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Jean-Luc Mélenchon oppose aux normes comptables de Nicolas Sarkozy les normes du "droit de vivre"

Et de deux. Après le succès de la Bastille, la réussite du Capitole. Jeudi soir, la place centrale de la ville rose était noire de monde, des milliers de personnes venues écouter le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
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Jean-Luc Mélenchon tient meeting à Toulouse, le 5 avril 2012. (AFP - Eric Cabanis)

Et de deux. Après le succès de la Bastille, la réussite du Capitole. Jeudi soir, la place centrale de la ville rose était noire de monde, des milliers de personnes venues écouter le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon.

Envoyée spéciale, Toulouse. 70.000 partisans, selon le staff du Front de gauche, rassemblés sur la place du Capitole et dans les rues adjacentes. Davantage que lors des grandes victoires du Stade Toulousain. C'est dire en ses terres rugbystiques.

Sans Bouclier de Brennus mais cravate rouge au cou, Jean-Luc Mélenchon, n'a pas usé de saillies "audiardesques" comme à l'accoutumée.

Voix grave et débit maîtrisé, comme à la Bastille, le candidat du Front de gauche (FG) s'est centré jeudi soir sur deux sujets : le président sortant, Nicolas Sarkozy, et la question internationale avec en filigrane le rappel de quelques grands classiques du FG : le partage des richesses, la planification écologique et la citoyenneté.

Mélenchon comptable

Quelques heures après que Nicolas Sarkozy ait présenté son programme et mis en cause le réalisme de celui de Jean-Luc Mélenchon, ce dernier lui a directement répondu.

"Je vous demande moi des comptes pour le malheur que vous répandez et pour le coût que représente l'ignorance" liée à la suppression "des postes d'enseignants. Je vous demande des comptes (…) pour la petite enfance pillée, les départs à la retraite retardés, le saccage de la justice des mineurs".

Fidèle à cette tradition de la gauche française, pour qui le progrès reste le moteur de l'histoire et l'action concrète, la finalité du combat politique, il a enchaîné d'une voix sentencieuse : "Je vous demande des comptes pour cette société absurde (...) Je vous demande des comptes pour avoir mis en cause ce que la grande et glorieuse Révolution de 1789 avait appelé comme le premier de tous les droits, le droit à l'existence".

Avant de déclarer : "J'en fais l'aveu. Notre programme en effet n'est pas réaliste d'après vos normes comptables mais il est réaliste d'après les nôtres, et les nôtres s'appellent, le droit de vivre".

Mélenchon anti dépresseur

Militants du Parti communiste ou sympathisants de l'extrême gauche, sûrs de leur votes ou encore hésitants… les soutiens de M. Mélenchon apprécient la ligne politique, la conduite de la campagne et le cap fixé par l'eurodéputé.

"Je tiens le NPA dans mon cœur, mais on a besoin d'avoir une gauche unifiée pour agir", confie ainsi une jeune militante quelques minutes avant le discours du candidat. "Le défaut du NPA, c'est de s'isoler", ajoute cette chômeuse, remerciée par la Caisse d'Epargne après 5 ans de CDD.

"Avec Mélenchon, c'est la vraie gauche, une gauche sociale, antilibérale", confie plus loin un retraité qui suit l'homme depuis son entrée au Parti socialiste.

Logique dès lors que le discours de l'ancien trotskiste ait résonné fort aux oreilles de cet électorat jeudi soir, quand il affirmé : "Ah non, ce n'est pas vivre que de passer son temps à survivre". "On ne peut vivre heureux dans un océan de malheurs. On ne peut vivre heureux avec huit millions de pauvres, huit millions de mal logés dans la 5ème puissance du monde".

Et surtout quand il a affirmé : "Nous allons ouvrir la brèche dans le mur de la résignation et nous nous avons besoin de l'autorisation de personne".

Mélenchon, défenseur du "peuple souverain"

Mettant plus haut que tout "la souveraineté du peuple", M. Mélenchon a ensuite abordé le volet international.

Rappelant que le Front de gauche était partisan de la "sortie du commandement intégré de l'OTAN et de l'alliance elle-même", il a proposé de soumettre cette question à référendum populaire, ainsi que le sujet européen, autre thème fort de la soirée.

"Quel est le sens de cette élection si vous nous annoncez que, quoi que l'on fasse, en toute hypothèse, nous serons obligés par des accords internationaux de soumettre le budget de la France à l'approbation préalable de la Commission européenne, de soumettre tous nos emprunts à son accord préalable ?", a-t-il fait valoir.

Et d'affirmer : "Dès lors qu'il n'y a plus de souveraineté, l‘insurrection citoyenne est un devoir sacré de la République".

"Ou est notre liberté ?", a encore demandé M. Mélenchon.

"Elle est dans le bulletin de vote du Front de gauche", a-t-il conclu, non sans avoir rappelé le prochain grand rendez-vous, le 14 avril, à Marseille.

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