Cet article date de plus de neuf ans.

Parlement européen : les casseroles des partis alliés au Front national

Si Marine Le Pen peut se targuer d'avoir créé un groupe dans l'hémicycle de Bruxelles, mardi, les partis qui le composent traînent une sulfureuse réputation.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Marine Le Pen au Parlement européen, le 10 juin 2015. (FREDERICK FLORIN / AFP)

Marine Le Pen a annoncé, mardi 16 juin, la composition de son groupe au Parlement européen. Si la présidente du Front national disposait déjà du nombre d'élus nécessaires (37) au sein d'Europe des nations et des libertés, elle n'était, jusque-là, parvenue à rassembler que cinq nationalités dans cette coordination qui siégeait chez les non-inscrits. Or, pour former un groupe, il faut au moins 25 élus de 7 nationalités différentes.

DLTFTV_MAM_5257574
DLTFTV_MAM_5257574 DLTFTV_MAM_5257574

Selon les informations du Monde, en plus de ses alliés historiques que sont le PVV du Néerlandais Geert Wilders, le Parti de la liberté autrichien (FPÖ), la Ligue du Nord italienne et le Vlaams Belang en Belgique, Marine Le Pen a réussi à convaincre deux élus du parti polonais d’extrême droite KNP et une élue britannique, Janice Atkinson, exclue du parti europhobe Ukip, en mars, après que son assistant a été accusé de fausses factures.

L'eurodéputée frontiste a toutefois exclu d'intégrer à son groupe les élus du Jobbik hongrois et de l'Aube dorée grecque, qu'elle considère trop radicaux. Mais qui sont ses alliés au Parlement ? Et quel est leur passif ?

Le chant anti-immigrés de la Ligue du Nord (Italie)

Parti sécessionniste et régionaliste, la Ligue du Nord, sous l'impulsion de Matteo Salvini, 39 ans, a fait évoluer son message. Le secrétaire fédéral du parti a orchestré une nationalisation de son mouvement, d'abord destiné au nord de l'Italie. Non à l'immigration et non à l'euro : voici donc les deux morts d'ordre de la Ligue du Nord, désormais audibles dans toute la péninsule.

Ainsi le parti, créé en 1989, est crédité de 13 à 14% d'intentions de vote, l'équivalent de Forza Italia, mené par Silvio Berlusconi. Pourtant, "le racisme et l’islamophobie irriguent depuis longtemps la Ligue du Nord", analyse Le Monde, qui rappelle certains dérapages de ses élus. Roberto Calderoli avait, par exemple, comparé une ministre d'origine congolaise à un orang-outan. Le même député avait instauré le "jour du cochon", invitant les Italiens à promener leurs porcs aux abords des lieux de culte musulmans.

Aujourd'hui, Matteo Salvini est parvenu, en partie, à "dédiaboliser" son parti et à faire oublier les scandales politico-financiers qui l'ont un temps plombé. Mais chassez le naturel... Supporter du Milan AC, il propose à ses partisans, comme le montre ce portrait de France 2, de reprendre tous en chœur : "Qui ne saute pas est un immigré, hé !"

Les comparaisons osées du leader du Parti pour la liberté (Pays-Bas)

S'il ne siège pas au Parlement européen, le Néerlandais Geert Wilders, leader du Parti pour la liberté (PVV), a fièrement partagé une photo de lui et Marine Le Pen célébrant leur accord pour composer un groupe à Strasbourg, lundi 15 juin.

Fondé en 2006 par Geert Wilders, le Parti pour la liberté revendique les opinions nationalistes, anti-islam et eurosceptiques de son chef. Après une fulgurante ascension dans la vie politique néerlandaise, il a subi un revers l'année dernière lors des élections européennes, note Le Figaro. Sa campagne avait été marquée par une polémique, mars 2014, lorsqu'il avait déclaré qu'il voulait "moins de Marocains" aux Pays-Bas.

Profondément islamophobe, le député néerlandais a défrayé la chronique en 2008 en assimilant la religion musulmane à une "idéologie fasciste" et en comparant le Coran à Mein Kampf. Ce qui lui vaut des appels au meurtre d'Al-Qaïda. 

Le changement de nom -mais pas de politique- du Vlaams Belang (Belgique)

Parti d'extrême droite flamand, le Vlaams Belang est aujourd'hui représenté principalement par deux figures de proue : le député Filip Dewinter et l'eurodéputé Gerolf Annemans. Ce dernier, membre du groupe de Marine Le Pen au Parlement européen, a tenté de rompre en 2013 avec l'idéologie discriminatoire de son parti, héritier du Vlaams Blok, condamné pour racisme par la justice en 2004 et contraint de changer de nom.

"Je suis d'avis que nous ne devons pas ériger nos positions en terme de migration contre des gens mais bien contre les autres partis. Nous menons un combat politique, pas un combat contre des gens", déclarait-il alors, cité par la RTBF.

En Belgique, le Vlaams Belang est entouré d'un "cordon sanitaire", sorte de "pacte républicain" à la française : toutes les autres formations politiques refusent de gouverner avec ce mouvement issu du courant ultranationaliste. Le parti d'extrême droite se positionne aussi contre l'immigration, l'islam et le système monarchique belge. Aujourd'hui, comme beaucoup d'autres, le mouvement réoriente son combat en visant l'Europe. Il prône la disparition de l'UE et de l'euro.

Le passé nazi du Parti pour la liberté (Autriche)

Ce sont d'anciens nazis qui ont fondé le FPÖ ou Parti pour la liberté autrichien en 1955, rappelle Libération. Et le journal d'analyser : "Il se définit comme 'patriote et social' – ce qui n’est pas très loin de 'national et socialiste' – et rêve de pouvoir se réclamer de ses origines en toute légalité : l’un de ses grands combats est l’abolition de la loi de 1947, qui prévoit une peine de vingt ans de prison pour quiconque reconstitue le parti nazi, propage son idéologie ou nie ses crimes, notamment l’Holocauste."

Populiste surtout, le Parti pour la liberté se présente désormais comme eurosceptique. Mais les propos racistes de certains de ses membres ont pourri la campagne pour les élections européennes 2014. Tête de liste pour le FPÖ, Andreas Mölzer a, par exemple, dû retirer sa candidature après avoir dénigré l'international autrichien du Bayern Munich David Alaba, qualifié de "noir comme de la poix"

Cette figure du parti s'était aussi illustrée en assimilant l'UE à un "conglomérat de nègres". Il s'était alors défendu, assurant avoir "exprimé des pensées non conformistes avec des mots qui n'étaient pas politiquement corrects".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.