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Claude Guéant incarcéré : "Il y a une véritable humiliation ressentie", explique son avocat

L'ex-ministre de l'Intérieur doit encore 115 000 euros à l'État après sa condamnation en 2017. 

Article rédigé par franceinfo
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Philippe Bouchez El Ghozi, avocat de Claude Guéant, le 23 février 2016. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

"Il y a une véritable humiliation ressentie", a déclaré sur franceinfo Maître Philippe Bouchez El Ghozi, l'avocat de Claude Guéant, après l'incarcération de son client lundi 13 décembre à la prison de la Santé. Cette incarcération fait suite à une décision de la cour d'appel de Paris début novembre qui a révoqué une partie de son sursis et de sa liberté conditionnelle. Elle estimait qu'il ne réalisait pas les versements nécessaires pour payer l'amende qu'il s'était vu infliger dans le cadre de sa condamnation en 2017 dans l'affaire des primes en liquide du ministère de l'Intérieur. "Il a le sentiment d'être traité d'une manière extrêmement sévère", a expliqué son avocat, qui s'est aussi inquiété de l'état de santé de son client bientôt âgé de 77 ans, "incompatible avec une incarcération."

franceinfo : Claude Guéant n'a vraiment pas les moyens de payer ce qu'il doit à l'État ?

Philippe Bouchez El Ghozi : Il lui reste à payer une somme de 115 000 euros. Il paie depuis deux ans 3 000 euros par mois qui sont saisis sur ses retraites, d'un montant de 5 500 euros. Il lui reste à peu près 1 600 euros pour vivre et on a révoqué son sursis et sa liberté conditionnelle considérant qu'il aurait dû payer plus. Le problème, c'est que pour payer plus, il faut avoir plus. Il n'a pas plus. Aujourd'hui, il n'a plus les 3 000 euros saisis chaque mois au profit du Trésor Public. La justice a examiné la situation, il a y eu une enquête patrimoniale pour voir si effectivement il n'y avait pas de comptes en banque cachés avec de l'argent caché, mais on n'a rien trouvé car il n'y avait rien. Et malgré ça, il y a eu cette décision de novembre.

Pourquoi la justice estime-t-elle alors qu'il peut payer plus ?

Claude Guéant avait des difficultés financières. À un moment, il a vendu deux ou trois biens mobiliers, et il a voulu aider ses enfants qui l'avaient aidé auparavant, et notamment l'un d'entre eux qui était en très grande difficulté financière. La justice a reproché qu'il ait affecté un paiement au profit de ses enfants et non pas au profit de l'État. Cela a été une des raisons qui a justifié cette révocation.

Vous attendez un aménagement de peine ?

C'est ce que je vais demander. Je vais surtout attendre de voir ce que vont décider les médecins de la maison d'arrêt puisque les médecins qui suivent Claude Guéant, qui aura 77 ans en janvier, ont attesté que son état de santé ne permettait pas une détention. Soit ils considèrent que la détention n'est pas compatible avec son état de santé, soit ils estiment que la détention est compatible avec un certain nombre de précautions, et dans ce cas-là, je vais effectivement saisir le juge d'application des peines pour demander un aménagement de peine à domicile. Et puis je sais qu'autour de lui, beaucoup de personnes essaient de se mobiliser pour essayer de lui prêter de l'argent et faire en sorte que l'État puisse être remboursé. Le plus vite sera le mieux, car je suis très inquiet pour sa situation physique.

Claude Guéant s'était-il préparé à cette incarcération ? Se sent-il humilié ?

Quand on a eu les fonctions qu'il a eues, quand on a été un grand commis de l'État, il n'y a pas d'autre mot effectivement, il y a une humiliation ressentie. Il s'y était préparé, il était parfaitement conscient des dangers. Mais quand vous n'avez pas l'argent pour payer, vous êtes obligé d'expliquer votre situation et il avait espéré être entendu par la justice. Elle en a décidé autrement. Donc il a aussi le sentiment d'être traité de manière extrêmement sévère sur cette situation.

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