Faut-il conserver le secret médical pour le président de la République ?
Faut-il opérer une transparence intégrale sur la santé du président et lever le secret médical ? Les candidats ont pris position dans le Quotidien du Médecin.
Le président de la République est-il un patient comme les autres ? En mai 2007, Nicolas Sarkozy prenait un engagement fort quant au secret médical qui entoure le chef de l'Etat. "Si je suis élu, je m'engage à publier un bulletin de santé dès mon entrée en fonction, au moins deux fois par an ensuite, et plus si l'évolution de mon état de santé devait le justifier."
Publié chaque année sur le site de l'Elysée, le bulletin de santé du président n'est tombé dans l'oubli qu'en 2008.
Surtout, cette promesse de transparence faisait échos aux précédents Pompidou et Mitterrand. Les Français n'avaient découvert le cancer du premier qu'à son décès en 1974 et avaient ignoré la maladie du premier président socialiste de la Ve République durant près de huit années.
"Le secret médical ne peut être absolu"
A l'approche du premier tour de l'élection présidentielle, le Quotidien du Médecin, relayé par le site Allodocteurs.fr, a ainsi interrogé onze candidats sur leur position vis-à-vis de la transparence et la publication du bulletin médical du chef de l'Etat ainsi que sur leur état de santé actuel. Seul Dominique de Villepin n'a pas communiqué ses réponses à la publication.
Si tous les candidats interpellés ont jugé, selon le Quotidien du Médecin, que "les procédures d'empêchement pour raison de santé sont satisfaisantes et ne nécessitent pas d'être réformées", leurs postures divergent.
Nicolas Sarkozy, François Hollande et François Bayrou consentent à la publication régulière de leur bulletin de santé. "Le secret médical ne peut être absolu", tempère le président-candidat alors que le socialiste fixe la limite à "son intimité".
Concentration des pouvoirs
Mais où se situe la frontière médicale entre vie privée et vie publique quand il s'agit de la magistrature suprême ? "La santé du président de la République devient un élément du débat public dès lors qu'il y a une pathologie particulièrement grave", développe Marine Le Pen. "En dehors de cette limite, les questions de santé relèvent de la vie quotidienne et de la vie privée".
Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon, quant à eux, déplacent le débat sur un autre terrain. Celui de la concentration du pouvoir au sommet de l'Etat. Le problème posé se situe au niveau de "la place prééminente et totalement excessive" du président, dixit la candidate EELV, tandis que le champion du Front de Gauche critique "la concentration des pouvoirs dans les mains d'un seul homme".
A voir, le documentaire de France 3 intitulé "La maladie du pouvoir" et qui revient sur ce sujet tabou qu'est la santé des présidents de la Ve République.
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