Le second 49.3 activé par Elisabeth Borne est "la marque d'une crise politique profonde", selon Eric Coquerel
La Première ministre Elisabeth Borne a actionné jeudi l'article 49.3 sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) après l'avoir déjà utilisé mercredi sur la première partie du projet de budget pour 2023.
Le second article 49.3 activé par Elisabeth Borne en 24 heures est "la marque d'une crise politique profonde", a réagi jeudi 20 octobre sur franceinfo Eric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, député LFI de Seine-Saint-Denis. La Première ministre a engagé de nouveau jeudi à l'Assemblée nationale la responsabilité du gouvernement sur la partie recettes du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), après l'avoir déjà engagé mercredi sur la première partie du projet de budget pour 2023.
Ce jeudi, "les raisons pour lesquelles madame Borne s'est retrouvée dans cette situation, c'est que sa majorité était ultra-minoritaire dans l'Assemblée, affirme Eric Coquerel. Soit c'était une démobilisation subie des députés macronistes, soit c'était l'organisation d'une désertion." Mais selon lui, "dans les deux cas, cela veut dire qu'il y a une crise profonde. Madame Borne peut dire ce qu'elle veut : elle n'a pas de majorité à l'Assemblée et, à mon avis, ce n'est pas près de s'arrêter".
Emmanuel Macron "va devoir se rendre compte de l'évidence"
Eric Coquerel estime qu'il est "possible" que les députés de la majorité aient fait exprès d'être minoritaires ce jeudi pour voter les premiers articles. "Je suis un peu un témoin privilégié", souligne le président de la commission des Finances. "En même temps" que les votes dans l'hémicycle, "vous avez des commissions qui se déroulent. Et, traditionnellement, quand vous avez une commission et qu'il y a des votes importants" dans l'hémicycle, "votre commission se déserte. Vous avez des demandes de suspension pour aller voter. Or, là, tous les députés macronistes qui étaient dans la commission sont tout le temps restés. Il n'y a eu aucun moment où j'ai l'impression qu'ils ont tenu à être un renfort nécessaire pour faire passer tel ou tel article". Quelle que soit l'hypothèse, c'est "le résultat d'une majorité qui est déjà épuisée, qui ne voit pas tellement de sens à ses votes, qui est divisée et qui n'est plus en capacité d'apporter une quelconque aide au gouvernement", insiste Eric Coquerel.
Le député estime que "dans les semaines à venir", avec les autres parties du projet de loi de finances d'un côté et du financement de la Sécurité sociale de l'autre, "on ne voit pas très bien comment madame Borne va pouvoir tenir très longtemps". Eric Coquerel ajoute qu'Emmanuel Macron "va devoir à un moment donné se rendre compte de l'évidence : il est minoritaire à l'Assemblée nationale, et dans ces cas-là, vous ne pouvez plus gouverner. C'est à lui d'en tirer les conséquences".
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