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Que nous apprennent les procès-verbaux sur le travail de Penelope Fillon ?

Selon les PV obtenus par "Le Journal du dimanche", Penelope Fillon réfute toute accusation d'emploi fictif. Elle affirme avoir exercé en tant que "conseillère littéraire" à la "Revue des deux mondes", et avoir bien été l'assistante parlementaire de son mari et de Marc Joulaud.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Penelope Fillon regarde son mari lors d'une réception à la mairie, à Sablé-sur-Sarthe (Sarthe), le 10 décembre 2010. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Accusée d'emplois fictifs, Penelope est sortie dimanche 5 mars de son silence pour défendre sa discrète et controversée carrière professionnelle. Interviewée par le Le Journal du dimanche, l'épouse du candidat Les Républicains à l'élection présidentielle a détaillé l'étendue de sa mission, aussi bien en tant qu'assistante parlementaire qu'en tant que collaboratrice de la Revue des deux mondes

L'hebdomadaire a notamment consulté 19 procès-verbaux, rédigés à partir des auditions de proches et des collaborateurs du couple Fillon. Autant de témoignages pour tenter de dessiner plus précisément les contours des activités de l'épouse de l'ancien Premier ministre. 

A la "Revue des deux mondes" : une "conseillère littéraire" qui écrit "des petites notes"

Son recrutement. Quand le Premier ministre de Nicolas Sarkozy a quitté Matignon, Penelope Fillon avait "envie de s'ouvrir à d'autres activités", selon l'audition de son mari. Ce dernier aurait alors décroché son téléphone, à en croire les déclarations de Michel Crépu, ancien directeur de la Revue des deux mondes, et celles du propriétaire de la revue, Marc Ladreit de Lacharrière. Aux policiers, le premier explique que "monsieur Ladreit de Lacharrière [lui] a téléphoné pour [lui] dire que madame Penelope Fillon aimerait bien écrire des petites notes critiques car elle s'ennuyait." "François Fillon m'a approché […] pour me dire que son épouse cherchait une activité […]", confirme le propriétaire. "Je me suis dit que peut-être elle serait utile pour la rédaction de la revue et qu'elle pourrait avoir un regard international pour le futur de la revue."

Sa mission. En quoi consistait ce travail ? Penelope Fillon elle-même le définit : "Je recevais deux ou trois livres tous les deux mois, soit une quinzaine en tout, donc je pense avoir rédigé une quinzaine de notes de lecture." Son mari assure pour sa part avoir "vu [son] épouse travailler des jours et des jours sur chaque livre." A la revue, Michel Crépu juge que "le choix des ouvrages [est] très pertinent, la rédaction, un peu moins, mais enfin cela pouvait être publié." Lui assure n'avoir reçu que deux notes de lectures, et non une quinzaine.

Son salaire. Par ailleurs, Penelope Fillon indique aux enquêteurs avoir prodigué des "conseils oraux" à Marc Ladreit de Lacharrière et admet avoir été payée par la revue tous les mois (5 000 euros bruts mensuels), poursuit Le Journal du Dimanche. Jusqu'à l'arrêt de cette collaboration en 2013. Car selon le propriétaire du titre, Penelope Fillon fait l'objet d'une "véritable hostilité" au sein de l'équipe. Michel Crépu, lui, assure aux enquêteurs qu'il ne savait pas que l'épouse du candidat avait été payée, tout en niant l'existence d'un poste de "conseiller littéraire." 

Assistante parlementaire qui s'occupe des "contacts avec la Sarthe" 

Son recrutement. Interrogée dans le JDD sur son rôle d'assistante parlementaire, Penelope Fillon déclare : "Si cela n'avait pas été moi, [François Fillon] aurait payé quelqu'un pour le faire. Donc on a décidé que ce serait moi." Ainsi, elle affirme avoir "toujours" été présente auprès de son mari. Anne Fauger, autre assistante parlementaire de François Fillon, déclare ainsi aux enquêteurs avoir "toujours su que Penelope Fillon avait joué un rôle auprès de son mari", ignorant cependant qu'elle était "rémunérée pour cela", rapporte l'hebdomadaire. Quant à son travail d'assistante parlementaire du suppléant de ce dernier, Marc Joulaud, Penelope Fillon l'obtient naturellement : "Fillon me définit alors l'organisation dans laquelle nous allons fonctionner. Pour moi, jeune élu, il s'agissait de m'implanter, de me faire connaître en m'appuyant sur Penelope Fillon", explique Marc Joulaud.

Sa mission. Penelope Fillon a détaillé aux enquêteurs l'étendue de sa mission : "J'ouvrais le courrier arrivant à mon domicile, je le triais, je réfléchissais à ce que l'on pouvait faire pour y répondre..." Elle ne se rend pas à l'Assemblée nationale, mais exerce soit chez elle, dans la Sarthe, "soit la semaine à Paris", indique les procès-verbaux. "Je m'occupais essentiellement des contacts avec la Sarthe." Syvie Fourmont, assistante de François Fillon, indique pour sa part que Penelope Fillon lui "fait réserver les dates pour lesquelles son mari doit être présent... Elle décide qu'il doit participer à tel ou tel événement". Enfin, elle "apprend la circonscription" à Marc Joulaud en devenant son assistante, assure ce dernier. 

Son salaire. Ancienne assistante parlementaire de François Fillon, Nathalie Blain, assure "qu'en 1998, [sa] rémunération a été diminuée de moitié pour permettre la rémunération de Mme Fillon", lit-on dans le Journal du dimanche. Quant à Marc Joulaud, il est interrogé sur l'augmentation de salaire de l'épouse de François Fillon, lequel passe de 3 200 à 6 200 euros mensuels, soit "les deux tiers de l'enveloppe". "C'était dans la continuité [de ce qu'elle percevait avec son mari], explique-t-il, toujours selon les procès-verbaux. De fait, oui, c'est François Fillon qui a fixé le niveau de rémunération de son épouse..."

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