Olivier Poivre d'Arvor : témoignage sur la stérilité masculine
Un témoignage sur un tabou, celui de la stérilité masculine. Un homme se raconte : il s'agit du diplomate et écrivain Olivier Poivre d'Arvor. Dans un livre qui sort ces jours-ci, il évoque sa découverte a 50 ans de sa stérilité et le chemin qui l'a mené à l'adoption.
Il fut de ces hommes qui offrent aux femmes de l'amour libre. Du désir, du plaisir, sans contraintes. Aucune envie d'un enfant, la parternité viendrait.
Cela me paraissait toujours possible plus tard. Les hommes ont le sentiment de ne pas avoir de limite biologique.
Sauf qu'un jour, à 50 ans, une question surgit, insistante.
Pourquoi je n'ai pas d'enfant, pourquoi ayant connu tant de femmes, tant de belles relations d'amour, pourquoi ça ne m'était pas arrivé.
Pour en avoir le coeur net, il a passé des spermogrammes qui analysent la qualité et la quantité des spermatozoïdes. 2 ans d'analyses pour avoir des certitudes sur ces précieuses cellules reproductrices.
Un jour, vous recevez une enveloppe, il y en a plus du tout. Ça s'appelle l'azoospermie, là le problème est réglé. Devant mon miroir, "je suis stérile, je suis stérile, je suis stérile".
Pourquoi c'est douloureux.
C'est une infirmité, vous êtes différent, vous faites partie de ceux qui ne se reproduiront pas.
A cet instant là, il ne se résigne pas à être stérile.
Vous devenez un peu zinzin, j'étais arrivé à proposer à des proches de faire des enfants, à mon frère de m'en faire un.
Son frère, Patrick Poivre d'Arvor, l'ancien présentateur vedette, face au désespoir d'Olivier, va adhérer a une idée folle.
Je lui ai fait la proposition d'avoir une histoire rapide avec une amie a moi qui avait envie d'avoir un enfant. Il a senti que c'était une vraie douleur, il a accepte.
Dès le lendemain, le projet parait insensé, il renonce. La stérilité sera t-elle une fatalité ? Non, il deviendra père. Lors d'un voyage en Afrique, il va rencontrer une petite fille orpheline. Sa mère est morte du sida, il n'y a pas de père, l'enfant habite chez des oncles.
Je la rencontre à Lome dans la cour d'une maison, elle a 7 ans, elle est pleine de poussière, un t-shirt sale. La première chose qu'elle me dit : "Bonjour papa" en me prenant la main. Ça me fait pleurer.
Il faudra près de 3 ans pour faire aboutir l'adoption. Aujourd'hui, Faïza a 11 ans. En devenant père, il dit qu'il a perdu un peu de sa liberté. Mais qu'il a gagné en partage et en générosité.
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