François Bayrou et François Hollande jouent au chat et à la souris
François Bayrou prendrait-il François Hollande dans son gouvernement s'il était élu président de la République ? Invité de RMC et BFMTV mercredi 30 novembre, le président du MoDem a répondu : "C'est quelqu'un que je respecte". Échanges d'amabilités.
François Bayrou a dit "respecter" François Hollande. Alors qu'on lui demandait, mercredi sur RMC et BFMTV s'il prendrait le candidat du PS au gouvernement dans l'hypothèse où lui-même accèderait à l'Elysée, le président du MoDem a répondu : "En tout cas, c'est quelqu'un que je respecte".
M. Bayrou, qui devrait annoncer officiellement sa candidature à l'élection présidentielle la semaine prochaine - il est invité de l'émission "Des paroles et des actes" de France 2, le 8 décembre -, a amendé ce respect en ajoutant : "je pense aujourd'hui qu'il est prisonnier d'un programme et d'alliances qui ne peuvent pas répondre aux difficultés du pays".
Lundi, M. Hollande avait indiqué, sur les mêmes antennes, qu'il n'écarterait aucun de ceux qui le soutiendrait dans l'entre-deux-tours de la présidentielle.
Interrogé sur le fait de savoir si cela pouvait concerner M. Bayrou, il avait répondu : si ce dernier "fait un choix - nous verrons lequel - au second tour, il sera dans la majorité présidentielle qui se sera constituée autour du vainqueur du second tour".
"Pas d'alliance avec le centre, alliance à gauche"
Cette réponse avait suscité de vives critiques de la part de Jean-Luc Mélenchon. Rapidement sommé par l'équipe de ce dernier de choisir entre des discussions avec le MoDem ou avec le Front de gauche, M. Hollande avait rétorqué : "Non, je n'ai pas proposé de ministère à qui que ce soit".
La mise au point n'avait pas convaincu M. Mélenchon qui, mardi sur France Inter, disait voir une perche tendue aux centristes.
"Quand François Hollande tend la main à François Bayrou", il "tranche d'une manière incroyable un débat constant des socialistes au cours des 15 dernières années", avait déclaré le candidat Front de gauche. Ce débat "consiste à dire : pas d'alliance avec le centre, alliance à gauche".
Au passage, M. Mélenchon avait aussi réglé un compte avec Robert Hue, ancien secrétaire national du PCF qui soutient aujoird'hui M. Hollande.
Dans l'édition du Parisien-Aujourd'hui en France de mardi, le fondateur du Mouvement unitaire progressiste, avait estimé que "Mélenchon est dans une dérive sectaire". En retour, ce dernier avait dénoncé une "démarche de soumission" de M. Hue qualifié de "nouveau bagage accompagné" du PS.
"Il faut à ce pays une majorité différente"
En marge de ces escarmouches internes à la gauche, Yann Wehrling, porte-parole du MoDem, avait rebondi lui aussi mardi à l'occasion d'un point de presse sur les déclarations de M. Hollande.
Il avait considéré que l'ouverture préconisée par M. Hollande François donnait raison au leader centriste et il avait appelé les responsables de droite et de gauche à ne pas aller trop "vite en besogne" sur les résultats du premier tour.
"Toutes ces déclarations à gauche comme à droite ne font finalement que renforcer la thèse de François Bayrou selon laquelle il faut à ce pays une majorité différente", s'était félicité M. Wehrling.
Les échanges d'amabilités entre MM. Hollande et Bayrou s'apparentent autant à une guerre d'intoxication qu'au jeu du chat et de la souris. Un jeu qui irrite à la gauche de la gauche mais qui doit aussi inquiéter du côté de l'UMP à la recherche d'alliés pour le second tour de la présidentielle.
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