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François Hollande juge inévitables les hausses d'impôts en 2012 mais veut faire porter l'effort sur les hauts revenus

L'ancien premier secrétaire du PS considère que "la réforme fiscale est la condition de réussite de toutes les autres réformes" et doit viser un triple objectif : équité, efficacité et simplification du système.Il enjoint ses amis socialistes à toute la clarté sur ce sujet convaincu qu'ils ont "toutes les raisons d"être offensifs".
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié
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François Hollande, président du conseil général de Corrèze et probable candidat à la présidentielle, le 15 janvier 2011. (AFP - Pierre Andrieu)

L'ancien premier secrétaire du PS considère que "la réforme fiscale est la condition de réussite de toutes les autres réformes" et doit viser un triple objectif : équité, efficacité et simplification du système.

Il enjoint ses amis socialistes à toute la clarté sur ce sujet convaincu qu'ils ont "toutes les raisons d"être offensifs".

Trois économistes dont Thomas Piketty viennent de publier un livre (1) sur la "révolution fiscale" proposant notamment la fusion de l"impôt sur le revenu et de la CSG, l"une de vos idées. Quel regard portez-vous sur leur travail ?

F.H. Je ne me plains pas qu"ils se soient emparés de l"une de mes propositions, reprise aussi par le parti socialiste, qui est de faire une grande réforme de la fiscalité directe.

Quel en est le principe ?

F.H. Elle consiste à fusionner impôt sur le revenu, CSG et CRDS, c"est-à-dire toutes les formes d"imposition qui pèsent sur les revenus, ceux du travail comme ceux du capital, de les mettre dans un barème global unique et progressif.

Cette réforme peut permettre une plus grande équité fiscale et signifie la fin de toutes les niches fiscales, du bouclier fiscal ou de ses dérogations.

Le travail de Thomas Piketty et ses confrères permet de penser que cette réforme peut-être effective et juste.

Que pensez-vous d"une autre de leurs propositions : le prélèvement à la source ?

F.H. Le prélèvement à la source n"est pas, à mon avis, un objectif en soi. Vous pouvez prélevez à la source de mauvais comme de bons impôts, au sens d"impôts justes.

Les techniques peuvent être différentes. On peut prélever directement à la source via l"employeur, ce qui pose cependant un problème de transparence, l"employeur n"ayant pas nécessairement à connaître les revenus du salarié. On peut aussi mensualiser l"impôt.

L"objectif, c"est l"équité et l"efficacité fiscale et la simplification du système.

Si vous confirmez votre candidature au primaire, quelle place occupera la fiscalité ?

Une candidature ne peut pas s'établir sur un projet fiscal. En revanche la réforme fiscale est la condition de réussite de toutes les autres réformes.

Comment redresser la compétitivité de l"économie française ? Comment améliorer notre système de protection sociale ? Comment financer nos dépenses d"éducation ?

Comment donner priorité à la jeunesse si l"effort inévitable, n"est pas fondé sur une base juste, des prélèvements connus de tous et progressifs en fonction du revenu et du patrimoine ?

C"est la réforme fiscale qui permet aux Français de consentir à d"autres évolutions, d'autres changements en direction de la jeunesse. La génération qui vient devra être au cœur de tous nos arbitrages.

Nicolas Sarkozy, lui aussi, s"est emparé du sujet.

F.H. Aujourd"hui, la première faiblesse du Président sortant est qu"il a multiplié les annonces et les mesures fiscales qui ont toutes contribué à l"injustice.

Sa seconde faiblesse est qu"il nie qu"il va y avoir des augmentations d"impôts alors même que les impôts ont d"ores et déjà été relevés pour l"année 2011.

Il faut dire la vérité aux Français : il y aura des impôts supplémentaires mais leur dire aussi que ce sera sur la base de l"équité et de la transparence et que ce sont seulement les plus hauts revenus et les plus hauts patrimoines qui participeront à l"effort demandé.

Vos amis du PS partagent-ils votre position ?

F.H. Le PS a adopté, pour l"essentiel cette démarche. Peut-être avec trop de prudence. Je peux le comprendre. Il ne s"agit pas de dire que nous, nous devons augmenter les impôts quand la droite dit qu'elle les baissera. La droite les augmentera. Elle les augmente déjà.

Ce qu"il faut, et compte tenu de l"effort qui sera nécessairement demandé, c"est dire qui va payer.

Sur ce point, nous avons toutes les raisons d"être offensifs.

Mieux vaut dire clairement et simplement qui va payer plutôt que de ne rien dire et d"inquiéter finalement tous les contribuables.

(1) "Pour une révolution fiscale". Camille Landais, Thomas Piketty, Emmanuel Saez. Editions du Seuil.

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