Musée du Louvre : droit d'entrée pour les copistes
Et des centaines de séquoias millénaires ont déjà perdu la vie.
Picasso, Manet, Van Gogh, ou encore Cézanne, tous avant d'être des peintres reconnus, ont été des copistes. Pour se faire la main ou par passion, ils ne sont aujourd'hui qu'une poignée à être autorisés à reproduire les chefs-d'oeuvre exposés au musée du Louvre.
Ils sont entre 150 et 200 chaque année à être autorisés à peindre d'après les maîtres au Louvre. Concentrés, dans le flux des 30.000 visiteurs quotidiens, ils ont le droit de copier un chef-d'oeuvre en 3 mois. Les copistes sont étudiants, amateurs ou autodidactes. La moitié d'entre eux vient de l'étranger. James King est un des élus. Peintre britannique, il hante le Louvre depuis des années. Il copie une étude de mains de l'Argilière de 1715. Les mains, ce qu'il y a de plus difficile à peindre. Pour lui, le Louvre.
C'est un privilège, c'est fantastique. Une manière d'être en contact avec mes grands frères du passé. Je fais celui-là pour ma formation, ça m'a tellement inspiré que je voulais l'actualiser. Nous avons les mains de la Joconde, le portrait de Rembrandt. Ici, la jeune fille d'Ingres.
Depuis sa transformation en musée après la Révolution, le Palais du Louvre accueille les peintres. Comme sur cette toile de 1796 où les copistes sont à l'oeuvre. C'est la vocation pédagogique du musée.
Le Louvre conserve toujours 90 chevalets qu'il met a la disposition d'artistes, d'élèves, d'amateurs qui viennent du monde entier pour s'exercer à la copie. Les autres grands musées du monde disposent au plus de 5 chevalets.
Jean-Charles Bureau est étudiant aux Beaux arts. C'est sa première copie.
Voilà votre carte de copiste. Si on débute aujourd'hui : 3 mois.
Isabelle Vieilleville s'assure que les dimensions du chassis diffèrent d'environ 20 % de celles de l'original.
Le but est qu'il n'y ait pas de confusion entre l'original et la copie. Nous garantissons la qualité, la copie d'après les maîtres sera faite dans les règles de l'art. Jean-Charles, souvenez-vous, le chevalet doit être à minimum 1 mètre de l'original.
Jean-Charles n'a pas froid aux yeux. L'oeuvre qu'il a choisi en 200 heures de travail est complexe.
En copiant, on a la matière en face de nous, ce n'est pas qu'une image. Je suis en train de peindre la matière, les vernis.
Certains comme Rahima Ouali ajoutent a l'intimidation devant un chef-d'oeuvre d'Ingres, le bain de foule de la Grande galerie.
Ça doit pas être facile avec le monde qui passe et qui observe.
Qu'est-ce que j'aimerais être à sa place.
C'est la première fois qu'on voit ça, c'est beau.
Rahima, historienne de l'art et peintre autodidacte, essaie de s'abstraire de la foule.
Même s'ils passent rapidement, c'est une énergie très forte. La moindre variation dans l'esprit émotionnel, ça influe sur la main.
Comme pour Picasso qui copiait Cézanne, qui avait copié Rubens, qui avait copié le Titien, c'est plus de 220 ans de traditions qui se perpétuent.
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