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François Hollande a-t-il déserté le terrain ?

Des élus socialistes regrettent que le président n'aille pas davantage à la rencontre des Français. 

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président de la République, François Hollande, le 8 mai 2013 à Paris. (MAXPPP)

Plus qu'un simple vœu, François Hollande en avait fait la promesse lors de sa campagne : s'il était élu à l'Elysée en mai 2012, il veillerait scrupuleusement à incarner un président "normal", proche des Français. Or, près de deux ans ont passé, sa popularité s'est effondrée et des élus socialistes s'interrogent sur la communication du chef de l'Etat.

"La proximité était l'un de ses points forts"

Son dernier déplacement de terrain, consacré à l'emploi, remonte au 8 octobre. "Pourquoi ne va-t-il pas plus au contact des électeurs ? Pourquoi ne va-t-il en province qu'une fois tous les trente-six du mois ?", se désole une députée pourtant proche du président. "En circonscription, de plus en plus de gens nous disent que Hollande ne les écoute plus, qu'il n'ose plus venir les voir", témoigne un autre.

"Quand on entre à l'Elysée, il faut en permanence lutter pour ne pas donner aux Français le sentiment de vivre reclus dans un palais doré, confie un ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, contacté par francetv info. Quand vous allez sur le terrain plusieurs fois par mois, vous donnez le sentiment d'écouter, de prendre le pouls… C'est un peu comme si le roi se chargeait de recueillir lui-même les doléances !"

"Même s'il ne s'agit évidemment pas du problème numéro un des Français, ces déplacements de terrain sont toujours positifs. Ils donnent l'image d'un président qui ne reste pas enfermé dans sa tour d'ivoire", acquiesce le politologue Frédéric Dabi, de l'institut de sondage Ifop. "Jusqu'au printemps dernier, cette proximité avec les Français était l'un des points forts de François Hollande. Mais à partir du moment où les gens l'ont entendu dire que 'la reprise est là', que 'la courbe du chômage va s'inverser', son discours a semblé déconnecté de la réalité."

Face au marasme, le président préfère rester "en surplomb"

Renouer avec le terrain pourrait-il dès lors aider François Hollande à sortir du marasme ? Ses conseillers semblent en douter. Face à une contestation qui pourrait prendre de l'ampleur, le chef de l'Etat préfère se placer "en surplomb", explique un proche, cité dans Le Figaro. La députée picarde Pascale Boistard s'en félicite : "Il ne va quand même pas aller sur le terrain juste pour dire d'aller sur le terrain ! Il faut que chaque déplacement ait un sens, pour avoir un impact." Son collègue nordiste Guy Delcourt est du même avis : "On a suffisamment critiqué Sarkozy d'avoir été en campagne permanente pour ne pas s'engouffrer là-dedans !" 

D'autant que plusieurs déplacements en province ont quelque peu échaudé le chef de l'Etat. A Dijon, à La Roche-sur-Yon, à Florange, à Cournon-d'Auvergne… Ces derniers mois, François Hollande a dû faire face à des réactions virulentes, devant micros et caméras. "Ces sorties sur le terrain permettent toujours à des organisations hostiles, comme la Manif pour tous par exemple, de se montrer", met en garde la députée Brigitte Bourguignon, élue à Boulogne-sur-Mer. "Le risque, c'est toujours que ça se transforme en bad buzz", reconnaît un ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, se remémorant "l'exemple le plus marquant" à ses yeux. Un déplacement au Guilvinec (Finistère), où un marin-pêcheur avait insulté le président, en novembre 2007. "Avec le recul, on peut reconnaître que ce jour-là, le terrain n'a pas franchement renforcé la proximité du président avec les Français !", sourit-il aujourd'hui.

Un risque que François Hollande ne devrait pas prendre pour l'instant. Pour conserver un peu de distance après un enchaînement de séquences ratées, le chef de l'Etat va profiter du début des commémorations du centenaire de la Grande Guerre pour parler de la Nation dans des cadres très solennels, avant d'enchaîner une série de déplacements à l'étranger.

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