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Alain Juppé : vingt propositions pour mettre la barre à droite

"Pour un Etat fort", c'est le titre du livre-programme d'Alain Juppé qui sort le 6 janvier. Le maire Les Républicains de Bordeaux dévoile les grandes lignes de ses principales propositions dans le Journal du Dimanche. Certaines devraient faire réagir comme la mise sous condition du droit du sol pour les enfants nés en France.
Article rédigé par Louise Bodet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Dans son dernier livre, Alain Juppé donne un net coup de barre à droite © REUTERS)

Alain Juppé "ne vit pas au pays des bisounours", rappelle-t-il dans le Journal du dimanche. Ses vingt propositions pour un Etat fort ont le mérite d'être claires : fermeté à tous les étages avec 10.000 places de prison supplémentaires, le rétablissement des peines plancher, les conditions du regroupement familial durcies, le placement en rétention possible pour les familles -donc les enfants-, la révision de l'aide médicale d'Etat -qui permet, dit-il, "des abus scandaleux"-, la création d'un "délit d'entrave à la laïcité dans les services publics" et l'acquisition de la nationalité française aux enfants nés en France conditionnée à la régularité du séjour d'au moins un des deux parents au moment de la naissance -dans le même temps, il se dit attaché au droit du sol-. Enfin, il propose de renégocier les accords de Schengen pour mieux défendre les frontières extérieures de l'Europe. Sur ce point, Alain Juppé s'aligne carrément sur Nicolas Sarkozy, c'est une première.

Coup de barre à droite...

On l'aurait presque oublié ces derniers temps : Alain Juppé est un homme de droite. Il tient visiblement à le rappeler tant on le dit centro-compatible. Par ailleurs très respectueux de l'unité nationale post-attentats, Alain Juppé s'est gardé jusqu'ici de toute surenchère droitière, et a ménagé le gouvernement. C'est terminé. Il s'en prend directement à François Hollande, à son "laxisme budgétaire", la "faiblesse" de sa politique pénale, le "désastre absolu" des déboutés du droit d’asile qui restent en France. Et le "coup politique" du président, cette déchéance de nationalité à l’efficacité "nulle", un acte de mauvais gouvernement qui ouvre la voie à une dangereuse surenchère.

... mais toujours contre la déchéance de nationalité

De ce côté-là, Alain Juppé n'est pas du tout "droitier". Un de ses amis affirme d'ailleurs lui avoir conseillé de faire le contraire, car en se démarquant de cette déchéance -très appréciée à droite et dans l'opinion en général-, Alain Juppé risque d'alimenter le procès en laxisme qui lui est fait. Alors il en remet une couche sur les valeurs, les "racines chrétiennes" de la France, ses "villages" avec ses "églises" et ses "calvaires". "Nier ces racines, c’est renier ce que nous sommes", dit-il. Tout en prônant une laïcité "de bon sens", qui n’impose pas le porc dans les cantines et accepte un foulard à l’université, au même titre que les crèches dans les mairies.

Le discours se veut équilibré. D'ailleurs ses propositions en matière de sécurité, aussi fermes soient-elles, ne sont pas l'alpha et l'omega de son programme, souligne son entourage. Son premier livre était consacré à l'éducation. Le 7 mai suivra un opus sur l'économie, puis un récapitulatif du tout en septembre.

Evidemment, en ligne de mire, il y a la primaire de la droite et du centre, fin novembre. Peut-être une première étape vers l'Elysée. Pour l'heure, les sondages lui accordent une confortable avance, alors Aalin Juppé sème ses petits cailloux. "Coucou, Juppé vous rappelle qu'il est de droite, résume un proche. D'une droite ferme, mais ouverte et généreuse". C'est sa définition d’un "patriotisme moderne" : "l’identité heureuse".

 

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