Infographie Remaniement : avec 14 ministres, Gabriel Attal a-t-il raison de revendiquer le gouvernement le plus "resserré" de ces dernières années ?

Le gouvernement de Gabriel Attal s'est réuni vendredi pour la première fois en Conseil des ministres à l'Élysée. Volonté affichée de l'exécutif, ce gouvernement "resserré" reste toutefois un effet d'annonce politique, comme le montre les précédents récents.
Article rédigé par Xavier Allain
Radio France
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Le Premier ministre Gabriel Attal lors du premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement, le 12 janvier 2024. (MICHEL EULER / POOL)

"Au travail !" : le gouvernement de Gabriel Attal s'est réuni vendredi 12 janvier pour la première fois en Conseil des ministres à l'Élysée, au lendemain de sa formation, avant une prise de parole d'Emmanuel Macron attendue en début de semaine prochaine. Autour de la table : le chef de l'État, Gabriel Attal et les ministres Bruno Le Maire (Economie et Finances) et Catherine Vautrin (Travail, Santé et Solidarités). Face à eux, le nouveau Premier ministre était installé entre Gérald Darmanin (Intérieur) et Amélie Oudéa-Castéra (Éducation nationale, Jeunesse et Sports). 

Pour la première fois, le Conseil des ministres s'est réuni dans le "salon vert" de l'Élysée, c'est-à-dire la salle de réunion et de travail du président à côté de son bureau, plus petite que le "salon des ambassadeurs" où il se tient d'ordinaire. Le choix de privilégier dorénavant cette pièce illustre, selon un conseiller d'Emmanuel Macron, ce gouvernement "resserré" de 11 ministres de plein exercice et trois ministres délégués.

"Un XV de France qui va agir en pack"

D'ailleurs, cette équipe est un gouvernement de "premières" : plus jeune Premier ministre de la Ve République, plus jeune ministre des Affaires étrangères de la Ve République et gouvernement le plus "resserré" de la Ve République. C'est du moins, sur ce dernier point, ce que revendique l'exécutif : avec onze ministres de plein exercice et trois délégués, c'est "le gouvernement le plus resserré de l'histoire", "un XV de France qui va agir en pack".

D'ailleurs, à l'avenir, seuls ceux qui ont été nommés jeudi siégeront systématiquement au Conseil des ministres. Là encore, c'est Emmanuel Macron qui voulait une équipe plus facile à coordonner, plus efficace, plus agile, explique l'Élysée.

En parlant de gouvernement le plus "resserré" depuis plusieurs années, l'exécutif dit-il vrai ? Franceinfo s'est plongé dans les archives du Journal officiel depuis 2007. Or, si l'on prend les premiers décrets de nominations depuis le gouvernement de François Fillon, alors Premier ministre de Nicolas Sarkozy, c'est vrai : les 14 ministres de gouvernement de Gabriel Attal sont bien le plus petit nombre de ministres nommés depuis au moins 17 ans.

C'est d'ailleurs largement moins que le gouvernement de Jean Castex avec quelque 43 membres de gouvernements au premier décret de nomination ou des 38 personnes du second gouvernement de Jean-Marc Ayrault, sous François Hollande.

Un effet d'annonce

Toutefois, cette équipe restreinte - également la plus jeune de la Ve République -, sera bientôt complétée par une liste additionnelle de ministres délégués et de secrétaires d'État. Ces nominations vont rapidement intervenir d'ici les prochains jours. De quoi faire gonfler ce gouvernement "resserré". Ainsi, dans une dizaine de jours, ils seront... 30, évalue Matignon. Selon les informations de franceinfo, la Santé, par exemple, dans le "super ministère" de Catherine Vautrin, a été promise à Agnès Pannier-Runacher, jusqu'ici en charge de l'Énergie. "Trente, c'est toujours plus resserré que 42", note un conseiller de Matignon.

Car, on le sait, en matière de communication politique, annoncer une équipe légère est une manière de montrer son action. Retour en mai 2007, avec le gouvernement "Fillon 1" et ses 15 ministres et 5 secrétaires d'État : une fois les élections législatives passées, le gouvernement "Fillon 2" a vu arriver quelque 11 secrétaires d'État supplémentaires.

Idem en 2017, avec le premier gouvernement d'Édouard Philippe, juste après l'élection d'Emmanuel Macron, qui compte seulement 22 membres. Un mois après les législatives et le raz de marée du parti présidentiel, il passe à 29 membres. Là encore, ce sont les secrétaires d'État qui font monter les effectifs.

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