Présidentielle : "Les affaires introduisent un doute assez dévastateur" sur les campagnes

Quels impacts ont les affaires judiciaires sur le vote des français ? Emmanuel Rivière, directeur général de l'institut de sondage Kantar Public, estime dimanche 5 février sur franceinfo que "les affaires, sans qu'on ait besoin que le verdict soit tombé, ont un impact sur les campagnes. Selon lui, "elles introduisent un doute assez dévastateur."

D'après lui, l'affaire Fillon va "profiter aux deux candidats avec lesquels les électeurs du parti les Républicains semblent hésiter" :  Marine Le Pen et Emmanuel Macron.

franceinfo : À qui va profiter l'affaire Fillon ?

Emmanuel Rivière : Elle va profiter aux deux candidats avec lesquels les électeurs du parti les Républicains peuvent hésiter. Marine Le Pen peut profiter des interrogations sur les moeurs politiques, entretenues, d'une certaine manière, par François Fillon quand il parle de complot. L'autre bénéficiaire peut être Emmanuel Macron parce qu'il y avait un certain nombre d'électeurs fermement décidés à voter François Fillon à l'issue de sa très spectaculaire élection à la primaire, mais qui aiment aussi l'ex-ministre de l'Economie. Ce dernier peut représenter un recours.

Les affaires, sans qu'on ait besoin que le verdict soit tombé, ont un impact sur les campagnes. Elles introduisent un doute qui est assez dévastateur.

On sait combien sont ces électeurs qui pourraient être tentés ?

On voit dans les enquêtes que, parmi les électeurs de François Fillon, un bon quart a une bonne opinion d'Emmanuel Macron. Ce bon quart n'a pas forcément décidé d'aller vers lui. Soit les électeurs estiment que les soupçons pèsent davantage sur François Fillon, soit ils se disent que ce dernier risque de ne pas passer et veulent éviter qu'un candidat qu'ils ne souhaitent pas voir face à Marine Le Pen. Des effets de substitution sont possibles. Ce qui est très frappant aujourd'hui, c'est qu'il y a une sorte de fluidité inédite, très intéressante mais qui correspond aussi au fait que notre paysage politique ne correspond plus aux vraies aspirations des français.

Dans ce contexte, Benoît Hamon va-t-il avoir beaucoup de mal ?

Il y a deux candidats à la gauche de la gauche qui pèsent à peu près 25%. On voit bien qu'il peut y avoir des vases communicants entre les candidats. Benoît Hamon séduit une grande partie des gens qui se disent proches du Front de Gauche, et Jean-Luc Mélenchon a une image qui reste bonne auprès d'un petit quart des sympathisants socialistes.

À un moment les électeurs peuvent se dire, allons jouer dans le sens du vent ou de la victoire. Il est possible que l'un de ces électorats aille vers l'autre.

Emmanuel Rivière, directeur de l'institut de sondage Kantar Public

à franceinfo

L'affaire de l'assistante parlementaire de Marine Le Pen ne semble pas inquiéter ses électeurs ?

On a l'impression que les affaires qui concernent le Front national glissent sur le parti d'extrême droite comme sur les plumes d'un canard. Cela relève de l'état d'esprit des sympathisants du FN, qui sont dans un schéma où le monde politique est très hostile au parti qu'ils préfèrent, et avec comme complice beaucoup les médias et un peu les sondeurs. Toutes ces informations appartiennent à une idée de complot contre le Front national. Ils sont plus nombreux à considérer que ce sont des attaques contre leur parti. Ils sont donc moins influencés.