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Eric Woerth a présenté mardi après-midi, devant les députés, le projet de loi des retraites

"Cette réforme, c'est celle du courage et de la raison. C'est le rendez-vous des Français avec leur avenir" a déclaré le ministre du Travail, stoïque, à l'ouverture des débats.Plus tôt dans l'après-midi, lors de la session des questions d'actualité au gouvernement, l'atmosphère est pourtant montée d'un cran avec l'intervention des élus communistes.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
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Le ministre du Travail Eric Woerth lance le débat sur les retraites, à l'Assemblée, le 7 septembre 2010. (AFP - Jacques Demarthon)

"Cette réforme, c'est celle du courage et de la raison. C'est le rendez-vous des Français avec leur avenir" a déclaré le ministre du Travail, stoïque, à l'ouverture des débats.

Plus tôt dans l'après-midi, lors de la session des questions d'actualité au gouvernement, l'atmosphère est pourtant montée d'un cran avec l'intervention des élus communistes.

Les députés PCF sont descendus au bas de l'hémicycle, face aux bancs du gouvernement, pour apporter les signatures (plus de 120.000 selon eux) de leur pétition contre la réforme des retraites. Eric Woerth, François Fillon et les autres membres du gouvernement n'ont pas bougé.

Le président UMP de l'Assemblée, Bernard Accoyer, a alors immédiatement demandé une suspension de séance, pendant laquelle les huissiers ont repoussé les députés vers leurs places sous les cris de "Stalinens ! staliniens ! staliniens !", scandez par les députés de la majorité.

Profitant de l'incident pour faire entendre sa voix, le patron des députés UMP Jean-François Copé, a alors sollicité un "rappel à l'ordre" des députés PCF pour leur "comportement inqualifiable". Deux rangs plus bas, le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand, dont le "remplacement" est évoqué dans la presse, est resté imperturbable.

Le PS dénonce un débat tronqué

"Commission à huis clos, procédure d'urgence et maintenant temps programmé: 19h50 de temps de parole pour le groupe SRC ! Ridicule compte d'apothicaire, qui prétend enfermer dans un sablier un débat majeur pour le pays", dénonce la député PS Marisol Touraine dans sa motion de rejet préalable au projet de loi.

Depuis la réforme du Règlement de l"Assemblée nationale du 27 mai 2009, la conférence des Présidents de chaque Assemblée peut en effet décider d'une durée maximale pour l"examen de l"ensemble d"un texte, 60% du temps étant attribué aux groupes d"opposition puis réparti entre eux à proportion de leur effectif numérique. Le reste du temps est réparti de la même façon entre les groupes de la majorité et les non-inscrits.

Un débat "projet contre projet"

Sur le fond, les socialistes entendent lutter pied à pied. "Le débat doit nous permettre de montrer que le texte est injuste et inefficace d'un point de vue économique et nous permettre de développer nos propres propositions, de les mettre en scène" souligne Mme Touraine.

Outre la question du déficit, la réforme s'impose pour deux raisons: "la nécessité de renforcer la cohésion sociale de notre pays" et de "prendre en compte l'évolution de la société et du monde du travail".

Le projet socialiste peut être présenté en quatre axes, écrit encore Mme Touraine. D'abord l'horizon de la réforme doit être fixée à 2025 pour donner à la société des "repères stables, mais sans toucher au fonds de réserve des retraites mis en place pour faire face au déficit de la prochaine décennie.

A l'inverse de la majorité qui a inscrit la mise en oeuvre immédiate du fonds dans le projet de loi, le PS demande, non seulement que ce fonds soit préservé, mais qu'il soit abondé par une taxe exceptionnelle de 3 milliards d'euros par an sur les profits des établissements financiers.

Troisième axe, le partage des efforts entre "tous les salariés, du secteur public comme du secteur privé" sans oublier "les détenteurs de capitaux". Concrètement les socialistes proposent la majoration des prélèvements sociaux sur les bonus et stock options à 20%.

Concernant la prise en compte de la pénibilité, le PS défend, à l'inverse du projet de réforme, une approche collective. "Un salarié qui a été exposé pendant dix ans à un ou plusieurs facteurs de pénibilité bénéficiera d'une majoration de durée d'assurance d'au moins un an" écrit Mme Touraine qui n'exclut pas un allongement des cotisations au-delà des 41,5 ans prévu d'ci 2020, si l'effort engagé devait être poursuivi.

Enfin, quatrième axe, l'emploi. "Aucune réforme n'est durable sans une forte amélioration de l'emploi" souligne la député.

La majorité maintient le cap
Au premier jour des débats, et pour la énième fois, Eric Woerth a déroulé son argumentaire dans l'hémicycle, affirmant que "si nous ne faisons rien", le déficit des régimes des retraites atteindra "100 milliards en 2050".

"Notre responsabilité, c'est de dire aux Français qu'il faudra bien travailler plus longtemps si nous voulons assurer le financement des retraites de nos enfants", a poursuivi le ministre du Travail, relayant la parole du Premier ministre François Fillon, qui avait dans la matinée demandé aux députés UMP de tenir bon sur le relèvement de l'âge de départ à la retraite: 60 à 62 ans pour l'âge légal, 65 à 67 ans pour un départ sans décote.

M. Woerth a par ailleurs confirmé que le gouvernement allait "proposer de nouvelles avancées", sur la pénibilité, les carrières longues et les polypensionnés et réfléchir à des mesures pour réduire les disparités entre hommes et femmes.

Deux mois de discussion

Le gouvernement ayant engagé la procédure accélérée, il n'y aura qu'une seule lecture dans chaque Chambre.

Après les discussions à Assemblée, dont le vote est fixé au 15 septembre, le projet de loi devrait être examiné au Sénat à partir du 5 octobre, en vue d'une adoption définitivement avant la Toussaint.

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