Législatives : dissidents qui rient, dissidents qui pleurent
Aux quatre coins de la France, des dizaines de candidats dissidents ont mené la bataille contre le candidat officiellement investi par leur parti. Avec des fortunes diverses. Tour d'horizon.
C'est l'heure des comptes. Après le premier tour des élections législatives, les dissidents en tous genres scrutent les résultats de leur circonscription. Certains ont réussi leur pari en devançant le candidat désigné par leur parti politique, avec une possible victoire au second tour. Pour d'autres, l'aventure a viré au fiasco, avec à la clé une élimination plus ou moins sévère. Tour d'horizon des dissidences les plus marquantes.
• Les bonnes pioches
Chacun dans leur style, Thierry Braillard à Lyon, René Dosière dans l'Aisne, Edith Gueugneau dans la Saône-et-Loire et Olivier Falorni à La Rochelle ont d'ores et déjà rempli leur objectif : se qualifier pour le second tour et mettre le PS dans l'embarras.
Dans la 1re circonscription du Rhône, c'est un succès pour Thierry Braillard, poulain du maire de Lyon, Gérard Collomb, au nez et à la barbe du Parti socialiste, qui soutenait l'écologiste Philippe Meirieu, hors jeu pour le second tour.
A l'instar de Philippe Meirieu, 13 écologistes investis par l'accord électoral PS-EELV ont mordu la poussière dimanche soir. Dans la Saône-et-Loire, pour succéder à Arnaud Montebourg, qui ne se représentait pas, le Parti socialiste avait investi Nicolas Guillemet. Mais en face de lui se dressait la dissidente PS Edith Gueugneau, avec la bénédiction du nouveau ministre du Redressement productif. Un soutien de poids qui a payé : c'est elle qui affrontera l'UMP Jean-Marc Nesme au second tour dans la 2e circonscription.
Autre dissidence couronnée de succès : celle du député sortant René Dosière, contre qui le PS avait investi un candidat officiel, Fawaz Karimet, dans la 1re circonscription de l'Aisne. Dosière est arrivé largement en tête, mais Karimet a décidé de se maintenir, contrairement aux consignes nationales du parti qui l'a investi...
La victoire n'est pas encore totale pour Olivier Falorni, candidat PS dissident qui pourrait s'offrir le scalp de Ségolène Royal, dimanche 17 juin. L'ancienne candidate à la présidentielle, investie officiellement par le PS sans passer par le vote des militants vire en tête à l'issue du premier tour dans la 1re circonscription de Charente-Maritime, mais la droite, éliminée, pourrait bien en profiter pour mettre un coup d'arrêt à sa carrière politique.
A droite, Thierry Solère s'est également attaqué à un gros morceau en la personne de l'ex-ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, à Boulogne-Billancourt. En retard de 3,5 points sur son rival, Thierry Solère n'a pas dit son dernier mot. Les 13% des électeurs qui se sont portés sur le FN ou des candidats divers droite joueront les arbitres dans cette 9e circonscription des Hauts-de-Seine.
• Les flops
Une proche de Guérini reléguée 4e. Au rayon des pétards mouillés, la dissidente PS Lisette Narducci, dans la 4e circonscription de Marseille, n'a pas fait trembler Patrick Mennucci. La maire du 2e secteur de Marseille, restée proche du sulfureux Jean-Noël Guérini, n'a terminé que quatrième, derrière l'UMP et le FN, qui affronte le candidat officiel du PS dimanche prochain.
Des sortants déjà sortis. Ils étaient députés sortants, mais pas réinvestis par leur parti. C'était le cas de Philippe Vuilque, dans la 2e circonscription des Ardennes, qui a malgré tout bravé l'interdit en se présentant contre le candidat officiel du PS, Christophe Léonard. Il a été éliminé dès le premier tour. Dans la 12e circonscription du Pas-de-Calais, c'est l'embarrassant Jean-Pierre Kucheida, mis en cause dans des affaires de financement occulte, qui avait bravé le choix du Parti socialiste. Lui non plus n'a pas dépassé le premier tour. Au second, le candidat socialiste officiel, Nicolas Bays, affrontera le FN.
Petits meurtres en famille. A droite, le député sortant de la 10e circonscription du Nord, Christian Vanneste, ne retrouvera pas non plus les bancs de l'Assemblée nationale. Embarqué dans un duel fratricide face à son dauphin, le jeune Gérald Darmanin, officiellement désigné par l'UMP, Vanneste paie sans doute ses prises de position contestées sur l'homosexualité. Il échoue à une peu glorieuse quatrième place, derrière le FN.
Les VIP de l'UMP n'ont pas suffi. A Paris, la dissidente UMP Brigitte Kuster était soutenue par des ténors comme Rachida Dati, Roselyne Bachelot ou encore Jean-Pierre Raffarin pour chiper la 4e circonscription à Bernard Debré. Peine perdue. Si elle s'est bien qualifiée pour le second tour, elle est arrivée très loin derrière son rival. Brigitte Kuster a donc décidé de jeter l'éponge, laissant Bernard Debré seul en lice pour le scrutin du 17 juin.
La plus dévastatrice. La palme de la dissidence la plus ratée revient enfin au socialiste Michel Fuillet, dans la 2e circonscription du Vaucluse. Arrivé quatrième, il est éliminé. Double peine : avec ses 15,17%, il empêche le candidat EELV soutenu par le PS, Jacques Olivier (19,59%), d'accéder au second tour. Résultat : les candidats de l'UMP et du FN s'affronteront en duel dimanche. Les électeurs de gauche apprécieront.
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