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Faute d'intervention, les salariés d'ArcelorMittal menacent le gouvernement d'un "cauchemar"

Confrontés au risque d'un arrêt définitif de leurs hauts-fourneaux, les syndicats d'ArcelorMittal à Florange ont décidé, vendredi 17 février, d'occuper les bureaux de la direction à partir de lundi et ils menacent le gouvernement "d'un cauchemar".
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les salariés d'ArcelorMittal manifestent à Florange, le 23 septembre 2011. (AFP - Jean-Christophe Verhaegen)

Confrontés au risque d'un arrêt définitif de leurs hauts-fourneaux, les syndicats d'ArcelorMittal à Florange ont décidé, vendredi 17 février, d'occuper les bureaux de la direction à partir de lundi et ils menacent le gouvernement "d'un cauchemar".

Ils se disent prêts au bras de fer et ont décidé de durcir le ton.

Après une assemblée générale à laquelle participait près de 800 salariés du groupe sidérurgique jeudi soir, les syndicats ont validé, vendredi 17 février, la décision de "mettre au chômage technique la direction" de l'usine en allant occuper ses bureaux à partir de lundi 8 heures et ce "jusqu'à nouvel ordre".

Mais ce n'est pas tout. Ils ont également promis de devenir "le cauchemar du gouvernement" si celui-ci ne fait pas plier le n°1 mondial de l'acier.

Ces menaces font suite à l'annonce de la direction, mardi, de ne pas remettre en route la filière liquide à Florange, synonyme, selon les syndicats, de "mort programmée du site" où travaillent quelque 5 000 personnes, dont 3 000 en CDI (contrat à durée indéterminée).

Faire monter la pression

L'occupation des bureaux se poursuivra "jusqu'au redémarrage des hauts-fourneaux" et sera le début "d'une longue série d'actions", a prévenu Edouard Martin, représentant de la CFDT, au nom d'une intersyndicale qui rassemble aussi la CGT, FO et la CFE-CGC.

Les organisations demandent à l'exécutif d'adopter une loi accordant un droit de préemption à l'Etat en cas d'abandon par un industriel d'une usine rentable et annoncent la couleur, s'ils ne s'ont pas entendus.

"Si [le président] se défile, je vous garantis qu'à partir de la semaine prochaine et d'ici au 6 mai [date du second tour de la présidentielle] Florange va être le cauchemar du gouvernement", a lancé M. Martin.

"Nous n'avons plus qu'une solution pour nous faire entendre et nous faire respecter : c'est la lutte!", a poursuivi un responsable de la CGT.

Les arguments de la direction

ArcelorMittal, qui a décidé récemment la fermeture définitive de hauts fourneaux à Liège (Belgique) et Madrid, assure qu'en Lorraine il ne s'agit que d'une mise en veille temporaire rendue nécessaire par une demande insuffisante.

Interrogé le 7 février sur le sort des hauts fourneaux P3 et P6, arrêtés au printemps et début octobre à Florange, Aditya Mittal, directeur financier du groupe, avait reconnu que les niveaux d'expéditions étaient "actuellement bien meilleurs qu'au 4e trimestre 2011".

"Mais nous sommes encore loin des volumes de 2006, 2007 ou 2008", avait-il ajouté, en rappelant que le groupe s'est fixé comme objectif d'améliorer en 2012 son excédent brut d'exploitation d'un milliard de dollars.

Les politiques montent au créneau

Invitée de Canal+, la candidate de Lutte ouvrière a commenté la décision votée par les salariés. "Ils ont raison de défendre leur peau", a dit Nathalie Arthaud, ajoutant que cette entreprise qui "fait la pluie et le beau temps sur le marché de l'acier" est "riche à milliards", elle "a de quoi maintenir Florange".

"Dans cette crise, il faut interdire les licenciements de la même façon qu'on interdit les coupures d'électricité ou les expulsions en plein hiver", a-t-elle lancé.

Même angle de tir pour le candidat du Front de gauche. "Si M. Sarkozy a quelque chose à dire au peuple, je lui suggère d'aller à Gandrange à qui il a beaucoup menti et à Florange (où) il a beaucoup promis sans rien tenir", a déclaré Jean-Luc Mélenchon, sur France Info.

"Le président Sarkozy, s'il veut parler au peuple, voilà de quoi il doit lui parler : boulot, salaire, santé, pas ces sornettes que je le vois tenir hier", a-t-il conclu.

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