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La bataille des OGM s'ouvre à l'Assemblée

Les députés ont entamé l'examen du projet de loi sur les organismes génétiquement modifiés. Ce texte, présenté par les ministres de l'Ecologie et de l'Agriculture, avait été adopté le 8 février par le Sénat, après avoir été profondément modifié. Il est vivement critiqué par l'opposition et tout particulièrement par les députés Verts qui ont décidé, selon les mots de Noël mamère, de {"se battre comme des chiens"} contre le texte.
Article rédigé par franceinfo
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Ambiance houleuse entre pro et anti-OGM. Pris en tenaille entre une majorité UMP favorable au développement des biotechnologies et des écologistes qui entendent se battre pour faire respecter les conclusions du Grenelle de l'environnement, le gouvernement a défendu un texte qui permettra selon lui de sortir du "flou" sur les organismes génétiquement modifiés et de mettre la France en conformité avec ses obligations européennes. En fait, le projet de loi prévoit une "coexistence" des cultures OGM et non-OGM. Si les grands principes du texte n'ont pas été modifiés lors de son examen par la Haute assemblée, les sénateurs en ont largement amendé les modalités d'application dans un sens plutôt favorable aux semenciers.

A quelques heures de l'ouverture du débat, le sénateur UMP Jean-François Legrand, président de la provisoire Haute Autorité sur les OGM, avait ouvert les hostilités en dénonçant dans Le Monde "des intérêts mercantiles, ripolinés pour les rendre sympathiques", défendus au sein même de son parti par les pro-OGM. En réponse, depuis la tribune de l'hémicycle, le rapporteur de la loi Antoine Herth (UMP) a dénoncé "l'ampleur des pressions qui frisent parfois les tentatives d'intimidation". Noms d'oiseaux, climat de suspicion, accusations jugées "inacceptables" par le président de l'Assemblée Bernard Accoyer, l'ambiance était lourde au Palais Bourbon cet après-midi. Le leader altermondialiste José Bové, opposant acharné aux OGM et faucheur occasionnel, comptait les points dans les tribunes réservées au public, aux côtés de représentants des ONG.

Afin de recadrer les termes du débat, le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a indiqué que la loi avait "vocation à répondre aux aspirations de notre temps: transparence, qualité, prévention des dégâts prévisibles (...) liberté de choisir son mode de production et de consommation et protection de la diversité biologique". Mais pour le groupe socialiste, qui avait déposé une exception d'irrecevabilité, rejetée, le texte "fait le choix de la liberté des uns contre la liberté des autres". Les Verts ont également estimé que l'UMP allait "voter une loi aménagée selon les intérêts des semenciers" et qualifié de "non sens démocratique" "l'acharnement du gouvernement à permettre la culture d'OGM en plein champ".

Face à ces positions tranchées, qui semblent inconciliables malgré les engagements à l'unanimité lors du Grenelle de l'environnement, des apiculteurs du Gâtinais ont adressé du miel aux 577 députés en leur demandant de ne pas voter cette loi. Tandis que massés à l'extérieur, une centaine de manifestants anti-OGM ont promis de rester mobilisés jusqu'à la fin des débats, attendue vendredi au plus tard.

Anne Jocteur Monrozier, avec agences

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