Cinéma : « Camille » un film de Boris Lojkine en salles le 16 octobre
Jeune photojournaliste éprise d’idéal, Camille part en Centrafrique couvrir la guerre civile qui se prépare. Très vite, elle se passionne pour ce pays et sa jeunesse emportée par la tourmente. Désormais, son destin se jouera là-bas.
Extrait d’entretien avec Boris Lojkine*
Camille et la Centrafrique
Le 12 mai 2014, Camille Lepage accompagnait un groupe de miliciens anti-balaka sur lesquels elle réalisait un reportage photo. Ils circulaient en moto. Ils sont tombés dans une embuscade dressée par un groupe opposé, les Séléka. Camille a été tuée sur le coup. Elle avait 26 ans. La carrière de photographe de Camille Lepage n'aura pas été longue : quelques semaines au Caire, en plein printemps arabe, puis un an au Sud Soudan, pendant lequel elle travaille pour l'AFP avant de devenir indépendante et finalement, la Centrafrique où elle a passé un peu moins de huit mois.
Raconter Camille
Boris : Je ne connaissais pas Camille Lepage. Comme la plupart des gens, j’ai découvert son existence lorsqu’elle est morte. Je me souviens avoir été frappé en découvrant sa photo dans le journal : son visage rieur, ses grosses joues de bébé. Il y avait un contraste saisissant entre ce visage juvénile et les horreurs qui se déroulaient alors dans le pays. D’emblée je me suis senti attiré. Pas par le fait divers mais par elle, Camille, par tout ce que je devinais d’elle. C’est une fille qui a dû partir au bout du monde pour se trouver. Une fille qui s’intéressait à des populations lointaines, comme moi. Elle était partie faire du photojournalisme, mais elle ne voulait pas être comme ces photographes de guerre qui zappent d’un conflit à l’autre et ne passent dans un pays que le strict minimum de temps pour en rapporter des photos choc. Elle voulait vivre proche des locaux, loin des hôtels internationaux et des belles villas d’expatriés. Pour tout cela, je me sens incroyablement proche d’elle.
La fiction et la réalité
Boris : Pour écrire le scénario de Camille, j’ai fait un long travail d’enquête. J’ai rencontré tous ses proches, sa famille bien sûr, ses amis, mais aussi tous ceux qui l’ont côtoyée dans le travail. Je suis allé à Perpignan assister à des lectures de portfolio. J’ai fait de longues interviews. J’ai lu. Et bien sûr je suis allé en Centrafrique. La peur de trahir Camille m’a souvent obsédé. On ne peut pas s’emparer de la vie d’une personne récemment décédée et en faire n’importe quoi. J’ai essayé de trouver ce qui m’apparaissait comme sa vérité. Mais je me suis souvent demandé ce que Camille penserait du film, si elle s’y reconnaîtrait, si elle l’approuverait.
Nina Meurisse
Boris : Qui d’autre aurait pu jouer Camille ? Il y a d’abord cette incroyable ressemblance physique entre Nina et Camille, qui m’a frappé tout de suite et qui a troublé jusqu’à la famille Lepage. Nina porte en elle ce mélange de naïveté et de détermination qui est pour moi la définition du personnage. D’un côté elle a ce grand sourire lumineux, ce visage aux pommettes hautes, cette joie enfantine. De l’autre, elle dégage une grande force morale, une véritable intériorité, une profondeur.
Tourner en Centre Afrique
Boris : Il m’a toujours semblé évident qu’il fallait tourner ce film en République centrafricaine, là où l’histoire s’était déroulée. Tourner ailleurs, alors que Camille avait donné sa vie pour la Centrafrique m’aurait semblé un non-sens.
*entretien issu du dossier de presse
Un film de Boris Lojkine avec Nina Meurisse, Fiacre Bindala, Bruno Todeschini et Grégoire Colin, Augustin Legrand, Michael Zumstein, Ousnabee Zounoua.
Plus d’informations sur le site de Pyramide Distribution
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