat sur le fond", peut-on lire en page 3 du quotidien.

Le chef de l'Etat s'est beaucoup expliqué sur son style dans cette émission qui veut mettre l'accent sur la personnalité des candidats. Il a aussi fait plusieurs annonces. Il s'est prononcé pour un parrainage citoyen des candidats à l'Elysée. Par ailleurs, il a suggéré de limiter les prestations sociales pour les étrangers. Mais pour faire bonne mesure, il a aussi promis 'un impôt minimum sur les entreprises du CAC 40' qui souvent ne le payent pas en France", souligne par ailleurs Charles Jaigu.

Libération

"Qui peut dire, aujourd'hui, ce que défend Nicolas Sarkozy, quelle est sa vision du monde, de l'Europe, de la France ? Qui peut, derrière les fleurs fanées d'une rhétorique usée jusqu'à la corde, déceler la moindre cohérence dans la succession des propositions égrainées au fil de l'actualité et des sondages secrets de M. Buisson ? Off, les sarkozystes les plus fervents décrivent non seulement leur exclusion d'une équipe de campagne dont les membres se comptent sur les doigts d'une main, mais aussi leur accablement", écrit Nicolas Demorand.

On, certaines grandes voix de la droite prennent d'une voix flûtée leurs distances avec la stupide polémique sur la viande halal, sujet d'abord déclaré annexe avant de devenir grande cause nationale et préoccupation première des Français. Parvenir, en 2012, sur un sujet pareil, à susciter une grotesque guerre de religions et à se faire donner des leçons de sereine laïcité par les représentants des musulmans et des juifs de France relève de l'exploit, désopilant s'il n'était nauséeux et inflammable."

Parvenir, en 2012, sur un sujet pareil, à susciter une grotesque guerre de religions et à se faire donner des leçons de sereine laïcité par les représentants des musulmans et des juifs de France relève de l'exploit, désopilant s'il n'était nauséeux et inflammable", conclut le journaliste.

L'Humanité
"(...) Nicolas Sarkozy a entamé hier soir sur France 2, par un débat avec le socialiste Laurent Fabius, un parcours de présence télévisuelle intense, une semaine de bombardement médiatique qui s'achèvera par un rassemblement à Villepinte. Ces prestations ont été présentées comme décisives par une équipe de campagne gagnée par la nervosité et l'inquiétude.

Mais la parole du président sortant est décrédibilisée. Tant de promesses et autant de mystifications ont lassé la majorité des Français, au point que ses propos aujourd'hui font l'effet d'un disque rayé sur un vieux gramophone. Après avoir cru utiliser un joker en annonçant des référendums de circonstance " pour rendre la parole au peuple ", lui qui a piétiné le vote des Français sur l'avenir de la construction européenne, le voilà aujourd'hui qui se livre à une course à l'échalote avec l'extrême droite. (...)

Que penser enfin de l'incroyable diversion sur la viande halal et casher dans la bouche du président sortant et du premier ministre ? Est-ce là parole d'hommes d'État ? ", s'interroge Jean-Paul Piérot.

La Croix

Remettre en question les prescriptions sur l'alimentation halal ou casher, 'c'est déjà piétiner un droit fondamental' inscrit au premier article de la Constitution française", écrit Dominique Greiner.

Presse quotidienne régionale

La Montagne

"Sur la défensive souvent, le candidat de l'UMP a renvoyé par moments l'image d'un homme seul défendant ses réformes. Bon dans l'esquive et dans sa critique des insuffisances jospiniennes mais sans réussir à les faire porter par François Hollande. Redevenu président des riches par la meurtrière banderille des 75 % et chasseur sur les terres sulfureuses du Front national, Nicolas Sarkozy voulait hier reprendre la main et imposer au débat de coller à son rythme et à ses propositions.

Mais en repartant en campagne avec les thèmes de 2007, il donne le sentiment que l'exercice du pouvoir n'a lissé aucune des aspérités de l'hyper-président."

Midi Libre

"Se décrivant émotif et passionné. Ne manquaient plus que les trémolos dans la voix. N'empêche : en optant pour un jeu de la vérité qui s'apparente à celui de la dernière chance, Nicolas Sarkozy cherche une issue à l'étau qui se resserre. Et à se rabibocher avec un pays qui pourrait transformer ce deuxième tour de scrutin en référendum - pour ou contre Sarkozy -. Fin stratège, il s'attelle à la reconquête des électeurs. Côté coeur.", analyse Philippe Palat.

Les Dernières nouvelles d'Alsace
"(...) Mais si la volonté d'en découdre reste intacte, la force de conviction qui a fait des miracles en 2007 s'est émoussée. Le président sortant est souvent sur la défensive.

Il est amené à se justifier de beaucoup de choses, ce qui transforme la défense de son bilan en plaidoyer pro domo et le place en position de victime là où il donnait l'habitude de partir à l'attaque, flamberge au vent. Parce que sa campagne patine, Nicolas Sarkozy semble à contre-emploi", commente Dominique Jung.

L'Eclair des Pyrénées

"En insistant sur cette affaire le débat sur la viande halal, ndlr) somme toute marginale, les amis de Nicolas Sarkozy n'ont-ils pas voulu jouer avant tout le premier tour, au risque de laisser le terrain libre à François Hollande ? N'ont-ils pas surtout abandonné à 'l'adversaire' le meilleur terrain dont disposait le président sortant : la gestion de la crise financière européenne ?

Toutes choses égales par ailleurs, Nicolas Sarkozy a longtemps semblé renouveler l'erreur de Valéry Giscard d'Estaing face à Mitterrand en 1981 : il refusa alors de mettre en avant la politique de rigueur (de Raymond Barre) et en perdit ainsi tout le bénéfice.", fait valoir Georges Valance.

L'Union et l'Ardennais

"Plutôt que d'insister sur son action, remarquée partout sauf à Paris, lors des temps les plus critiques de la crise, Nicolas Sarkozy durcit et droitise son discours sans assécher le vivier lepéniste et en éloignant les plus centristes de sa majorité de 2007.

Son entrée en campagne est un échec parce qu'il s'est engagé dans une course 'à droite toute', suicidaire dans une France qui n'a cessé de s'ancrer à gauche à chaque scrutin depuis le début de son quinquennat.", estime Hervé Chabaud.

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