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Goodyear Amiens : les syndicats font entendre leur voix

Plusieurs centaines de salariés de l'usine Goodyear d'Amiens-Nord ont manifesté devant le siège français de l'entreprise à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) mardi matin. Rejoints par d'autres salariés d'entreprises en difficulté, ils ont appris le retrait du repreneur potentiel, Titan, des négociations.
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Ils étaient entre 2.500 et 3.000 selon les syndicats, dont
au moins 700 salariés de l'usine Goodyear d'Amiens-Nord. Arrivés aux alentours
de 9 heures devant le siège social de Goodyear France à Rueil-Malmaison
(Hauts-de-Seine), ils s'étaient donnés rendez-vous pour une grande matinée de
mobilisation contre les plans sociaux en cascade en France.

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Un face-à-face tendu

Il fait encore nuit mardi quand une dizaine de bus affrétés
par la CGT démarrent sur le parking de l'usine Goodyear d'Amiens. A l'intérieur,
des salariés très remontés, arborant pour la plupart des t-shirts rouges barrés
de l'inscription "Goodyear, patrons voyous".

Près de deux heures et demie plus tard, à l'arrivée à
Rueil-Malmaison, les retrouvailles sont chaleureuses. A leurs côtés, des
salariés de PSA, ArcelorMittal, Sanofi, Fralib, Ford... que des entreprises
visées par des plans sociaux. Tous se sont retrouvés pour faire entendre leur
colère, sous les fenêtres du siège de Goodyear France qui accueille un comité
central d'entreprise. "On veut garder notre CDI" explique Mickaël
Mallet, délégué du personnel.

Face à eux, un dispositif policier impressionnant ; des
centaines de CRS bardés de protections et de boucliers antiémeutes. L'affrontement
aura bien lieu, mais sous la forme d'échauffourées sporadiques. Les
manifestants lancent des œufs, des bouteilles et de la peinture ; les CRS
répliquent en faisant usage de gaz lacrymogènes.

Titan, c'est fini

Avant même la fin du CCE, une nouvelle tombe, comme une
chape de plomb, sur les manifestants. Le ministre du redressement productif
Arnaud Montebourg vient de publier un communiqué, dans lequel il explique que l'unique
repreneur potentiel de l'usine, Titan International, ne reviendra pas à la
table des négociations. Le gouvernement affirme chercher des alternatives. Pour
Franck Jurek, secrétaire adjoint au comité d'entreprise de Goodyear, "ce
n'est pas une nouvelle [...] tout ça est une farce"
. Le syndicaliste ajoute :

"Si Titan ne revient pas, c'était vraiment de la
poudre aux yeux. Il avait dit que pour être numéro un mondial, il lui fallait l'usine
d'Amiens-Nord. C'était du pipeau."

Le groupe américain avait déjà abandonné les négociations à
l'automne dernier, après le rejet, par la CGT, de son plan prévoyant de garder
537 salariés sur les 1.173 au total que compte l'usine d'Amiens-Nord.

Coïncidence de calendrier, au même moment quatre syndicats
(CFE-CGC, CFTC, FO et SIA) se prononçaient en faveur du plan d'accompagnement
du plan social chez PSA. Un projet de 8.000 suppressions de postes et de
fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) que refuse
catégoriquement, là aussi, de signer la CGT.

Les syndicats divisés

Si la mobilisation de mardi matin est indéniablement un
succès, elle révèle aussi une fracture entre syndicats. La CGT, majoritaire à
Goodyear Amiens-Nord, ne fait pas l'unanimité.

A l'issue du CCE, à la mi-journée, quelques langues se
délient. Comme celle de Marc Jonet, délégué CFE-CGC, qui dispose d'une voix au
comité d'entreprise (la CGT et la CFDT en ont deux chacun) :

"La négociation a pris du plomb dans l'aile à cause du
jusqu'au boutisme du syndicat majoritaire [...] Titan n'est pas parti pour rien."

La CFE-CGC et la CFDT ont ainsi demandé qu'un cabinet d'experts,
Secafi, se charge de trouver une alternative au plan de sauvegarde de l'emploi.
Certains salariés affirment tout haut que négocier un plan de départs
volontaires serait un moindre mal, mais la CGT, pas plus aujourd'hui qu'hier,
ne veut en entendre parler. Pour l'instant, la direction a présenté lors du CCE
de mardi matin des mesures d'accompagnement de la fermeture de l'usine d'Amiens-Nord,
annoncée le 31 janvier dernier. Dans un communiqué, Goodyear Dunlop Tires France (GDTF) s'engage à "limiter au maximum les conséquences sociales" de la fermeture de l'usine. La direction propose dans son plan "au moins cent" postes dans le cadre des congés de reclassement. Au niveau des indemnités, les salariés avec plus de cinq ans d'ancienneté auraient un bonus de 20.000 euros.

Les syndicats se sont d'ores et déjà donné rendez-vous le 7
mars prochain, à l'occasion d'un nouveau comité d'entreprise. 

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