Qatar : investissements massifs, diplomatie… Vers une nouvelle "lune de miel" entre Paris et Doha ?
Du beau monde et des gros sous. L’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, est en visite à Paris depuis mardi 27 février et jusqu'à mercredi soir. Le président Emmanuel Macron a annoncé avoir signé avec lui, un accord portant sur des engagements d'investissements qataris à hauteur de 10 milliards d'euros dans l'économie française à l'horizon 2030. "Nous avons signé un plan ambitieux d'investissements de 10 milliards d'euros", a annoncé le chef de l'Etat lors de l'échange de toasts avec son hôte, en ouverture du dîner donné en son honneur à l'Elysée.
Autour d'eux : l'ex-président Nicolas Sarkozy, ardent artisan du renforcement des liens avec le Qatar durant son mandat (2007-2012), qui était à la table d'honneur, entre l'épouse du chef de l'Etat, Brigitte Macron, et le président du club de foot parisien PSG, l'homme d'affaires qatari Nasser Al-Khelaïfi, membre du premier cercle de l'émir. A quelques pas : Kylian Mbappé, capitaine de l'équipe de France de football et attaquant vedette du PSG, ainsi que les PDG de LVMH Bernard Arnault et Xavier Niel, actionnaire principal du groupe français de télécoms Iliad.
La diversification des investissements
Pour sa première visite d’Etat en France depuis son accession au trône en 2013, l’émir Tamim n’est pas venu les mains vides : "Ces investissements iront renforcer les partenariats stratégiques entre nos deux pays", a précisé l'émir, glissant qu'ils interviendront dans des secteurs tels que la transition énergétique, les semi-conducteurs, l'aérospatial, l'intelligence artificielle, le numérique, la santé et les industries de la culture. Il faut dire qu’avec l’envolée des prix du gaz et du pétrole avec la guerre en Ukraine, les caisses de l’émirat sont pleines. De nombreux pays, et notamment la France, ont signé des contrats d’importation à long terme de GNL, le gaz naturel liquéfié.
Une nouvelle vague de prises de participation qui diversifie encore un peu plus les investissements du Qatar en France jusque-là concentrés dans des secteurs traditionnels comme l’hôtellerie avec le groupe ACCOR, l’énergie avec Total Energie, ou encore le BTP avec VINCI, sans parler du PSG acquis en 2011. Actuellement, le Qatar dispose d’un stock d’investissement dans l’Hexagone d’environ 25 milliards d’euros, ce qui fait de la France, le deuxième pays en Europe après la Grande-Bretagne où l’émirat investit le plus.
Relancer la relation bilatérale
Ce qui est certain c'est que cette visite d’Etat montre que les relations personnelles, parfois aigres douces, entre Emmanuel Macron et cheikh Tamim s’améliorent. Entre les deux hommes, il y a eu des différents sur l’islam politique et les Frères musulmans soutenus par Doha, des incompréhensions sur la proximité du président français avec Mohamed Ben Zayed, dit MBZ, le président des Émirats arabes unis, grand rival du Qatar.
Cette visite d’Etat permet de tourner la page pour relancer la relation bilatérale aussi bien au plan économique que diplomatique. L’émir Tamim est devenu un médiateur incontournable dans les négociations pour la libération des otages à Gaza et l’instauration d’un cessez-le-feu dans l’enclave palestinienne. Et ça, Emmanuel Macron l’a bien compris.
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