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François Bayrou : "Le peuple attend qu'on le prenne à la bonne hauteur"

Jeudi 19 janvier, François Bayrou a tenu son premier meeting de campagne à Dunkerque. Il s'est défendu des accusations de populisme en délivrant, non sans emphase, sa conception du peuple. Il appelle à faire rimer France avec résistance.
Article rédigé par Daïc Audouit
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
François Bayrou se défend des accusations de populisme (Fréderic Charlet (AFP))

Jeudi 19 janvier, François Bayrou a tenu son premier meeting de campagne à Dunkerque. Il s'est défendu des accusations de populisme en délivrant, non sans emphase, sa conception du peuple. Il appelle à faire rimer France avec résistance.

Dunkerque (envoyé spécial) - La meilleure défense, c'est l'attaque. "Cela le titillait de répondre aux accusations de populisme", confie Marielle de Sarnez, la directrice de campagne de François Bayrou.

Populisme

Et à Dunkerque, "ville deux fois détruite et deux fois reconstruite", le candidat du MoDem n' a pas sorti de mot d'excuse, au risque d'amplifier et de conforter ces critiques. "J'ai employé le mot peuple. C'est un mot qui, paraît-il, n'est pas à la mode", ironise t-il.

"C'est un symptôme de la dégradation de l'esprit civique dans notre temps que l'injure suprême dans le monde politique, ce soit devenu populiste. C'est révélateur de la manière dont ils regardent le peuple, ceux qui se croient des élites", fustige t-il.

Dans son esprit, le peuple c'est le peuple souverain exprimé par l'article 2 de la Constitution. Mais, c'est aussi peut-être une définition sociale. Le peuple "c'est à dire ceux qui n'ont ni les réseaux, ni les relations, ni l'argent, ni les signes extérieurs de l'influence", définit le candidat à la tribune.

"Les humbles"

Et il s'inclue dedans, rappelant ses souvenirs d'enfance du Béarn. "Je ne porte pas souvent de béret , mais moralement je ne l'ai enlevé devant aucun puissant", dit-il comme il aime à le répéter souvent. Cette fois-ci, il ajoute une nouveauté. "Mais ce béret je l'enlève respectueusement devant l'esprit et le courage des humbles (...) Je dédie ma campagne aux mères et aux pères courageux", déclare t-il.

N'en fait t-il pas un peu trop? "Il faut de l'humain dans une campagne", répond son entourage. Les humbles, les sans-grade, cela ne rappelle t-il pas un peu les "invisibles" de Marine Le Pen ?

"Non" répond un sympathisant nordiste à l'issue du meeting. " Il s' adresse au peuple sans faire de populisme. Quand il parle du peuple souverain, ce n'est pas populiste, c'est républicain", poursuit cet homme.

"Il n'est pas populiste, il est populaire", ajoute, en riant, son voisin.

A hauteur de peuple

Dans son équipe de campagne, on concède qu'à Dunkerque, "il fallait s'adresser à la France qui souffre", mais on récuse l'idée de cibler une catégorie sociale en particulier. Mais on sait bien que pour accéder au second tour, le candidat du MoDem doit élargir son audience auprès des classes dites populaires.

Comment définirait-il alors le registre populiste ? L'agrégé de lettres Bayrou répond: "ceux qui pensent que pour parler peuple, il faut oublier la belle langue française ou qu'il faut agiter des sentiments bas, limite raciste, comme si peuple ça voulait dire obtus, fermé, vindicatif".

"Je vous dis que ce que le peuple attend, c'est qu'on le prenne à la bonne hauteur et la bonne hauteur c'est plus haut encore que vous ne pouvez imaginer. Le peuple exige qu'on le considère en responsable, en gouvernant", déclare t-il.

Le reportage de Thierry Curtet de FRance 2

"Partis provisoirement principaux"

M. Bayrou entend ainsi se démarquer de Jean-Luc Mélenchon, dont le slogan est "Place au peuple" et de Marine Le Pen. "Les extrêmes ont deux caractéristiques: leurs solutions sont dangereuses et elles conduisent au malheur", explique t-il

Mais sa rhétorique contre les élites et les PPP, partis provisoirement principaux comme il appelle le PS et l'UMP, prend des accents qui font écho à ceux des autres candidats qui se présentent comme hors système. Et il retrouve alors des propos de 2007 contre le bipartisme que souhaiteraient certains médias.

"Il y a une majorité de Français qui précisément ne veut ni de l'un ni de l'autre des deux candidats que l'habitude cherche à lui imposer", conclut t-il.

Quand Mme Le Pen s'adresserait au peuple de France, M. Mélenchon au peuple de gauche, M. Bayrou lui parlerait au peuple tout court. Tel était le sens du message délivré à Dunkerque, ce soir. Dunkerque où vit un peuple de "têtes dures", seule concession à une qualification du mot peuple qui ne résonnerait pas comme une division ou une scission.

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