A Marseille, François Hollande place la République au centre de sa politique pour les banlieues
En déplacement à Marseille mercredi 14 mars, François Hollande s'est adressé aux quartiers populaires avec en toile de fond, la peur d'un nouveau "21 avril" qui avait vu l'élimination du candidat du PS, Lionel Jospin, dès le premier tour en 2002.
Marseille, envoyé spécial - Trois jours après le meeting de Nicolas Sarkozy à Villepinte, François Hollande a répliqué par "un grand rassemblement" à Marseille, la deuxième ville de France.
Devant près de 8000 supporteurs aucunement abattus par des derniers sondages moins favorables, et vingt-quatre heures après la qualification de l'OM pour les quarts de finale de la Ligue des champions de football, le candidat socialiste et Aurélie Filippetti n'ont pas hésité à invoquer le club fétiche de la cité phocéenne pour galvaniser la salle comble du Dôme.
"Pas facile d'avoir 20 ans sous Nicolas Sarkozy"
Après avoir rencontré en début d'après-midi près du Vieux-Port des représentants des entreprises Fralib, Lyondell Basell, Net cacao et Société nationale corse méditerranée (SNCM) puis déposé une gerbe de fleurs devant le plus vieux mémorial français dédié au génocide arménien, François Hollande a tenu un discours axé sur les quartiers populaires et la sécurité.
Dans ce discours qui se voulait rassembleur car il "s'adresse à tous les citoyens, sans discrimination, sans hiérarchie", François Hollande a expliqué vouloir "ouvrir des horizons" aux banlieues qui ne sont "pas un fardeau, mais une chance pour notre pays".
"Ca ne doit être facile d'avoir vingt ans sous Nicolas Sarkozy", avait lancé en première partie du meeting Marie-Arlette Carlotti, maitresse de cérémonie avec Aurélie Filippetti, chargé du pôle culture de l'équipe de campagne du député de Corrèze alors que Marseille sera capitale européenne de la Culture en 2013.
"Dans ces quartiers où sont concentrés tous les problèmes, la République sera de retour après le mois de mai", a ensuite scandé François Hollande devant un parterre de people (Gérald Dahan, Pape Diouf, Christophe Malavoy et plusieurs acteurs de la série marseillaise Plus belle la vie) et de ténors socialistes (Michel Vauzelle, Manuel Valls, Elisabeth Guigou, Jean-Marc Ayrault…).
François Hollande et le "candidat-sortant"
Face à Nicolas Sarkozy, "le candidat-sortant" comme il l'appelle et dont il ne prononce jamais le nom, François Hollande a ainsi commencé à développer son projet en faveur des quartiers populaires. Et notamment la création de 150 000 emplois jeunes "exclusivement pour les quartiers" ainsi que celle d'une Banque publique d'investissement. Un organisme qui aurait "une filiale dédiée aux quartiers pour y développer l'entreprise".
"Je ferai en sorte que dans tous les marchés publics dans ces quartiers, il y ait une clause d'insertion qui permette aux entreprises (...) d'embaucher les jeunes qui y vivent", a-t-il aussi proposé ironisant sur le fait qu'il ne ferait pas "un plan Marshall" des banlieues. "Il faut une politique publique amplifiée dans ces quartiers."
Sous les cris enthousiastes de "François président" ou "on va gagner", le favori actuel des sondages (au second tour) a également insisté sur la sécurité. Car, selon lui, Marseille était le lieu idéal pour cela. "Le pouvoir a cru s'en sortir en démissionnant les préfets, a-t-il tancé en rappelant les chiffres de l'insécurité de la cité phocéenne. Combien de visites du ministre de l'Intérieur ?"
Apologie du vote utile
"Cette ville symbolise l'échec de Nicolas Sarkozy sur la lutte contre la délinquance", appuie Delphine Batho sans qu'il ne soit fait la moindre allusion à Jean-Noël Guérini dans l'ensemble des interventions.
En toile de fond de la soirée cependant, la peur d'un nouveau "21 avril", traumatisme bien présent dans les discours. D'où l'invocation, voire l'apologie, au vote utile. Un effet d'autant plus prononcé que pour la première fois, certains sondages placent Nicolas Sarkozy en tête au premier tour.
"Cela nous rappelle qu'il faut nous mobiliser dès le premier tour", a concédé Delphine Batho, la porte-parole de François Hollande. "N'oubliez pas que plus nous serons fort au premier tour, plus nous aurons la possibilité d'entreprendre le redressement de la France", a déclaré le patron des députés socialistes, Jean-Marc-Ayrault, en préambule. Même le spot vidéo diffusé sur l'écran géant de la salle avant l'arrivée du candidat remémorait le "traumatisme" que fut pour le député de Corrèze l'échec de Lionel Jospin en 2002.
"Nous devons éviter plusieurs risques, a-t-il rappelé, solennel. Celui de la confiance excessive, les sondages n'indiquent que des intentions. Celui de l'abstention et de la tentation des extrêmes. C'est au premier tour que nous devons donner au changement la capacité de vaincre". Et de conclure, pour remobiliser les troupes, d'un incantatoire : "Ensemble, écrivons le livre de la République".
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