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Affaire Karachi : Nicolas Sarkozy aurait validé un circuit de commissions, selon Libération

Un ex-haut fonctionnaire a confirmé en décembre au juge chargé de l'affaire Karachi que Nicolas Sarkozy a validé la création d'une société luxembourgeoise servant à payer des intermédiaires dans des contrats d'armement, selon Libération du 2 janvier.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Selon l'Elysée, Nicolas Sarkozy est "totalement étranger" à l'affaire Karachi. (AFP - Charles Platiau)

Un ex-haut fonctionnaire a confirmé en décembre au juge chargé de l'affaire Karachi que Nicolas Sarkozy a validé la création d'une société luxembourgeoise servant à payer des intermédiaires dans des contrats d'armement, selon Libération du 2 janvier.

Le changement d'année n'a pas bouleversé le climat. Les affaires occupent de nouveau la Une de la presse en ce début 2012, notamment celle du quotidien Libération.

Selon le journal qui s'appuie sur un procès-verbal d'audition du 2 décembre, devant le juge Renaud Van Ruymbeke, de Gérard-Philippe Menayas, ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense, et ex-directeur administratif et financier de la DCNI, branche internationale de la Direction des constructions navales, Nicolas Sarkozy, aurait validé la création de la société Heine servant à rétribuer des intermédiaires dans des contrats d'armement dont ceux de la vente des sous-marins Agosta au Pakistan.

Dans le volet financier de l'affaire Karachi, attentat du 8 mai 2002 qui a fait 15 morts, dont 11 Français employés de la DCN, les juges tentent de savoir si des rétrocommissions ont pu financer la campagne présidentielle de 1995 d'Edouard Balladur.

Une confirmation plus qu'une révélation

Interrogé sur la création en 1994, au Luxembourg, de cette société offshore, M. Menayas aurait déclaré : "Il est clair que le ministère du Budget a nécessairement donné son accord pour la création de Heine (...) Vu l'importance du sujet, cette décision ne pouvait être prise qu'au niveau du cabinet du ministre", selon le procès-verbal cité par Libération. A cette époque, le ministre du Budget était Nicolas Sarkozy.

Un rapport de la police luxembourgeoise de janvier 2010 a déjà mis au jour le fait que l'ancien locataire de Bercy avait donné son accord à la création de Heine. Un document chronologique, non daté ni signé, saisi par la police à la DCN, évoque les circonstances de la naissance de cette société mentionnant l'aval de Nicolas Bazire, directeur du cabinet du Premier ministre de l'époque Edouard Balladur, et de Nicolas Sarkozy.

L'aval des ministres du Budget et de la Défense

Interrogé sur la chaîne de décision par le magistrat, M. Menayas aurait également confirmé le double accord des deux cabinets du ministre du Budget et celui de la Défense, à l'époque François Léotard. "Je n'imagine pas qu'une telle décision ait pu être prise sans l'aval du cabinet du ministre", répond l'ancien cadre de la DCNI, faute de quoi, "je n'aurais jamais obtenu (...) l'accord de la direction générale des impôts (...) pour payer des commissions via Heine".

L'Elysée dément

En septembre dernier, l'Elysée avait affirmé que le chef de l'Etat n'avait "jamais exercé la moindre responsabilité dans le financement de cette campagne" Balladur, dont il était le porte-parole.

M. Sarkozy est "totalement étranger" à cette affaire, "d'autant plus qu'à l'époque où il était ministre du Budget, il avait manifesté son hostilité à ce contrat comme cela apparaît dans les pièces de la procédure", avait précisé la présidence.

Manuel Valls demande au Président de s'expliquer

Invité des 4 Vérités sur France 2, le député socialiste Manuel Valls a souligné la gravité de l'affaire et réitéré ses demandes d'explications.

"C'est une affaire d'État extrêmement grave. Il y a un besoin criant de vérité. Il est temps que le Président s'explique", a insisté le porte parole du candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande.

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