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François Hollande : "Toute politique appelle des regrets. Ils vous hantent, ils vous tourmentent"

François Hollande est l'invité du Monde d'Élodie. L'ancien président de la République confie son expérience du pouvoir et revient sur sa conception de la politique. 

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'ex-chef d'Etat François Hollande le 2 mai 2018 (JEAN-LUC FLEMAL / BELGA MAG / AFO)

Le Monde d'Elodie avec François Hollande

"Toute politique appelle des regrets. Mais les regrets sont de mauvaise compagnie", déclare François Hollande sur franceinfo dans Le Monde d'Élodie suite à la sortie de son livre Les leçons du pouvoir aux éditions Stock. 

"Ils vous hantent, ils vous tourmentent", confie même l'ancien président de la République. Il a pourtant pris du recul depuis la fin de son quinquennat. "J'arrive à un moment où mon avenir est plus bref que mon passé. Cela permet de relativiser", indique François Hollande qui aujourd'hui vit "totalement libre".

Sa liberté et son intimité retrouvées depuis 2017 lui ont permis de se livrer sur sa vision de l'exercice du pouvoir en France et sur la scène internationale. Et visiblement les Français sont friands de l'exercice. Son ouvrage Les leçons du pouvoir cartonne en librairie. D'autant plus que l'ex-chef d'Etat n'a pas perdu son sens de l'humour.

L'intelligence de l'humour

"L'humour n'a pas forcément bonne presse", considère François Hollande. Pourtant "faire bien de l'esprit" correspond selon lui à une forme "d'intelligence, de subtilité, d'élégance, de distance mais aussi d'émotion". Ce qui n'est visiblement pas donné à tout le monde selon l'ancien responsable politique. "L'humour pour qu'il soit bien compris et bien apprécié ne doit pas se faire au détriment des autres", pointe-t-il.

François Hollande n'a, il est vrai, pas été épargné par ses adversaires, voire ses amis en politique. Il doit notamment à son ancien ministre de l'Économie, Arnaud Montebourg, le surnom de "Flanby". "Il pensait faire un trait d'humour", pique l'ancien chef d'Etat. "Tout ce qui blesse doit être traité avec désinvolture pour ne rien laisser paraître", estime-il. Idem pour l'étiquette "capitaine de pédalo" que lui a affublée l'actuel président du groupe LFI à l'Assemblée, Jean-Luc Mélenchon, qui "est aussi, sourit-il, maintenant sur sa petite barque".

Faire de la politique avec pudeur

"Je pense qu'il est très important que celui qui est visé montre de la sérénité, une forme d'indifférence" Cela ne veut pas pour autant dire qu'il n'a pas été blessé. Mais François Hollande a, depuis tout petit, gardé ses émotions pour lui-même. Il le dit lui-même, il est "profondément pudique""Quand j'avais des problèmes, je les gardais pour moi (...) Je peux faire plein de confidences sur beaucoup de choses, sauf sur moi-même", confesse-t-il.

Sa pudeur ne l'a jamais pour autant empêché d'évoluer politiquement. "J'ai toujours pensé faire de la politique au sens de la représentation des autres", explique François Hollande. Ce n'est donc pas un hasard s'il considère que sa plus grande victoire est celle de 1988 lorsqu'il a été élu pour la première fois député. "J'ai pris un train de nuit, je me suis mis dans ma couchette, je me suis allongé, et je me suis dit 'ça y est, je vais représenter la France, ce département la Corrèze, qui m'a accueilli'", raconte-t-il. 

"Une présidence humaine"

"Je ne suis pas différent dans la vie de ce que je suis dans mes responsabilités", estime François Hollande qui tient à justifier l'expression qu'il a utilisé de "présidence normale". Il entendait par cette idée "une présidence humaine". Devenir chef d'Etat a tout d'extraordinaire. François Hollande s'y était préparé durant la campagne.

"Une élection, c'est long, c'est un processus", précise-t-il. "Au fur et à mesure du temps, j'avais compris que je serai le prochain président de la République", confie celui qui avait prévenu son père avant même de l'être devenu. "Cela peut paraître prétentieux de le dire", conçoit-il. "Peut-être par une espèce d'intuition, sa conception de la politique, il m'a répondu qu'il me plaignait", sourit François Hollande.

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