: Vidéo Le RN accusé d'être une "courroie de transmission" du pouvoir russe : "C'est l'arroseur arrosé", estime l'ONG Transparency International France
Pour le président de l’ONG Transparency International France, Patrick Lefas, le Rassemblement national est "l'arroseur arrosé", après la publication du rapport de la commission d'enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, pointant l'"alignement du Front national (devenu Rassemblement national) sur le discours russe".
Le RN est pointé du doigt, accusé d'être "une courroie de transmission" de la Russie, alors que le parti de Marine Le Pen avait lui-même lancé cette commission d'enquête dans le but de se débarrasser de l'image embarrassante de proximité avec le Kremlin. Toutefois, selon Patrick Lefas, qui a été auditionné dans le cadre de l’écriture du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, "le fond du sujet n'a pas été traité" et la commission "a manqué sa cible".
franceinfo : Est-ce que cela vous étonne de voir le RN, qui est pourtant à l'origine de cette commission, être mis en accusation dans ce rapport ?
Patrick Lefas : Non, pas du tout, parce que je pense qu'en proposant cette commission d'enquête, le Rassemblement national pensait pouvoir dévier la trajectoire et développer des analyses autour d'autres influences étrangères. C'est un petit peu l'arroseur arrosé.
Le rapport a été adopté par onze voix pour, cinq contre. Les Insoumis, notamment, se sont abstenus au motif qu'ils estiment que ce rapport n'est pas exhaustif sur l'influence d'autres États en France. Est-ce le cas ?
Il y a eu des questions concernant le Qatar, les États-Unis, la Chine, la Russie. Mais il me semble que ce n'est pas comme ça qu'il faut prendre le sujet. Ce qui est important, c'est de voir ce qu'est une ingérence étrangère. Comment elle s'exerce. Quelles sont les cibles ? Quels sont les moyens d'action ? Quelles sont les techniques utilisées ? Il faut donc définir le concept, ce qui n'a pas été fait, me semble-t-il, ou sous bénéfice d'inventaire à la lecture. Et donc cette commission d'enquête a manqué sa cible.
La commission n'est pas allée au fond du sujet selon vous ?
À mon sens, le fond du sujet n'a pas été traité. En tout cas, on attendait de cette commission d'enquête qu'elle traite des problématiques de la diplomatie, de l'espionnage, du lobbying, tout ce qui est autour de la représentation d'intérêts, de la corruption, des mobilités publiques-privées pour les responsables politiques comme pour les hauts fonctionnaires, le financement des partis politiques.
Sur l'encadrement des mobilités entre le privé et le public, la question spécifique qui est posée est celle du sort des anciens responsables nationaux qui monnaient leur talent et leur carnet d'adresses. Et de ce point de vue, il y a un enjeu d'exemplarité, de dignité quand on a été Premier ministre.
"Par exemple, quand François Fillon dit qu'il peut vendre des rillettes sur la place Rouge, il a juridiquement raison, mais politiquement tort."
à franceinfo
Plus globalement, est-ce que les mesures en France pour lutter contre les ingérences, pour plus de transparence la vie publique, sont suffisantes ? Est-ce qu'elles fonctionnent ?
Je pense que c'est ce à quoi la commission aurait dû s'attacher. Elle aurait dû faire le bilan, savoir comment la loi de 2013 sur la transparence de la vie publique a été faite. S'interroger aussi sur le financement des campagnes électorales qui pose encore des problèmes. Quelles sont les interférences qui s'exercent notamment sur les réseaux sociaux ?
Il y a des enjeux pour les autorités administratives indépendantes et il est important de voir comment on peut progressivement renforcer notre dispositif pour éviter que la démocratie ne soit mise en cause dans ces équilibres par des ingérences étrangères. Selon nous, il est essentiel que la lutte contre la corruption devienne une priorité nationale, une politique publique qui soit exprimée au plus haut niveau. Nous espérons que des progrès pourront être faits dans les prochaines années.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.