L'université d'été socialiste s'est officiellement ouverte vendredi après-midi avec l'intervention de Ségolène Royal
Puissance régionale invitante, l"ex candidate à la présidentielle a donné d'emblée le ton de ces universités.
En perdant les trois dernières élections présidentielles, la gauche a contracté une dette envers les Français a lancé Mme Royal enchaînant aussitôt. "Par notre travail et par notre unité, nous allons incarner une espérance".
.
S'appuyant sur ses succès en Poitou Charente, Mme Royal s'est interrogée: "Pourquoi ce qui est possible à l'échelle d'une région, ne le serait pas à l'échelle du pays" ? Manière d'introduire une sévère critique à l'égard de Nicolas Sarkozy.
Déclinant de nombreux thèmes, Mme Royal a multiplié les exemples pour illustrer ce qui pourrait être le socle du programme socialiste. "L'homme doit être au coeur de l'économie" a-t-elle souligné, prônant le développement d'un autre modèle économique. "L'entrée de l'Etat, de l'autorité publique dans le capital des entreprises. C'est ce que nous avons fait à Heuliez avec la Région, actionnaire de l'entreprise. (...) Si ça marche, l'Etat pourrait le faire au niveau national notamment dans les banques. Conditionner les aides publiques à l'interdiction de délocaliser quand il y a des profits. Si ça marche ici, ça doit marcher au niveau national".
Autre proposition de Mme Royal, encourager le dialogue social en reconnaissant notamment l'utilité publique des organisations syndicales. "Nous avons créé un observatoire des difficultés d'entreprises dans les bassins d'emplois qui réunit les chefs d'entreprises des PME et les salariés" a-t-elle souligné prônant par ailleurs la création d'une sécurité sociale professionnelle et du service public de la formation professionnelle, des idées déjà évoquées dans les rangs socialistes.
Concrète, pragmatique, Ségolène Royal poursuit sa démonstration mais c'est lorsqu'elle s'en prend à la politique du gouvernement, que plus "mordante", elle est aussi plus applaudie.
De l'échec d'une méthode...
"Depuis trois ans, les atteintes à l'intégrité physique des personnes (...) ont massivement augmenté. Cet échec est l'échec d'un homme: Nicolas Sarkozy" dénonce Mme Royal dans la seconde partie de son discours. "C'est l'échec de sa politique qui a aboutit à la diminution du nombre des forces de l'ordre. C'est l'échec de ses lois, une quinzaine au bas mot dont la succession suffit à prouver l'inefficacité. Mais plus fondamentalement, c'est l'échec d'une méthode".
Plus qu'à l'aise que d'autres socialistes sur cette question, Mme Royal se pose en rassembleuse et l'assure sans complexe: "La Sécurité n'est pas de droite. C'est une valeur universelle qui appartient à tout le monde. Il n'y a pas d'un côté les socialistes rigides et de l'autre les socialistes laxistes. Il y a, pour les socialistes, dans ce domaine comme dans les autres, la volonté de donner plus à ceux qui ont le moins".
... à un système corrompu
C'est sur la question morale, que Mme Royal est la plus virulente envers la majorité. Revenant sur le feuilleton politico-judiciaire de l'été (l'affaire Woerth-Bettencourt), Mme Royal, comme d'autres avant elle, souligne qu'il "n'y a toujours pas d'enquête ni de juge d'instruction, ce qui serait inimaginable dans n'importe quelle autre démocratie".
"Quand le culte et la fascination pour l'argent conduit un pouvoir corrompu à mélanger les intérêts privés et bien public au plus haut niveau de l'Etat, alors il ne faut pas s'étonner que s'écroule les repères les plus élémentaires d'une société. Oui, le système Sarkozy est corrompu".
A cet instant, Mme Royal retrouve des accents de campagne
Plus que deux ans
En cette rentrée 2010, l'heure n'est pourtant pas à la division. Au contraire. "L'union, c'est un combat, c'est un bien commun. Moi, je fais tout pour ça" affirme Mme Royal bien consciente que "les gens ne nous pardonneraient de nouvelles divisions avec trois échecs présidentiels d'affilée".
"Dans deux ans, nous pourrons mettre fin à cette présidence qui cherche à diviser notre nation parce qu'elle croit que c'est ainsi qu'elle pourra être réélue".
Mais inutile de demander à Mme Royal si elle se sent prête à mener ce combat. "Un candidat ou une candidate ce n'est pas la question du jour. Aujourd'hui ce qui compte c'est que nous nous mettions en marche ensemble. Nous devons collectivement et dans l'unité surmonter beaucoup d'obstacles" prévient-elle en fin de discours.
Mêlant la parole aux actes, et après avoir répété une dernière fois "Oui c'est unis que nous gagnerons" Mme Royal a quitté la tribune puis la salle, au côté de la première secrétaire du PS Martine Aubry. Tout un symbole.
Au premier jour de cette université PS 2010, l'unité de façade est donc assurée. Mais si les prochains moins seront indispensables à la mise au point du projet socialiste, articulé autour de propositions claires et précises, ils pourraient bien s'avérer un peu long pour contenir les ambitions.
Ségolène Royal sur France 2
"Tous les jours il y a des révélations de scandales, il y a une grave crise morale.
L"agressivité augmente" a déclaré l'ex prétendante à la présidence française en 2007 lors du journal de 20h00 de France 2, en duplex de La Rochelle.
"L"exemple de la justice ne doit pas être à plusieurs vitesses, celle pour les plus nantis et celle pour les plus démunis", a-t-elle ajouté.
Concernant la délinquance juvénile, Ségolène Royal a préconisé un "encadrement militaire des jeunes délinquants".
Martine Aubry sur TF1
La première secrétaire du PS Martine Aubry a déclaré vendredi sur TF1 que la rentrée était "grave" pour beaucoup de Français sur le plan économique mais que désormais les socialistes étaient "unis" pour tenter de les convaincre qu'une "autre France" est possible".
"La rentrée est grave. Beaucoup de Français ne sont pas partis en vacances
d'autres attendent cette rentrée scolaire avec inquiétude" face aux "licenciements", aux "problèmes de pouvoir d'achat", à "l'augmentation (du prix) du gaz, de l'électricité, on nous dit même, des médicaments", a dit Martine Aubry.
Il faut "convaincre les Français qu'il y a un autre modèle possible pour notre pays, une autre France possible, qui s'appuie sur ses atouts, sur les talents de notre pays, au lieu de
nous opposer, diviser, accroître l'injustice", a-t-elle poursuivi.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.