Retour de Jérôme Cahuzac : "Moralement, il restera celui qui a menti", souligne François Hollande
Jérôme Cahuzac, l'ancien ministre du Budget de François Hollande, "a purgé sa peine" et donc "il peut retrouver ses fonctions de citoyen", mais "moralement, il restera celui qui a menti devant la représentation nationale, qui a menti à sa famille politique, qui m'a menti, qui a menti à tout le pays", souligne l'ancien président de la République, François Hollande, sur franceinfo lundi 27 novembre.
Jérôme Cahuzac a été condamné il y a cinq ans pour fraude fiscale à de la prison ferme, à cinq ans d'inéligibilité et à 300 000 euros d'amende pour fraude fiscale. L'ancien ministre et député du Lot-et-Garonne fait son grand retour dans les médias et dans l'arène politique, dix ans après les révélations de Mediapart sur un compte caché à l'étranger. Il avait dans un premier temps démenti "les yeux dans les yeux" cette information.
"Alors il s'en exonère en disant que finalement tout le monde ment", commente lundi 27 novembre François Hollande après que Jérôme Cahuzac l'a accusé sur France Inter ce lundi d'avoir menti aux Français sur "le retournement de la courbe du chômage". "Il l'annonce en 2013 en sachant que ce n'est pas vrai, en 2014 en sachant que ce n'est pas possible, et ce jusqu'à la fin de son mandat. En vain toujours, puisque c'est au début du mandat d'Emmanuel Macron que cette courbe du chômage s'est inversée. D'ailleurs, en partie grâce aux mesures que François Hollande a pu décider. Il savait que ça prendrait ce temps-là", a déclaré l'ancien ministre délégué au Budget sur France Inter.
Une confusion qui "abîme la politique"
"J'ai dit que je voulais inverser la courbe du chômage et puisque ce n'est pas arrivé à temps, j'aurais donc menti", raille l'ancien chef de l'État sur franceinfo. Car selon lui, son ancien ministre "confond ce qui est un objectif politique, une promesse qui mérite d'être tenue toujours, avec un mensonge pour un fait privé, c'est-à-dire d'avoir un compte à l'étranger", argumente François Hollande. Or, ajoute-t-il, "cette confusion abîme la vie politique".
Jérôme Cahuzac a organisé en fin de semaine dernière une réunion publique à Monsempron-Libos, dans son ancienne circonscription du Lot-et-Garonne. L'ancien élu a également arpenté les marchés. Interrogé sur un éventuel retour en politique, l'ancien député socialiste répond : "Faire de la politique, c'est la conquête du pouvoir et c'est l'action publique. L'action publique ne peut s'exercer qu'avec une légitimité, c'est-à-dire avec un mandat. Il est clair que je ne m'interdis rien".
Sur ce point, François Hollande le renvoie à nouveau à "sa morale personnelle", car rien ne l'empêche légalement de se présenter à une élection. "C'est aux Français qui seront concernés de juger", estime-t-il. "Je pense que ce n'est pas indécent de vouloir exister après avoir été condamné. Ça s'appelle la rédemption, j'imagine", poursuit l'ancien président de la République, avec un brin d'ironie. "Ce ne sera pas la première fois qu'un condamné se présente à des élections. Quelquefois, il peut être élu. Est-ce que c'est le signe de la vitalité de la démocratie ? Je ne crois pas", tranche François Hollande.
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