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Écoutes : comment Sarkozy utilisait ses "amis" pour contrer "ces bâtards" de juges

S'appuyant sur sept écoutes judiciaires, le site Mediapart évoque un "complot" de l'ancien président pour "neutraliser les juges qui enquêtent sur lui".

Article rédigé par franceinfo
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Nicolas Sarkozy, le 10 mars 2014, lors de l'inauguration de l'Institut Claude Pompidou, à Nice (Alpes-Maritime). (BRUNO BEBERT/SIPA)

Nouvelles fuites dans l'affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy. Le site Mediapart révèle, mardi 18 mars, le contenu de sept interceptions judiciaires effectuées, entre le 28 janvier et le 11 février, sur la ligne téléphonique "secrète" de l'ancien président, sous le nom d'emprunt de Paul Bismuth. Les propos de Nicolas Sarkozy révèlent, selon Mediapart, la mise en place d'"un cabinet noir pour neutraliser les juges qui enquêtent sur lui".

Dans leurs discussions, l'ex-chef de l'Etat et son avocat Thierry Herzog citent, à plusieurs reprises, un "correspondant" et des "amis", qui les tiennent informés de l'évolution de procédures judiciaires en cours. Parmi eux, le magistrat de la Cour de cassation Gilbert Azibert, qui surveille le dossier des agendas de Nicolas Sarkozy saisis par les juges de Bordeaux.

Francetv info explique en quoi ces nouveaux extraits complètent les premières révélations du Monde, publiées le 6 mars. 

Sur le rôle présumé de Gilbert Azibert 

Gilbert Azibert a "bossé", assure Thierry Herzog à Nicolas Sarkozy. Le "boulot" présumé de ce haut magistrat auprès de l'avocat ? Renseigner sur les différents dossiers judiciaires en cours qui concernent l'ancien chef d'Etat en échange d'un appui en faveur de sa nomination au Conseil d'Etat de Monaco.

Thierry Herzog évoque ici des informations obtenues grâce à "Gilbert" sur l'avis confidentiel du rapporteur et fait état d'un déjeuner qu'a partagé le magistrat avec l'avocat général à la Cour de cassation.

Pour faire la lumière sur ces accusations, une enquête pour trafic d'influence a été ouverte le 26 février 2014. Elle est à l'origine de perquisitions menées début mars aux domiciles et dans les bureaux de Thierry Herzog et de Gilbert Azibert, lequel n'a par ailleurs pas obtenu le poste de prestige qu'il convoitait.

Sur une éventuelle volonté d'influencer la justice 

Les interceptions contiennent également quelques perles sur le rapport qu'entretient le camp Sarkozy avec la justice. Par exemple, Thierry Herzog se dit confiant sur le sort des agendas de l'ancien président, saisis par les juges en charges de l'affaire Bettencourt... "sauf si le droit finit par l'emporter".

Il ajoute qu'une annulation de la saisie des agendas donnerait "du boulot à ces bâtards [de juges] de Bordeaux". Finalement, cette annulation demandée par Nicolas Sarkozy n'a pas eu lieu.

Les policiers chargés des interceptions ont aussi surpris, le 1er février, un dialogue entre Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog visant à organiser une fausse discussion sur la ligne principale de l'ancien président. Nicolas Sarkozy se savait écouté sur cette ligne et souhaitait donner aux policiers "l'impression d'avoir une conversation" normale sur la Cour de cassation avec son avocat. Des précautions vaines, puisque la deuxième ligne était, elle aussi, sur écoute.

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