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Le Rassemblement national lance une association d'élus contre le "poison du wokisme"

Le parti d'extrême droite tente d'étendre son influence à l'Assemblée nationale et veut proposer des lois contre le "wokisme" espérant rassembler au-delà du RN.
Article rédigé par Audrey Tison
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le logo du rassemblement national. Photo d'illustration. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Le Rassemblement national a trouvé un nouvel ennemi : le wokisme. Un terme utilisé par l'extrême droite et la droite pour désigner le mouvement de lutte contre les discriminations. Alors que ce phénomène était jusqu'ici plutôt la cible d'Éric Zemmour et de son mouvement Reconquête, les députés RN ont officiellement lancé mercredi 12 avril une "Association des parlementaires contre le wokisme" pour dénoncer et surtout agir contre "l'idéologie woke qui s'infiltre" partout dans notre société tel un "poison", selon le député Roger Chudeau et l'eurodéputé Philippe Olivier qui sont à l'initiative. 

Ces élus veulent utiliser leur présence dans les institutions pour légiférer contre un certain nombre de phénomènes qui leur paraissent aberrants, comme les réunions réservées aux femmes ou la participation de personnes transgenres à des compétitions sportives. Mais pour commencer, ils veulent s'attaquer au sujet peut-être moins clivant de "l'écriture inclusive" que Roger Chudeau, ancien inspecteur de l'Education nationale, aimerait interdire dans les universités et actes officiels. Une interdiction a déjà été proposée par des députés Les Républicains et par des sénateurs de droite. Le RN s'imagine donc pouvoir rassembler largement là-dessus.

Pour l'instant, l'association est presque uniquement composée d'élus du Rassemblement national avec en plus les députés Nicolas Dupont-Aignant et Véronique Besse, tous deux très à droite, ainsi que les deux sénateurs encartés au parti zemmouriste Reconquête Sébastien Meurant et Stéphane Ravier. On est encore loin de l'esprit transpartisan voulu par les initiateurs, qui gardent l'espoir de convaincre quelques Républicains. Jusqu'ici, le RN a bien du mal à faire sauter les digues à l'Assemblée nationale. Il n'a réussi à faire passer aucune proposition de loi mais seulement quelques amendements depuis le début de la législature.

Investir de nouveaux sujets

Prendre position contre le wokisme est relativement nouveau au RN. Marine Le Pen avait plutôt fait campagne sur le pouvoir d'achat en 2022. "On peut traiter la fin du mois et la fin du monde", répond le député Roger Chudeau. Ce créneau était jusqu'ici plutôt occupé par Éric Zemmour, l'idée du RN serait-elle de récupérer son électorat ? "Il n'y a pas de visée électoraliste, répond Roger Chudeau. Les prochaines élections sont dans quatre ans. Nous ne nous cherchons pas du tout à nous situer par rapport lui mais nous sommes une force politique contrairement à Éric Zemmour. Lui, c'est une force d'influence, nous sommes une force politique structurée avec 88 députés." Mais des élections vont bien avoir lieu dans un an, il s'agit des européennes, et Reconquête est en train de se structurer pour s'y présenter.

Le RN va donc devoir gonfler les muscles pour ces prochaines échéances, très certainement derrière Jordan Bardella en tête de liste, le tout nouveau président du parti réputé plus conservateur que Marine Le Pen sur les sujets de société. Porter des sujets comme l'antiwokisme est-ce la "marque" Bardella ? "Cela fait partie des sujets que je souhaite que l'on investisse parce que je pense que le combat politique ce n'est pas uniquement la bataille électorale, c'est aussi la bataille culturelle, répond Jordan Bardella.

"Il y a beaucoup de sujets sur lesquels le Rassemblement national doit s'ouvrir et sur lesquels peut-être on nous entend moins comme sur la santé ou sur l'écologie qui sont des thèmes que l'on souhaite prendre en main et investir."

Jordan Bardella, président du RN

à franceinfo

Autant de sujets sur lesquels des colloques vont être organisés avec toujours le même objectif affiché : prendre le pouvoir.

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