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François Hollande accélère le rythme de sa campagne et cherche à creuser son avantage

Discours dit "fondateur" dimanche 22 janvier, présentation du projet jeudi matin, émission politique le soir sur France 2 : François Hollande donne un coup d'accélérateur à sa campagne. Il prend le chef de l'État à contre-pied. La majorité minimise.
Article rédigé par Olivier Biffaud
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min

Discours dit "fondateur" dimanche 22 janvier, présentation du projet jeudi matin, émission politique le soir sur France 2 : François Hollande donne un coup d'accélérateur à sa campagne. Il prend le chef de l'État à contre-pied. La majorité minimise.

C'est peu dire que François Hollande pris les ténors de la majorité à contre-pied. Et que cette semaine est la sienne puisque l'actualité s'articule autour de lui.

En donnant donc le coup d'envoi de sa campagne présidentielle, dimanche 22 janvier, au Bourget, le candidat socialiste à la présidentielle est allé là où l'UMP ne l'attendait pas.

A trois mois, jour pour jour, du premier tour, le 22 avril. Pour les socialistes, le député de la Corrèze a prononcé un "discours fondateur". Il s'est présenté comme un vrai présidentiable.

Pour la majorité, au contraire, il n'a proposé que des "solutions du passé". Et il n'a pas montré qu'il avait la carrure pour le poste. Chacun est dans son rôle.

M. Hollande avait au moins trois défis à relever : montrer que le PS est rassemblé et qu'il est derrière lui ; affirmer son autorité pour gommer une mollesse qui lui est reprochée et ne pas considérer qu'il a déjà passé le premier tour dont il est le leader dans tous les sondages.

"Tous derrière et lui devant"

Sur le premier point, l'exercice a été plutôt réussi. Devant une foule enthousiaste – son évaluation va de 10 000 à 25 000 personnes ! –, tous les dirigeants du parti, Martine Aubry en tête, trônaient aux premiers rangs. Il fallait donner une image d'unité, elle le fut.

A de nombreuses reprises, les "éléphants" ont donné le tempo en se levant pour applaudir l'orateur. L'un ou l'autre hochait la tête en signe d'approbation des propos du candidat socialiste.

Même si cette image d'unité était façonnée pour un spectacle télévisé produit par le PS lui-même, elle effaçait les blessures de la "primaire citoyenne" et elle estompait les "couacs" des dernières semaines. C'était "tous derrière et lui devant".

M. Hollande, qui avait déjà effectué un recadrage de son équipe, quelques jours auparavant, face aux velléités d'indépendance de l'aile gauche du PS, a voulu montrer qu'il n'est pas sous la coupe de tel ou tel courant.

Maître de son projet présidentiel, le "patron" du conseil général de Corrèze voulait donc prouver qu'il n'est pas ce personnage "mou" que certains de ses camarades de parti ont décrit à l'envi, à la grande joie de l'UMP.

Ne pas sauter le tour de chauffe

Favori des sondages d'intentions de vote, depuis près d'un an, au premier tour de scrutin et donné largement vainqueur au final, M. Hollande courrait le risque de lancer – comme le fit Lionel. Jospin en 2002 – une campagne prématurée de second tour… avant même le premier.

Sauter ce tour de chauffe, c'était oublier de rassembler son propre camps avant de songer à l'élargir pour le face à face ultime. Il est généralement acquis que le premier tour permet de choisir alors que le second sert à éliminer.

Et choisir, c'est comparer les programme et les projets. En l'espèce, M. Hollande a mis le paquet, parfois avec emphase mais aussi avec talent, sur les fondamentaux de la gauche.

Dénonciation de la finance, défense de la laïcité, droit de vote des étrangers aux élections locales, le candidat socialiste n'a pas lésiné sur les thématiques traditionnelles de son camp, allant au-delà de la seule famille social-démocrate.

Il s'est emparé avec insistance du thème de la République qui avait fait les beaux jours de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

Dans un premier temps, les réactions de l'UMP ont paru décalé tant le parti majoritaire attendait un discours modèle "je fends l'armure" vide de propositions.

Maintenir le président dans un "corner"

Et si M. Hollande a effectivement dévoilé brièvement, voire pudiquement, un aspect de sa personnalité – ses origines sociale et politique – il a aussi, surtout peut-être, commencé à égrener certaines des mesures de son programme.

En réaction, ministres et dirigeants de la majorité semblaient aphones. Ils auront une session de rattrapage, jeudi, puisque le candidat socialiste doit à la fois présenter son projet politique, dans la matinée, et participer à l'émission "Des paroles et des actes" sur France 2, le soir.

Tout montre que le député de la Corrèze veut pousser son avantage : ses lieutenants rendent coup pour coup, en tentant de maintenir le président sortant dans un "corner". A l'instar de Claude Bartolone, président socialiste du conseil général de Seine-Saint-Denis, le présentant comme "le candidat du fric" opposé au "candidat du peuple" que serait M. Hollande.

Ce dernier a enclenché la surmultipliée. Comme s'il voulait faire un "break" et creuser le trou à quelque 90 jours du premier tour.

Cherche-t-il à provoquer une accélération du calendrier élaboré l'Elysée ? L'entourage du chef de l'Etat laisse filtrer que M. Sarkozy n'en fera rien.

Le président confiait encore récemment, en petit comité, que les courbes d'intentions de vote – la sienne et celle de son rival – se croiseraient en février. Aujourd'hui, on laisse entendre qu'il envisage sa défaite.

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