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François Baroin s'est dit hostile à l'idée de son collègue au logement de construire des mosquées avec l'aide de l'Etat

"Pour avoir beaucoup travaillé sur le sujet, je ne suis pas favorable à cette proposition, moi personnellement", a déclaré le ministre du budget sur Europe 1. Une mise au point suite aux propos du secrétaire d'Etat au Logement Benoît Apparu, mercredi matin sur RMC.Le débat sur le multiculturalisme voulu par Nicolas Sarkozy s'annonce houleux.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
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Le ministre du budget et porte-parole du gouvernement François Baroin, à l'Assemblée, le 19 octobre 2010. (AFP - Thomas Samson)

"Pour avoir beaucoup travaillé sur le sujet, je ne suis pas favorable à cette proposition, moi personnellement", a déclaré le ministre du budget sur Europe 1. Une mise au point suite aux propos du secrétaire d'Etat au Logement Benoît Apparu, mercredi matin sur RMC.

Le débat sur le multiculturalisme voulu par Nicolas Sarkozy s'annonce houleux.

Après les 35 heures, le statut des fonctionnaires et la TVA sociale, l'UMP s'apprête à lancer début avril, deux nouveaux sujets de discussion: l'application des décisions de justice et l'exercice du culte dans la République laïque, sujet ultra sensible et surtout, très politique.

Validé par le chef de l'Etat en personne lors d'une réunion de l'équipe dirigeante de l'UMP à l'Elysée, le second débat portera plus précisément sur l'exercice des cultes en France - notamment l'islam - et sa compatibilité avec les lois laïques de la République.

Une initiative qui génère peu d'enthousiasme du côté des principaux intéressés dont Mohammed Moussaoui, président du CFCM (Conseil français du culte musulman) qui redoute que ce débat ne "dérape" sur une mise en cause de l'islam, comme celui sur l'identité nationale l'an dernier.

Mais il n'est pas le seul. Le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France (FPF) "craint le pire" à propos de ce débat et juge "malsain" de "stigmatiser une seule religion, l'islam".

Quant au sociologue Franck Fregosi, chercheur au CNRS et auteur de "Penser l'islam dans la cité" (Fayard), il note que "ce n'est pas un vrai problème puisque ça ne concerne qu'une vingtaine de mosquées ou salles de prières en France".

Apparu en éclaireur... ?

Interrogé sur l'antenne de RMC, le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu s'est dit favorable, "à titre personnel", à la construction de mosquées avec l'argent public. "Même si c'est contraire à la loi de 1905", il faudra "faire un aménagement (à cette loi) s'il le faut", a-t-il lancé mercredi matin.

Une manière de lancer le débat ?

L'occasion en tous les cas, pour le porte-parole du gouvernement François Baroin d'énoncer la feuille de route. "Il n'y a pas à l'agenda gouvernemental de texte portant sur une modification de la loi de 1905 et, comme responsable politique, conseiller politique de l'UMP et en charge du débat, je ne serais pas favorable à une modification de la loi de 1905", a dit le ministre du Budget.

Sans que l'Etat finance directement la construction des mosquées, il pourrait la favoriser en défiscalisant les dons des fidèles, a-t-il ajouté, soulignant que cela permettrait également de garantir la traçabilité des fonds.

... et Juppé en modérateur

Dans un entretien à paraître vendredi dans Le Figaro, le ministre de la Défense Alain Juppé prévient de son côté qu'il faut "piloter et maîtriser ce débat parce qu'il peut déraper".

Alors pourquoi l'ouvrir ? La nouvelle présidente du Front national Marine Le Pen a sa petit idée sur la question: "Ces sujets n'étaient absolument pas abordés jusqu'à ce que nous réclamions l'ouverture d'un débat national. Je remarque que quand le FN est à 15% dans les sondages, l'UMP parle des problèmes", souligne-t-elle dans un entretien au Point.fr.

Un procès d'intention se défendront les adhérents de l'UMP dont le chef de file Jean François Copé répète à l'envi qu'"aucun sujet n'est tabou".

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