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A un mois et demi des régionales, les partis tentent de régler les derniers problèmes avant de déposer les listes

Tant à droite qu'à gauche, les partis politiques tentent de régler les conflits qui peuvent éclater ici ou là à propos des alliances locales ou nationales.Petit tour d'horizon des derniers réglages, des derniers conflits ou polémiques, de droite à gauche.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 9 min
Qui siègera dans ce conseil régional. Réponse en mars

Tant à droite qu'à gauche, les partis politiques tentent de régler les conflits qui peuvent éclater ici ou là à propos des alliances locales ou nationales.

Petit tour d'horizon des derniers réglages, des derniers conflits ou polémiques, de droite à gauche.

Dans la majorité
Le 24 novembre, l'UMP avait annoncé avoir conclu un accord électoral avec ses partenaires de la majorité présidentielle, le Nouveau centre et le MPF, pour présenter des listes uniques dans tous les départements et régions de France, dès le premier tour des élections régionales.

Fort de cet accord, il n'y a pas de crise majeure dans la majorité. Pourtant, on entend ici et là quelques grincements. Ainsi, Jean-Marie Bockel, président (ex-PS) de La Gauche Moderne petite formation alliée à l'UMP, demande à être "respecté" par le parti majoritaire et réclame une douzaine de places éligibles pour son parti aux élections régionales. "Je ne menacerai pas non plus de constituer des listes autonomes, comme le Nouveau Centre. Mais je demande à être respecté ». Il souligne que Philippe de Villiers (MPF) "représente l'aile droite de la majorité". "Puisque nous représentons l'aile gauche, ce serait raisonnable et équilibré que nous obtenions une douzaine de places éligibles".

Le Nouveau centre, allié électoral de l'UMP, a lui tapé du poing sur la table en menaçant son partenaire de reprendre son autonomie dans certaines régions si les engagements sur sa représentativité dans les listes communes n'étaient pas respectés. « Je demande à chacun de réfléchir à deux fois avant de prendre des positions à la veille de ce rendez-vous électoral », a immédiatement réagi, François Fillon, le premier ministre. La polémique entre l"UMP et le NC porte sur le nombre de postes éligibles dans plusieurs régions. Certains désaccords, en Alsace, notamment, seule région métropolitaine avec la Corse tenue par la droite, pourraient, s"ils se concrétisaient, avoir des répercussions importantes.

Toujours dans la majorité (mais est-ce encore dans la majorité ?) Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, a fustigé les "impostures" de l'UMP, du PS et des Verts et appelé à "créer l'évenement" aux élections régionales de mars en défendant un projet "concret, immédiat" et "moins coûteux". Qualifiant les Verts de "soixante-huitards attardés, totalitaires et libertaires", il a aussi attaqué "l'imposture de l'UMP et son projet du Grand Paris "qui se résume à une société d'économie mixte qui réalisera un nouveau métro et organisera à son profit la spéculation immobilière autour des gares". Debout La République a concentré ses forces sur l'Ile-de-France pour ce scrutin.

Au centre

Dernier épisode malheureux pour le Modem: le président du groupe Union centriste du Sénat, Nicolas About, a annoncé lundi qu'il quitte le Modem, accusé d'être "enfermé dans une posture d'opposition systématique", et qu'il rejoint Valérie Pécresse, tête de liste UMP pour les régionales en Ile-de-France. Cette défection dans les rangs du Mouvement démocrate intervient au lendemain du lancement par son président François Bayrou de la campagne pour les régionales...

Les listes Modem, présentées par François Bayrou, comportent peu de noms connus, à l"exception de l"ancien vert Yann Wehrling (Alsace) et Azouz Begag (ancien ministre de la Promotion de l'égalité des chances du gouvernement de Dominique de Villepin).

A gauche

L"ex-socialiste Georges Frêche (DVG), président du conseil régional Languedoc-Roussillon et chef de file de la liste "Tous pour le Languedoc-Roussillon" pour les élections régionales, s'est posé en rassembleur de la gauche locale, en lançant sa campagne à Montpellier. "Evidemment ce n'est pas parfait, mais c'est sûrement dans notre région qu'il y a le rassemblement le plus important: socialistes, communistes, radicaux de gauche, MRC, des non-inscrits, les chasseurs et des écologistes", a ironisé l'élu lors de l'inauguration de sa permanence de campagne, devant environ 500 militants et sympathisants. Il faut dire que sa candidature a été au centre d'une vaste polémique après certains de ces propos.

Fort de sa position locale, l'exclu du PS a obtenu de son ex-parti qu"il ne se présente pas contre lui. Donc pas de liste étiquetée parti socialiste dans cette région, une position qui a eu un peu de mal à passer chez certains militants de la rue Solférino. Il faut dire que l"homme contrôle bien sa région. Il a été plebiscité par la fédération PS et a sur sa liste l"ex-ministre PC Jean-Claude Gayssot. "Ils sont sympas, au PS, mais il y a beaucoup de faux-cul. Si je perds, ce sera moi qui perdrai, si je gagne, ce sera le PS qui gagnera", a pu ainsi dire Frêche.

Un rassemblement que l'homme fort de la région depuis 2004 espère élargir au deuxième tour "à l'ensemble de la gauche" et même au-delà.

Si en Languedoc Roussillon, le PS a échappé de peu aux divisions, Ségolène Royal, en Poitou-Charentes, réussit, elle, à capitaliser sur son nom et à semer la division dans les autres partis. Corinne Cap, conseillère régionale des Verts, a ainsi annoncé qu'elle figurerait sur la liste de Ségolène Royal, portant à trois le nombre de Verts ayant rejoint la présidente PS de cette région. "J'avais décidé de quitter la liste Europe Ecologie, car je considère qu'on se trompe de cible, on passe son temps à taper sur Ségolène Royal", a dit Corinne Cap, militante des Verts depuis 1992. "On travaille avec elle depuis six ans, on a fait un travail énorme, d'autant plus qu'elle nous laisse les coudées franches, et on lui tape dessus pour aller la rejoindre ensuite au second tour? Qu'est ce que les citoyens vont y comprendre? Tout ça a fait que j'ai dit basta ! Ségolène est plus verte que bon nombre de gens, y compris à Europe Ecologie!", a-t-elle estimé".

Même chose avec le Modem qui a perdu cinq de ses membres qui ont rejoint la liste PS menée par Ségolène Royal. Ce sera "un coup d'épée dans l'eau puisque, comme dans toutes les régions, il y aura une liste MoDem en Poitou-Charentes", a réagi François Bayrou. "Les adhérents de Charente-Maritime qui se sont prononcés à une écrasante majorité, pour que les centristes de Poitou-Charentes rejoignent dès le premier tour les listes de la majorité sortante sont des gens sérieux et responsables ", a expliqué le responsable local du Modem. Un accord qui ne fait pas l"unanimité au PS, même s"il a été avalisé par Martine Aubry. "C'est un calcul, on verra ce qui se passe le soir du premier tour et le soir du second", a affirmé Pierre Moscovici. Encore faut-il qu"il y ait un second tour dans la région, car en multipliant les alliances (Ségolène Royal a aussi des syndicalistes issus des entreprises en lutte dans sa région sur sa liste) l"ancienne candidate à la présidentielle pourrait créer l"événement si elle était la seule élue à être élue dès le premier tour…

Chez les écologistes

Cécile Duflot
, tête de liste d'Europe-Ecologie (EE) en Ile-de-France, a assure que le rassemblement écologiste voulait "gagner des présidences de région". "Bien sûr qu'on est candidat pour gagner des présidences de région", a affirmé la secrétaire nationale des Verts après le meeting de lancement de campagne où les ténors du mouvement semblaient se positionner derrière le PS.

"Si on avait voulu être dans une logique où on voulait absolument des présidences pour des présidences, sans doute qu'on serait entré en négociation avec le PS mais ce n'est pas notre objectif", a-t-elle fait valoir, se disant "très sereine, très calme et très posée". Prudente, elle se donne du temps : "Notre objectif est de construire une alternative politique et cette alternative c'est l'écologie, c'est quelque chose qui prend du temps", soulignant qu'Europe-Ecologie est "dans une démarche de construction" et "pense le moyen terme politiquement".

Le petit parti « Alliance écologiste indépendante (AEI) » tentent de résister à la toute puissance d"Europe-Ecologie, rassemblement principalement formé par les Verts. L"AEI (symbolisé par Antoine Waechter) se présentera de façon autonome dans "une dizaine de régions" et ferait alliance en Nord-Pas-de-Calais et Alsace avec Europe-Ecologie dont elle revendique pourtant l'appellation. Des accords avec le MoDem, notamment en Franche-Comté et Auvergne, ont été conclus.

A la gauche de la gauche

Dans cette famille politique, les choses ne sont pas forcement plus claires qu"ailleurs. Olivier Besancenot a indiqué qu"il conduirait la liste NPA en Ile-de-France. "J'ai décidé de mouiller ma chemise car l'Ile-de-France est la région la plus riche de France mais paradoxalement c'est là que les inégalités sociales sont les plus fortes", fait valoir le leader du NPA qui propose notamment la "gratuité des transports collectifs dans la région".

En Ile-de-France, le NPA devra faire avec des listes LO mais aussi avec le Front de Gauche (fusion du Parti de gauche de Melenchon et du PC). Affrontement logique, puisque Front de Gauche et NPA n"avaient pas réussi à se mettre d"accord pour faire listes communes. Pourtant, dans plusieurs régions, il y aura des listes Front de gauche-NPA : Languedoc-Roussillon, Pays-de-la-Loire ou Limousin.

L'attelage formé par le Parti communiste, le Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon et des petites formations comme Gauche unitaire et Les Alternatifs présente des listes d'union à géométrie variable. On a vu que dans certaines régions, il a fait alliance avec le NPA.

Si le PCF et le PG feront liste commune dans 17 régions, dans cinq autres les communistes ont choisi de partir dès le premier tour avec le Parti socialiste. Du coup, les amis de Jean-Luc Mélenchon ont eu les mains libres pour négocier avec le NPA, lui-même divisé et se prononçant au "cas par cas" sur des alliances. "Dans quatre ou cinq régions, nous devrions avoir un accord avec le Parti de gauche, Poitou-Charentes étant encore en discussion", selon Alain Krivine, l'un des responsables du NPA.

Pour compliquer un peu plus le paysage de la gauche, Lutte ouvrière a choisi de faire cavalier seul. "Nous sommes le seul parti révolutionnaire et utilisons le scrutin pour dénoncer la politique du gouvernement et du patronat", a expliqué sa porte-parole Nathalie Arthaud. "Nous sommes le dernier parti révolutionnaire, le seul qui considère le communisme comme l'avenir de l'humanité", a-t-elle expliqué.

Front National

Le président du FN Jean-Marie Le Pen, tête de liste pour les régionales en Provence-Alpes Côte d'Azur, mise sur une "quadrangulaire" réunissant l'UMP, le PS, le FN et les Verts au deuxième tour. "Je crois que la nouvelle présence des Verts peut entraîner une quadrangulaire et dans une quadrangulaire je pense que nous avons nos chances", a affirmé le leader du FN qui espère voir son parti reprendre des couleurs à l"occasion de ces élections. "Mme Vichnievsky (tête de liste Europe-Ecologie en Paca), qui est magistrate, a déclaré qu'elle ne se résoudrait pas à se désister en faveur de la liste socialiste s'il était prouvé que cette liste comportasse des gens qui seraient en quelque sorte soupçonnés de corruption", a-t-il dit pour expliquer son hypothèse de quadrangulaire. La position de Mme Vichnievsky a été immédiatement relativisé par Europe-Ecologie qui a rappelé : "Il est hors de question de partir en quadrangulaire ». Autre région où le Front-National espère peser sur le scrutin, le Nord-Pas-de-Calais, où Marine Le Pen avait fait un bon score lors des précédents scrutins.

L"importance des scores du Front National n"échappe pas aux observateurs qui rappellent que la présence du FN au second tour peut peser fortement sur les résultats dans plusieurs régions.

(voir aussi notre précédent article sur: " (oct.2009)".

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