Paris : le quotidien des familles Roms
Il y a quelques semaines, une circulaire d'un commissariat de Paris visait "à évincer les familles roms" à Saint-Germain-des-Prés. Quelle est la situation dans ces quartiers chics de la capitale ? Une de nos équipes s'est installée rue de Rivoli.
Elle joue au milieu des passants juste à côté de la route. Une petite fille rom, c'est ici qu'elle passe toute la journée avec sa famille, sur un trottoir dans un quartier chic de la capitale.
Il y en a beaucoup, c'est le quotidien. Et hélas, on est habitués maintenant.
Pour eux, c'est le paradis ici. Pour eux il y a tout ici, comparé à leur pays où il n'y a rien.
Ils sont quand même dans la rue sur un matelas.
Oui, mais écoutez, là-bas, ils font pareil.
Si les gens trouvaient ça intolérable, ça n'existerait pas. Et moi avec ! Ça veut dire qu'on l'accepte.
Si nous sommes ici, c'est qu'en Roumanie, nous n'avions ni travail ni maison. C'est le premier soir que nous passons ici. Avant nous dormions aux Champs-Elysées ou porte de Clichy.
La petite fille a quatre ans, le bébé un an et la mère de 24 ans est enceinte. En faisant la manche, le père assure gagner quoi qu'il arrive plus qu'en Roumanie. Nous restons avec la famille. En une heure trois personnes donnent quelques pièces. Au total, quatre euros. Ce sont surtout les enfants qui se retournent. D'autres préfèrent offrir de la nourriture. Ce touriste brésilien ou cette jeune femme.
Est-ce que c'est la présence des enfants qui vous poussent à donner.
Dans cette situation oui.
Vous ne vous dites pas qu'ils sont utilisés parleurs parents pour attirer les dons.
Je ne sais pas mais si les parents les prennent pour avoir plus, ils sont tout de même réellement dans le besoin.
Si vous n'aviez pas les enfants, est-ce que les gens donneraient.
Non, les passants voient les enfants et ensuite donnent un peu d'argent.
Mais pour les enfants, cette vie dans la rue, sans hygiène, parfois sans eau potable a de lourdes conséquences sur leur santé.
Ça se traduit par ou des infections respiratoires qui peuvent être gravissimes ou des infections digestives telles que des diarrhées comme on n'en voit pas habituellement dans notre pays.
Pour toutes ces raisons, mendier dans la rue avec des enfants de moins de six ans est illégal. Selon la loi, il s'agit d'une privation de soins, en théorie punie de sept ans de prison mais dans les faits, il n'y a quasiment jamais de poursuites.
Avez-vous l'impression d'imposer un mauvais traitement a vos enfants en les maintenant dans la rue comme ça.
Que voulez-vous que je fasse ? Si j'avais un logement, je ne serais pas ici dans la rue. J'aimerais avoir un travail, un endroit où vivre mais la situation étant ce qu'elle est, je n'ai pas d'autres choix que de vivre dans la rue. La police vient nous voir souvent, parfois ils nous emmènent au commissariat puis nous relâchent et nous revenons.
En arrivant en France il y a cinq mois, la famille assure avoir été hébergée quelque temps par le Samu social. La petite fille aurait même été scolarisée.
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