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Un comptable qui dit avoir livré des millions en cash à Dassault décrit la manœuvre

"Libération" et France Inter ont eu accès aux procés-verbaux de son audition, effectuée dans le cadre de l'enquête sur des soupçons d'achat de voix à Corbeil-Essonnes, fief de l'avionneur. Gérard Limat explique le processus mais dit ne pas savoir à quoi ont servi les fonds. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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L'ancien maire de Corbeil-Essonnes (Essonne), Serge Dassault, le 28 novembre 2010, dans les rues de la ville. (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

Il dit avoir remis 53 millions d'euros à Serge Dassault. Le comptable suisse de l'homme d'affaires, entendu début octobre par les juges enquêtant sur les soupçons d'achat de voix à Corbeil-Essonnes (Essonne), leur a décrit ces remises d'argent entre 1995 et 2002, révèlent lundi 17 novembre Libération et France Inter.

Francetv info revient sur les éléments clés de ce dispositif de transfert de fonds.

Le dispositif reposait sur une société genevoise

Le quotidien et la station de radio dévoilent le procès-verbal d'audition dans lequel Gérard Limat décrit le dispositif mis en place par l'industriel et homme politique, sénateur et ancien maire de Corbeil-Essonnes. Il reposait sur une société financière genevoise, Cofinor, une chambre de compensation dont la spécialité était, selon une description faite il y a quelques mois auprès de l'AFP par un enquêteur, d'envoyer "où vous voulez dans le monde votre argent que vous lui remettez en Suisse".

Des fonds issus de fondations basées au Lichtenstein

Le liquide que Gérard Limat dit avoir apporté à Serge Dassault, à Paris, était initialement puisé sur des comptes au Liechtenstein, au Luxembourg ou en Suisse, avant d'arriver sur les comptes genevois de Cofinor. Les fonds appartenaient à deux fondations aujourd'hui dissoutes, Pégase et Balzane, qui étaient à l'époque "sous le contrôle" de l'avocat suisse de Serge Dassault, selon le comptable.

L'argent était récupéré sur les Champs-Elysées

"Cofinor me donne un rendez-vous pas trop loin de l'Arc de Triomphe", le livreur "me remet un sachet en plastique 'passe-partout' (Carrefour, Dior, Fnac, etc.), lequel contient l'argent en numéraire entouré de papier journal. Ce n'était que des liasses de billets de 100 euros", raconte-t-il.

"Je ne voyais jamais l'argent puisque j'allais directement au rond-point" des Champs-Elysée, siège du groupe Dassault. "Je montais dans le bureau de Serge Dassault, je posais le sac dans un coin de son bureau et immédiatement, on parlait d'autre chose", a raconté Gérard Limat aux enquêteurs.

Le comptable dit ignorer à quoi ont servi les fonds

"Je n'ai jamais posé de questions [sur l'utilisation des sommes], et Serge Dassault ne m'en a jamais rien dit", a-t-il encore précisé. L'industriel "me disait qu'il avait besoin de me voir, je comprenais qu'il avait besoin d'argent liquide", poursuit Gérard Limat, qui n'établit aucun lien avec l'achat présumé de voix à Corbeil-Essonnes entre 2008 et 2012. Dans cette affaire, Serge Dassault a été mis en examen en avril pour "achat de votes", "complicité de financement illicite de campagne électorale" et "financement de campagne électorale en dépassement du plafond autorisé". 

Serge Dassault a réaffirmé, mardi, par la voix de son avocat, cité par Le Parisien, qu'il n'avait "réaffirme qu'il n'a jamais procédé à aucun achat de vote" et que "les allégations (de Gérard Limet) sont infondées".

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